Migrations : de la vie à la scène

Posté le par dans Brèves de comptoir

Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272

Sous l'égide des Bravos de la nuit, après Pélussin, St Michel-sur-Rhône et Roizey, c'est à Condrieu que L'Effet papillon a joué a dernière partie (© Pierre Nouvelle).

Sous l’égide des Bravos de la nuit, après Pélussin, St Michel-sur-Rhône et Roizey, c’est à Condrieu (Rhône) que L’Effet papillon a joué a dernière partie (© Pierre Nouvelle).

Le hasard fait bien les choses ! Alors que la journée internationale des migrants prenait fin par une marche en direction de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration à Paris, à 380 kilomètres de là, à Condrieu dans le département du Rhône, on produisait L’Effet papillon. Dimanche 18 décembre 2016, la salle municipale Les Eclats accueillait la quatrième veillée des Bravos de la nuit sur le thème des migrations. Plongée dans la représentation et rencontre avec les partenaires de cette production culturelle.

Une quarantaine de personnes ont suivi passionnément le parcours de trois habitants du Pilat voisin (© Pierre Nouvelle).

Une quarantaine de personnes ont suivi passionnément le parcours de trois habitants du Pilat voisin (© Pierre Nouvelle).

La commune de Condrieu a vécu il y a quelques semaines des moments difficiles autour du séjour d’une dizaine de jeunes mineurs étrangers accueillis dans le cadre de l’activité du Comité commun sous l’égide du Conseil départemental du Rhône. Et il est heureux, que sans concertation préalable, une veillée-témoignage sur le thème des migrations ait pu être présentée.

Une façon de montrer qu’au-delà des personnes qui fuient la violence et la guerre, il y a dans le parcours de beaucoup de Français dits « de souche », il y a des parcours de migrations. Et qe même né sur le sol français, on peut être étranger dans son propre pays, y compris avec la difficulté d’être compris avec son accent ou de comprendre des mots propres à la région où l’on arrive.

Comme des papillons dans leur couloir de migration…

En cette fin de dimanche 18 décembre, une quarantaine de personnes emplissait la salle des Eclats qui fait face à la mairie. Alignés de part et d’autre d’une allée, et à chaque bout le maître de cérémonie débute l’histoire. Qui est-il ? Un scientifique en quête de nature, un joyeux conteur d’histoire  ? Toujours est-il que c’est à partir des papillons, dont la reproduction et le couloir de migration est spécifique au propres au massif du Pilat, que se nouent les témoignages. Denis Déon ouvre ce parcours, entre récit du narrateur et témoignages des personnes migrantes.

Alors, les témoignages peuvent s’enchaîner à partir de celui de Dominique, qui a réalisé avec son père gendarme puis son mari un vrai tour de France. De Muret à Toul, de Saintes à Lyon, « quand on déménage tout le temps, on est de nulle part », souligne-t-elle.

Depuis trente-trois ans, Dominique habite Pélussin, et rien ne l’enchante plus que de se promener vers la chapelle de saint-sabin ou des Trois dents. Elle a le Pilat au cœur et ce massif structure ses migrations. Elle explique.

Voyager par les langues et voyager dans sa tête

Pour Nicole, qui livre aussi son témoignage, on peut être étrangère dans son propre pays. C’est ce qu’elle a expérimenté lorsque suivant son père sidérurgiste de Longwy pour Dunkerque, elle s’est rendue compte que son accent lorrain constituait pour elle un handicap.

Le voyage peut se compter en kilomètres, mais aussi plus simplement être un voyage intérieur. Comme celui que Sylvain fait tous les jours dans sa voiture, lorsqu’il joint son domicile de Chuyer (Loire) où il est conseiller municipal, à l’agglomération lyonnaise,  où il travaille dans un service informatique.

Denis Déon, comédien, est aussi le metteur en scène de ces veillées intitulées L’Effet papillon. Il explique que la démarche qu’il a suivie et où il a su mettre en marche quatorze intervenants pourrait se poursuivre avec des personnes qui arrivent d’autres pays, de Syrie ou d’Irak, d’Afrique ou d’Afghanistan.

Les 30 ans des Bravos en perspective

Pour Eric Borgeot, ces quatre veillées constituent l’aboutissement de deux années de préparation. Après avoir réalisé plusieurs co-productions avec l’Hôpital local de Pélussin, ce sont les communes qui lui ont accordé leur soutien.

En effet, la question de la migration est une réalité dans le Pilat, migrations internes dans ce massif, mais aussi déplacements entre la montagne et la vallée. Il explique la démarche suivie par Les Bravos de la nuit qui fêteront leur 30e anniversaire fin août prochain.

Aventure à suivre la dernière semaine d’Août 2017 où les Bravos de la nuit accueilleront six jeunes compagnies de théâtre qui trouveront ici une résidence et un lieu pour monter leurs créations au grand public. Un vrai tremplin qui est la raison d’être de cette association et de ce festival qui fêteront alors leur 30e saison.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *