Réforme des retraites (2) : la balle dans le camp des députés

Posté le par dans Coup de coeur

Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)

Une semaine après l’intervention de la CFDT-Retraités Givors-Condrieu sur la façade de la permanence du député Jean-Luc Fugit, ce parlementaire a reçu les syndicalistes pour un échange d'heure vendredi 17 janvier 2020 ( © Pierre Nouvelle ).

Une semaine après l’intervention de la CFDT-Retraités Givors-Condrieu sur la façade de la permanence du député Jean-Luc Fugit, ce parlementaire a reçu les syndicalistes pour un échange d’heure vendredi 17 janvier 2020 ( © Pierre Nouvelle ).

Alors que les grèves et manifestations se poursuivent nationalement à l’initiative de l’intersyndicale CGT, CFE-CGC, CNT, FO, FSU, SolidairesUNL et Unef, l’heure est aussi à la négociation. Négociation secteur par secteur, mais aussi nationalement avec l’ouverture de la Conférence de financement des retraites que la CFDT a proposée. Qu’ils soient dans la rue ou en réunion, la vigilance des syndicalistes reste de mise, relayant ainsi une inquiétude de la population qui persiste dans une forte proportion. Échos du terrain dans le département du Rhône, entre défilés et rencontres avec les députés.

vendredi 10 janvier au petit matin, des militant.e.s CFDt sont allés poser es affiches sur la porte du député LREM de Givors ( © Pierre Nouvelle )

Vendredi 10 janvier au petit matin, des militant.e.s CFDt sont allés poser es affiches sur la porte du député LREM de Givors ( © Pierre Nouvelle )

Le lendemain, samedi 11 janvier, à l’initiative de l’Intersyndicale CGT-FSU-FO-Solidaires-CFE-CGC et organisations de jeunesse UNL-Unef, salarié.e.s, retraité.e.s et chômeurs étaient à nouveau dans la rue en grand nombre. A Lyon, par exemple, le nombre de manifestants dépassaient les 10 000 personnes.

Nous avons retrouvé Alain, un retraité, Gilet jaune de la première heure, qui portait un drapeau tricolore. Il nous rappelé son inquiétude et son mécontentement.

Au soir de cette manifestation, le Premier ministre écrivait aux syndicats. La CFDT, attachée à la réforme des retraites par points, demandait à ses militant.e.s de ne pas baisser la garde et de rencontrer le plus possible de parlementaires.

Sur le secteur de la 11e circonscription du Rhône, Jean-Luc Fugit, agacé par le collage sur sa permanence, a pris les devants. Ainsi, vendredi 17 janvier, une délégation de cinq personnes était reçu pendant plus d’une heure. Elle était accompagné de la secrétaire générale adjointe de l’Union territoriale CFDT Lyon-Rhône.

L'a^ge pivot reste toujours un point de vigilance pour les militant.e.s CFDT ( © Pierre Nouvelle ).

L’a^ge pivot reste toujours un point de vigilance pour les militant.e.s CFDT ( © Pierre Nouvelle ).

Un événement à marquer d’une pierre blanche, tant cette occasion est rare. En effet, lors des réunions publiques qu’il développe, c’est plus aux individualités que le parlementaire s’adresse qu’aux représentants des corps intermédiaires comme les syndicats.

Retraités et interpro à l’unisson

En présence de la presse invitée par le député, la délégation a d’abord exposé l’inquiétude, la souffrance voire la désespérance de la population, des sentiments engendrés notamment par la méthode brouillonne, contradictoire, cacophonique et méprisante développée par les membres du gouvernement et même par le président de la République. Les délégué.e.s ont beaucoup insisté sur les risques pour la démocratie de ne pas écouter les représentants des travailleurs, et sur la légitimité du mouvement social sous ses différentes formes.

Sur la base d’un dossier remis au député, une grande partie de la rencontre a été consacrée au fond des revendications de la CFDT, en se félicitant d’emblée du retrait provisoire de l’âge pivot. satisfaction qui n’empêche pas la vigilance. “Nous ne baisserons pas la garde”, a dit une participante.

Dans le cadre de la concertation qui s’est ouverte, une insistance particulière a été portée sur la pénibilité, la compensation des salaires des fonctionnaires dans la phase transitoire, la mise en place effective d’une retraite progressive, et bien évidemment le minimum des pensions qui ne doit pas être inférieur au Smic. Katia Beau, secrétaire générale adjoint de l’UTI Lyon-Rhône a souligné que le minimum de 1 000 € pour une carrière complète prévu par la réforme est inacceptable car très en dessous du seuil de pauvreté reconnu internationalement.

Ces mêmes revendications et propositions ont été faites à une quinzaine de députés de la majorité présidentielle par l’Union régionale CFDT Auvergne-Rhône-Alpes, lors d’une rencontre lundi 20 janvier

Des rencontres régulières et vigilantes

Le député Jean-Luc Fugit s’est dit sensible aux arguments de la CFDT (organisation dont il était membre lorsqu’il était professeur d’université) et s’est engagé à les soutenir quand le projet de loi viendrait en séance plénière. Il aura une attention particulière à la situation des femmes.

Il a d’ailleurs rappelé qu’en septembre 2018, avec 41 autres parlementaires de LREM, il avait écrit au Premier ministre pour demander le retrait de la hausse de CSG pour les retraités. De plus, avec une trentaine de députés, il a récemment rencontré le secrétaire d’État chargé de la réforme pour dire qu’ils seraient exigeants vis-à-vis du gouvernement.

A partir d'avril, des rencontres régulières syndicat-député pourraient se mettre en place ( © Pierre Nouvelle ).

A partir d’avril, des rencontres régulières syndicat-député pourraient se mettre en place ( © Pierre Nouvelle ).

Pour poursuivre le dialogue entamé et souhaité de part et d’autre, il a été convenu d’un rendez-vous trimestriel, le premier devrait se situer en avril.

Le député a remercié la CFDT pour cette rencontre malgré son irritation première sur l’action syndicale qui l’a déclenchée. Il a assuré que c’était important pour lui d’entendre, comme il le fait par ailleurs, les expressions de la population que portait la CFDT.

 

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