Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
La 11e édition de Novembre des canuts s’est ouverte ce vendredi 16 à la mairie de Lyon4e. Le mutuellisme est au cœur de cette quinzaine, et dès mardi 20, la question de l’autogestion sera au centre d’un après-midi cinéma-débat aux Archives municipales de Lyon (© Pierre Nouvelle).
La 11e édition de la quinzaine culturelle lyonnaise Novembre des canuts aborde sa seconde semaine. Après un lancement vendredi 16 novembre, une douzaine de rendez-vous est donnée au public. Repas partagé, séance de cinéma, moments théâtraux, expositions, conférences et marche de la soie se succéderont. Entrée dans le programme, avec notamment un après-midi sur l’autogestion mardi 20 novembre 2018. Rencontre avec Benoit Borrits, un des nombreux intervenants des jours à venir, et Franck Georgi, qui vient de publier un livre sur l’autogestion.
Pierre Charnier, artisan canut et conseiller prudhomme, fut un des pionniers du mutuellisme en France Il créea trois ans avant la première révoklte des canuts une société de secours mutuels (© DR).
,
L’exposition inaugurée à la Maison des canuts mercredi 14 novembre a donné le ton de la quinzaine : le mutuellisme, ses racines et son actualité sont le fil rouge de l’édition 2018 de Novembre des canuts. Une dynamique de solidarité qui ‘incarne dans des institutions, mais au premier chef dans des personnes, tel Pierre Charnier, précurseur des sociétés de secours mutuels en milieu canut à Lyon.
Allier culture et économie
Dans le cadre du palais de la Bourse, le marché de la soierie lyonnaise, Silk in Lyon, accueille aussi un événement culturel et théâtral de la compagnie Chien jaune (© Pierre Nouvelle).
Les historiens Ludovic Frobert et George Sheridan ont donné matière à la compagnie Chien jaune pour brosser le portrait de ce tisseur, conseil prudhomme militant. Un évocation théâtralisée dans le cadre du Marché des oies organisé par Silk in Lyon dans l’ancienne corbeille de la Bourse de Lyon. Prestation de comédiens qui s’est poursuivie samedi 17 novembre par une criée théâtrale dans es mêmes lieux.
Une démarche culturelle qui invite à la réflexion comme celle qui s’est déroulée l’après-midi à la mairie du 7e arrondissement de Lyon autour des situations vécues par les chauffeurs Uber.
La projection au Ciné Duchère du film de Mario Monicelli, avec Marcello Mastroianni et Bernard Blier donnera lieu çà une projection-débat à partir du récit d’une grève dans une usine textile de Turin (© RD).
La semaine qui s’est ouverte dimanche 18 novembre, dans le cadre du Musée Tony Garnier par des partitions gourmandes se poursuivront de la même façon avec une assiette solidaire au déjeuner au siège des Petites cantines du quartier de Vaise.
L’autogestion, hier et aujourd’hui
Dans la foulée du film Camarades projeté lundi à 20h au Ciné Duchère, c’est l’autogestion comme illustration du mutuellisme, qui sera mise en question. Elle serab au cœur de l’après-midi du mardi 20 aux Archives municipales de Lyon, organisé par la CFDT-Retraités du Rhône, et ouverte par Jean-François Cullafroz.
Militant.e.s des pratiques autogestionnaires et chercheurs confronteront leurs points de vue, à partir de petits films. Ainsi, sera projeté un documentaire de l’artiste-cinéaste lyonnaise Emilie Souillot sur la coopérative d’habitants Chamarel, ainsi qu’un court entretien avec l’historien parisien Franck Georgi. Un débat avec le public (entrée libre) animé par Eric Vernassière, professeur et responsable académique du Sgen-CFDT
L’universitaire Franck Georgi vient de publier un ouvrage qui passe en revue l’élaboration du concept d’autogestion en France, et son appropriation par la gauche française, en lien avec sa mise en ouvre, notamment en Yougoslavie. Le PSU et la CFDT ont été les propagateurs de l’autogestion, utopie nourrie des travaux du philosophe André Gorz, héritier des penseurs du 19e siècle comme Pierre-Joseph Proudhon et Charles Fourrier.
Une question d’actualité
La question de l’autogestion reste totalement d’actualité. Après la diffusion de cette idée dans la foulée de mai-juin 68, les pratiques autogestionnaires se mettent en œuvre depuis plusieurs décennies, et aujourd’hui e jeunes générations innovent avec des Amap, jardins partagés, coopérative d’habitants, restaurants coopératifs, radios associatives…
Mardi 20 novembre à partir de 14h30, aux côtés du professeur d’économie Henri Jacot, de Jean Sintès (Chamarel) et Mimmo Pucciarelli (Cedrats), Benoit Borrits, chercheur et cofondateur de l’association Autogestion et animateur de son site Internet apportera sa réflexion. En avant-première, il explique comment l’autogestion est intimement lié à la mise en œuvre des Communs et à l’évolution de l’état.
La journée du 20 novembre se terminera avec, à 19 heures, une rencontre-débat sur « Lyon et ses pauvres : des œuvres de charité aux assurances sociales ». Elle sera animée par Bernadette Angleraud, professeure d’histoire en classe préparatoire aux grandes écoles au lycée Edouard Herriot de Lyon, dans le cadre de la bibliothèque du 2e arrondissement de Lyon.
Tous les détails du programme : https://www.lyon.fr/evenement/festival/novembre-des-canuts-2018
et 04 72 00 84 53
Prochain article : Novembre des canuts (3) : la mutualité entre solidarité et contraintes économiques