Presse: entre réalité, inquietudes et espérances

Posté le par dans Ca presse

 par Jean-François Cullafroz / Dalla-Riva

 Le récent Baromètre annuel La Croix-TNS Sofres soulignait que « les Français étaient conscients et inquiets face à la crise de la presse ». Les professionnels eux aussi, journalistes comme patrons de presse, partagent cette incertitude de l’avenir qui a des racines profondes comme en témoigne René Finkelstein. Il n’empêche que certaines formes de presse prennent le taureau par les cornes comme les hebdomadaires de la presse régionale. Et un journal d’opinion comme Témoignage chrétien lance en janvier une formule pour ouvrir le champ à un nouveau lectorat.

La presse en 2013 présente un panorama contrasté, dont nous livrons une approche, ponctuée par trois entretiens avec René Finkelstein, William Captier et Philippe Clanché..

L’intérêt des Français pour l’information reste massif : 70  % d’entre eux sont avides des médias de la presse écrite, radio, télé et Internet, selon le dernier baromère commandé par le quotidien La Croix et réalisé par l’institut de sondages TNS-Sofres. Il reste, que dans le même temps, les lescteurs-auditeurs-téléspectateurs continuent à exprimer leur défiance à l’égard des journalistes et des médias qui les emploient.

On comprend donc que des syndicats, (tels l’Union syndicale des journalistes CFDT qui place son dernier magazine sous le titre « Fiers d’être journalistes »), des organismes professionnels (Entretiens de l’information, Assises internationales du journalisme...) ou des initiatives déontologiques (Association pour la préfiguration d’un conseil de presse, Observatoire déontologique de l’information) situtent leur réflexion et leurs actions dans ce cadre de défiance à l’égard de médias qui devraient être vraiment un contre-pouvoir indispensable à la démocratie.

Les  réactions de différents acteurs parlent d’elle-même. Ainsi, celle de René Finkelstein. Cet ancien résistant, a été patron de presse pendant plus de 50 ans, créant des journaux tels Le Revenu français, et oeuvrant au sein de syndicats professionnels et d’organisations paritaires. Pour lui, la crise actuelle de la presse s’inscrit dans un long processus.

 

 Presse hebdomadaire régionale : la mutation

Toutes les formes de presse ne sont pas à la même enseigne. D’ailleurs le baromètre annuel La Croix-TNS Sofres ne place pas les médias nationaux et régionaux ou locaux dans le même panier. Si le public reste attaché à une haute qualité de l’information, plus elle s’enracine localement, plus elle bénéficie d’une sympathie. Du côté de la presse hebdomadaire régionale, qui représente près de 300 titres dans l’Hexagone et les Dom-Tom, depuis plusieurs années, la priorité est au renouvellement , avec désormais une forte mutation vers le multimédia. Un périodique départemental se doit toujours d’être pris en main, mais aussi lu sur Internet où des « bonus » peuvent trouver leur place en terme d’entretiens vidéo, par exemple.

D’ailleurs, les éditeurs de la presse périodique et régionale viennent de signer avec les syndicats de journalistes un accord de droits d’auteur, alors même que certains autres titres traînent les pieds ou font l’objet de procès, voulant réduire au minimum les droits des journalistes, qui tout en étant des salariés sont aussi des auteurs, régis par une législation qui trouve sa source au XVIIe siècle avec la Société des gens de lettres de l’écrivain Beaumarchais.

William Captier, secrétaire général de la Fédération de la presse périodique régionale et directeur de l’hebdomadaire clermontois Le Semeur explique la démarche de ses collègues patrons de la presse hebdomadaire en région.

 

Magazines nationaux : entre people et raccolage

Dans le sérail de la presse nationale, le sextet des news magazine (L’Express, le point, Le Nouvel Observateur, Marianne, Match, VSD) tient le haut du pavé, avec une volonté d’accrocher le lecteur qui fait feu de tout bois. Les échos « people » le disputent aux « Unes » raccoleuses qui franchissent parfois la ligne jaune, comme l’a montré L’Express cet automne. Sinon, des éditions faussement locales et répétitives (« Comment se loger à ? », « Le panorama des personnalités qui comptent dans »…), succèdent aux numéros spéciaux hors série et aux sujets annuels (« marronniers ») comme ceux sur les réseaux souterrains ou la franc-maçonnerie.

Sur le terrain de la presse nationale comme en région, les journaux d’opinion se sont aujourd’hui une minorité, L’Humanité et la Marseillaise, font figure d’exception et se battent à coup d’appels répétés au soutien de leurs lecteurs, La presse officiellement engagée ne représente plus qu’une dizaine de titres, même si à leur manière et en élargissant le champ de leurs informations, les journaux d’obédience religieuse manifestent encore une belle vitalité.

A ce titre, à côté du quotidien La Croix, qui met en avant son professionnalisme et sa rigueur, des habdomadaires comme La Vie ou de Famille chrétienne, sont des titres qui soignent leur présentation. Pour leur part, les journaux protestants, et au premier chef l’hebdomadaire national Réforme, ont placé leur avenir sous la bannière d’un portail commun, tandis que la presse juive tente de subsister.

Témoignage chrétien : un nouveau départ

Sur ce terrain, Témoignage chrétien, journal qui enracine son histoire dans la Résistance se débat comme un beau diable, face à un vieillissement et une érosion de son lectorat. « La résistance spirituelle » reste son leitmotiv, et il vient pour cela de transforme son édition hebdomadaire en lettre de 4 pages, consacrant l’essentiel de ses efforts à un numéro mensuel paru pour la première fois fin janvier. Avec une équipe réduite, et alors que son ancien rédacteur en chef s’en est allé sous d’autres cieux, ce journal a réalisé un tour de force en alliant regard aiguisé sur l’actualité et pertinence d’une réflexion de fond. Entre Obama, le bal des egos au sein du gouvernement israélien, l’affirmation de la communauté musulmane de Poitiers et un dossier sur les raisons de la croyance…, « TC », comme l’appellent familièrement ses fidèles, fait peau neuve, tout en affirmant ce qui est son âme » depuis 1941. On peut attendre avec impatience les articles qu’il publiera à partir de la renonciation du pape Benoit XVI.

Pour l’heure, Philippe Clanché, un des journalistes, présente la volonté qui anime la rédaction.

 

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