SDF et loi travail El Khomri

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Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272

« La jeunesse est en première ligne ce mercredi 9 mars pour dire « non » au projet actuel de loi Travail », affirme le site de la Fédération syndicale unitaire, opposée à la loi El Khomri. Si les jeunes ont raison de se préoccuper de leur avenir, il y a à l’autre bout de la vie professionnelle, le cas de ces personnes de plus de 50 ans, victimes d’accidents de la vie, qu’ils soient professionnels ou familiaux, et qui après avoir été salariés, se retrouvent un beau jour à la rue. témoignages de deux SDF rencontrés dans les rues de Lyon en ces premiers jours du printemps 2016.

Rue Victor Hugo à Lyon, un ancien salarié malade devenu SDF, deux chiens et deux jeunes filles prises de pitié (© Pierre Nouvelle).

Rue Victor Hugo à Lyon, un ancien salarié malade devenu SDF, deux chiens et deux jeunes filles prises de pitié (© Pierre Nouvelle).

Patrick Garcia vit dans les rues de Lyon depuis trois ans. Cet ancien technicien dans la logistique a perdu son emploi suite à un accident de travail. Il ne peut plus manipuler des objets lourds. Et pourtant, il a une expertise professionnelle de plus d’un quart de siècle, avec y compris la conduite des véhicules dans les dépôts lieux de stockage de marchandises.

Victime d’un accident de travail
Après avoir navigué jusqu’à Marseille, ce Lorrain a pris racine à Lyon. Durant cet hiver 2015-2016 à la météo contrastée, il a vécu sous les arcades du théâtre des Célestins, et y a dormi, une fois les spectacles terminés. Difficile pour lui de bénéficier d’une nuit en foyer, car il a deux attachants canidés, dont une toute jeune bête de quatre mois. Il attend avec impatience l’ouverture à Vénissieux d’un abri pour SDF avec un chenil attenant.

En ce second jour de mars 2016, alors que les giboulées tombaient dru, je l’ai rencontré sur un banc de la rue Victor Hugo, artère piétonne très commerçante de la presqu’île lyonnaise. Nous avons bu ensemble un café et il a accepté de déflorer un peu de son quotidien.

De Hambourg au quartier de la Part-Dieu

J’ai rencontré Bobo Johann Kruger au coin de la rue Mazenod et de la rue Garibaldi. Il était là, en train de faire la manche, assis avec ses pancartes qui demandaient aux passants de réagir contre la misère.
Car la misère, ce pourrait être pour eux demain, si comme lui ils sont victimes d’un accident de la vie. Né à Hambourg au nord de l’Allemagne, il y a 65 ans, Bobo Johann Kruger a accompli un long parcours dans la Légion française, jusqu’au jour où il a été blessé dans un pays d’Afrique, après vingt ans de bons et loyaux services de la France.

"De l'usine à la rue, le passage est parfois rapide", souligne Johann Bobo Kruger (© Pierre Nouvelle).

« De l’usine à la rue, le passage est parfois rapide », souligne Johann Bobo Kruger (© Pierre Nouvelle).

Au sortir de l’armée française, il avait toutes les sortes de permis et a mis à profit cette expérience. Il a alors fait carrière dans le transport et a créé sa propre boîte, jusqu’au jour où dans le cadre d’un divorce, il s’est retrouvé à la rue, il y a un an et demi.
C’est ainsi qu’il se trouve depuis dix-huit mois au seuil de la Guillotière, au carrefour de deux rues de ce quartier administratif et commerçant de la Part-Dieu,à quelques centaines de mètres de la gare. Les habitants du quartier le connaissent bien et l’estiment, et un restaurateur voisin lui assure la protection et le couvert à midi. Le soir, c’est une chambre proposée par les Petits Frères des pauvres qui l’accueille.

Une marche contre la misère

Pour cet homme volontaire, pas question de baisser les bras. A 100 mètres de la Bourse du travail, ses pancartes le proclament : c’est ensemble qu’il faut se lever contre la misère. Il prépare d’ailleurs avec d’autres SDF la création d’une association des gens de la rue. Il a déjà l’expérience de l’action collective avec la marche contre la misère menée il y a quelques années en direction du Parlement européen. Il raconte.

Au delà de la pièce glissée au hasard des rencontres, et de la conversation échangée, on peut aussi aider les associations sui se mobilisent pour les personnes sans domiciles fixes. C’est le cas, par exemple du Foyer Notre-Dame des sans-abri, des Petits Frères des pauvres et de bien d’autres…

La solidarité avec les plus pauvres, dont les personnes sans domicile fixe peut être vécue toute l'année (© Pierre Nouvelle).

La solidarité avec les plus pauvres, dont les personnes sans domicile fixe peut être vécue toute l’année (© Pierre Nouvelle).

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