Pape François : six mois déjà !

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LesJournées mondiales de la jeunes ont été fin juillet le premier rendez-vous international pour le nouveau pape (© Pierre Nouvelle).

Fin juillet, les Journées mondiales de la jeunesse ont été le premier rendez-vous international pour le nouveau pape (© Pierre Nouvelle).

Par Jean-François Cullafroz

Le 13 mars dernier, François succédait à Benoit après sa démission. Depuis, le nouveau pape a multiplié les déclarations, ne ménageant pas la hiérarchie cléricale. Du prélat le plus gradé au simple abbé de paroisse. Et lors des Journées mondiales de la jeunesse fin juillet, le jésuite d’inspiration franciscaine a fait un véritable tabac. Qu’en pensent justement les évêques français ? Témoignage de l’ancien président de l’Eglise catholique en France, Mgr André Vingt-Trois, et de Mgr Gardès, son collègue archevêque d’Auch. Nous les avons tous deux rencontrés à Ampuis (Rhône), lors d’une journée d’hommage funèbre à Mgr Gabriel Vanel, ancien évêque aux armées.

Le 15 août 2012, la fête de la Vierge Marie avait été l’occasion d’un vibrant rappel aux fondamentaux de la doctrine catholique pour contrer le projet de loi sur le mariage pour tous en France. On se souvient des propos très incisifs du Primat des Gaules, dénonçant le multipartenariat qu’engendrerait le mariage civil ouvert aux personnes homosexuelles. Et depuis Rome, le pape Benoit XVI avait ensuite relayé les mises en garde épiscopales qui se sont ensuite transformé en manifestations anti-gouvernementales. Rien de tout cela un an plus tard venant de Rome François le nouveau pape semble avoir radicalement changé de pied, souhaitant que la foi chrétienne prenne en compte la culture moderne. Et choisisse une démarche  positive à la dénonciation négative et au rappel à l’ordre des mœurs.

Depuis son élection, le nouveau pape n’a pas été avare de paroles, à commencer par le sermon qu’il dispense lors de sa messe quotidienne à l’intention de ses collaborateurs et du personnel de la maison Ste Marthe où il habite. Mais il y a aussi les propos grand public, à l’instar de son homélie du 15 août depuis la résidence de Castel Gandolfo.

L’espérance, plutôt que la peur

 » Chers frères et sœurs ! A la fin de la Constitution sur l’Eglise, le Concile Vatican II nous a laissé une très belle méditation sur la Vierge Marie. (…) Nous avons entendu le chant de Marie, le Magnificat : C’est le cantique de l’espérance, le cantique du Peuple de Dieu en marche dans l’histoire. L’espérance est la vertu de qui, faisant l’expérience du conflit, de la lutte quotidienne entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, croit en la Résurrection du Christ, en la victoire de l’Amour. Où il y a la croix, pour nous chrétiens, il y a l’espérance, toujours. S’il n’y a pas l’espérance, nous ne sommes pas chrétiens », déclarait-il notamment.

Un hommage unanime dans la presse (© Pierre Nouvelle).

Un hommage unanime dans la presse (© Pierre Nouvelle).

S’associer aux « joies et aux peines des hommes de ce temps », comme le soulignait la constitution Gaudium et spes du concile Vatican II auquel le pape fait référence, telle est bien la marque de fabrique du nouveau pontife. Autre point d’insistance : la dimension collégiale de sa mission, qu’il estime être celle d’un évêque parmi ses pairs. Ainsi, les grandes décisions concernant la banque vaticane IOR, comme d’autres axes de réforme de l’administration vaticane, la Curie, ont été confiées à une équipe de huit cardinaux chargée de plancher et de faire des propositions concrètes de réforme.

Car Jorge-Mario Bergoglio, ancien archevêque de Buenos Aires, et membre des Jésuites, connaît bien les résistances qu’il peut susciter, surtout s’il doit bousculer les pesanteurs, toucher à des franges de pouvoir et remettre en cause des positions acquises par certains prélats. Il connaît bien aussi des sensibilités diverses qui traversent l’Eglise catholique, même si son élection a été acquise sans difficulté après un premier tour de scrutin où six noms avaient émergé.

Sensibilités diverses et oppositions

Cette pluralité n’est pas un mystère, y compris au sein de l’Eglise catholique en France. Par exemple, la discussion du projet de loi sur le mariage pour tous en a été l’illustration. Avec le soutien aux opposants et la participation aux manifestations de Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, et l’appel à la modération et au discernement de la part de Claude Dagens, évêque d’Angoulême et membre de l’Académie française. Un petit village rhodanien, Ampuis, a vu la présence de trois évêques pour la même messe d’hommage à leur collègue, Gabriel Vanel, ancien évêque aux Armées et archevêque d’Auch.

Une bonne occasion de prendre la température de l’épiscopat français à l’aune des réactions de deux archevêques, celui d’Auch et celui de Paris. Ecoutez la réaction de Mgr André Vingt-Trois. Il parle de l’élection du pape François, de la façon dont il mène sa barque, et même de la place des femmes dans l’Eglise catholique.

Mgr Maurice Gardès a succédé à Mgr Gabriel Vanel à Auch. Originaire du quartier de la Croix-Rousse à Lyon, il a enseigné au séminaire interdiocésain. Féru d’Ancien Testament, l’archevêque gascon ne néglige en rien la modernité et use avec adresse des réseaux sociaux. Avec sa réaction, c’est une autre sensibilité de l’Eglise catholique en France qui s’exprime.

Cet automne, les orientations pour plus de simplicité, de transparence et de pauvreté de l’Eglise catholique vont se concrétiser à Rome. mais c’est aussi l’Eglise dans chaque pays du monde qui est appelée à se reformer, sans toucher au socle du dogme de la foi catholique.Histoire de mettre en musique et dans le concret les décisions du Concile Vatican II, il y a cinquante ans.

Affaire à suivre donc !

 

 

 

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