Procès Barbarin (2) : libérer la parole et faire la lumière

Posté le par dans Autant en emporte le vin

Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272

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La presse nationale était unanime lors de l’ouverture du procès Barbarin, au delà de la personne, c’est l’Église catholique qui est mise en cause (© Pierre Nouvelle).

Ce mardi 8 janvier 2019 s’ouvre la seconde journée du procès dans lequel le cardinal Philippe Barbarin et six autres responsables ecclésiaux sont prévenus de non-dénonciation d’actes pédophiles reconnus par le Père Bernard Preynat. Dix victimes du Père Bernard Preynat et l’association La Parole libérée, attendent que des actes d’abus sexuels sur des personnes mineures soient systématiquement dénoncés à la justice, que ce soit dans l’Église catholique comme toute dans la société.

Le procès de sep responsables du dioc-se de l’Église catholique de Lyon a débuté le jour-même du 4e anniversaire de l'attentat contre Charlie Hebdo (© Pierre Nouvelle).

Le procès de sept responsables du diocèse de l’Église catholique de Lyon a débuté le jour-même du 4e anniversaire de l’attentat contre Charlie Hebdo (© Pierre Nouvelle).

Après avoir franchi les rangs des reporteurs-photographes, ils sont là : six représentants de l’Église catholique de Lyon.

Au premier rang, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, et derrière lui dans le prétoire, son ex-auxiliaire Thierry Brac-de-la-Perrière, aujourd’hui évêque de Nevers, Maurice Gardès archevêque d’Auch, Pierre Durieux, ex-directeur de cabinet du cardinal, Régine Maire, chargée de la cellule d’écoute des victimes de prêtres au sein du diocèse lyonnais, et le vicaire épiscopal Xavier Grillon, qui fut le supérieur hiérarchique direct du Père Preynat.

Le grand absent est le cardinal Luis Ladaria Ferrer, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican, qui a objecté son statut diplomatique pour ne pas comparaître.

La presse écrite, audiovisuelle et numérique était largement présente pour couvrir ce procès hors-norme pour l’Église catholique (© Pierre Nouvelle).

La presse écrite, audiovisuelle et numérique était largement présente pour couvrir ce procès hors-norme pour l’Église catholique (© Pierre Nouvelle).

Hasard du calendrier, ce procès jamais connu jusque là en France, s’est ouvert le jour-même du quatrième anniversaire de l’attentat contre notre confrère Charlie Hebdo, et au lendemain de l’acte VIII des Gilets jaunes, samedi et dimanche pour les manifestations des femmes.

Entre volonté de faire s’éteindre la tradition philosophique des Lumières, comme le rappelle le numéro spécial de Charlie Hebdo daté du 5 janvier, et impérieux besoin d’expression d’impératifs de justice sociale, on est en plein dans le sujet du procès de responsables religieux.

Pour faire pièce à la langue de buis

Les dix victimes du Père Preynat, elles aussi au premier rang du prétoire, sont satisfaites. Avec l’instance qu’ils ont introduite, après avoir été récusés par le Parquet de Lyon il y a trois ans, après le report obtenu par les prévenus, la tenue de ce procès et l’action de longue haleine pour faire obstacle à la langue de buis, ils ont obtenu ce qu’ils cherchaient : libérer la parole et faire la lumière.

Manifestement, les choses ont bougé dans l’Église catholique et dans la société française. C’est ce qu’exprimait hier François Devaux, un des porte-parole de l’association La Parole libérée, au premier jour du procès.

Sentiment analogue pour Pierre-Emmanuel Germain-Thill qui espère que la pédophilie sera réprimée comme il le faut.

Le second jour du procès se déroulera ce mardi 8 janvier avec l’audition des cinq autres prévenus et des témoins.

Hier, le cardinal Barbarin a reconnu avoir commis des erreurs, mais a nié avoir dissimulé les actes de pédophilie du Père Preynat. On regrettera d’autant plus l’absence du cardinal Luis Ladaria Ferrer, que selon nos collègues du quotidien La Croix, il aurait conseillé à l’archevêque de Lyon de gérer cette affaire dans la plus grande discrétion.

Un commentaire

  1. tissot 8 janvier 2019 à 10 h 55 min

    le pape a-t-il si peu d’autorité qu’il ne puisse exiger du cardinal en question de se présenter devant la justice française,ou ce dernier est-il tellement compromis qu’il ne puisse qu’être condamné?

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