Temps arméniens : retour sur une mémoire

Posté le par dans Coup de coeur

Reportage, texte, photos et vidéo de Jean-François Cullafroz,

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Avec l'exposition photographique Temps arméniens, Stéphane Boudoyan donne un petit aperçu de 40 voyages sur la terre anatolienne de sa famille (© Pierre Nouvelle).

Avec l’exposition photographique Temps arméniens, Stéphane Boudoyan donne un petit aperçu de 40 voyages sur la terre anatolienne de sa famille (© Pierre Nouvelle).

 

Mariam, Garabed et Peniamim, sa grand-mère, son père et son oncle ont fui le génocide que les Arméniens et les Assyro-Chaldéens-Syriaques ont subi de la part du gouvernement turc il y a cent ans. Un de leur descendant, Stéphane Boudoyan est revenu sur leurs traces et a mis ses pas dans ceux de peuples victimes du premier génocide européen du 20e siècle. A Vaulx-en-Velin (Rhône), l’exposition Temps arméniens donne un aperçu de ce travail mémoriel très personnel.

Originaires d’Izmir, ils étaient les seuls rescapés d’une famille de dix enfants. Comme plus d’un million d’autres personnes massacrées, violées, vendues comme esclaves par les autorités turques et leurs supplétifs kurdes. Comme des centaines de milliers d’autres chrétiens, assyro-chaldéens-syriaques de ce qui était alors l’empire ottoman.

Le génocide des Arméniens et Assyro-Chaldéens-Syriaques : le premier en Europe (© Pierre Nouvelle).

Le génocide des Arméniens et Assyro-Chaldéens-Syriaques : le premier en Europe. Une exposition du mémorial de la Shoah à Paris (© Pierre Nouvelle).

Ils sont arrivés à Marseille, et s’y sont installés comme la famille d’Henri Verneuil ou de Robert Guédiguian, ou sont remontés la vallée du Rhône et ont posé leurs valises à Valence, Vienne, Lyon, Pont-de-Chéruy, Décines… où ils on trouvé du travail et se sont petit à petit intégrés dans la communauté française, tout en conservant avec vivacité leur culture et leur religion.D’autres ont rejoint la région parisienne, tel Charles Aznavour.

Arrivé à la retraite son père a pris pour la première fois la route pour la Turquie. Il a retrouvé son village, au cœur de l’Anatolie, et sa maison avec beaucoup d’émotion. Dans sa foulée, Stéphane, son fils, a amis ses pas dans les siens pour découvrir ces lieux de mémoire. Ceux de sa mémoire familiale et de celle de son peuple.

Revenir sur les pas de ses ancêtres, rencontrer ceux qui aujourd'hui vivent sur cette terre : Arméniens, Turcs, Kurdes... (© Pierre Nouvelle)

Revenir sur les pas de ses ancêtres, rencontrer ceux qui aujourd’hui vivent sur cette terre : Arméniens, Turcs, Kurdes… (© Pierre Nouvelle)

En 40 clichés, l’ex professeur de gym, ancien premier adjoint de Villeurbanne (Rhône)  donne un petit aperçu de ses périples en terre anatolienne. C’est l’objet de l’exposition Temps arméniens que donne à voir la municipalité de Vaulx-en-Velin, seconde commune d’élection de Stéphane Boudoyan.

Mardi 14 avril, peu avant le vernissage de ce remarquable travail artistique élaboré à partir de milliers de photographies, il a livré un aperçu de sa démarche. Des propos recueillis par Jean-François Cullafroz

Le travail sur la mémoire de sa famille et de son peuple s’est transmis. Sa fille Katia, après neuf années passées à Damas et au Caire a soutenu à l’Université Lyon2 un doctorat sur la question arménienne. Elle dirige aujourd’hui le Centre national de la mémoire arménienne à Décines (Rhône), lieu de mémoire, de documentation, d’information et de formation qui œuvre beaucoup avec le monde scolaire, et participe à de nombreuses manifestations culturelles, telle l’exposition photographique de Rajak Ohanian à la Fondation Bullukian à Lyon.

L’exposition Temps arméniens entre dans le programme de la commémoration du centenaire du génocide arménien à Vaulx-en-Velin. Présentement, le Centre culturel Charlie Chaplin accueille cinq expositions qui tourne autour du génocide, parmi lesquelles la mémoire photographique de Stéphane Boudoyan. Une mémoire appelée à s’amplifier puisque cet été, il repartira pour la 41e fois sur la terre de ses aîeux.

 

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