J’ai mal à ma France…

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La famille Dalla-Riva, ma famille maternelle, avant son départ de Piovene-Rochette, près de Vicenza en Vénétie, quelques jours, avant d’être chassée par les Chemises noires mussoliniennes
DR Famille Dalla Riva-Renon)

Tribune de Jean-François Cullafroz-Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).

Les Européens ont la mémoire courte et se souvienne t peu comment leur continent a façonné ses populations Pierre Nouvelle/La Croix).

Comme l’ont célébré Joachim-du-Bellay, Charles Trenet, Jean Ferrat, Yves Duteil ou le groupe Carte de séjour, j’aime ma France. celle des bras ouverts et pas des matraques et des cordons de sécurité. Fils d’une immigrée italienne, j’ai de bonnes raisons à cela…

Comme en 1848 avec Marianne et Gavroche, la liberté comme l’égalité et la fraternité constituent un idéal toujours à faire vivre (© DR/Eugène Delacroix)

« France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Or, comme un agneau que sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois. »

Joachim Du Bellay, père de la poésie de la Renaissance, bien avantCharles Trenet, Jean Ferrat, Yves Duteil ou le groupe Carte de séjour, célébrait son pays, mon pays et sa langue, un parler, qui au-delà de son Val-de-Loire, est directement hérité de l’autre côté des Alpes.

J’aime ma France comme j’aime l’Italie, le pays que ma mère, à l’âge de 9 ans a fui. elle a pris le chemin de la France avec six frères et sœurs, sa mère Rosa Renon et son père Francesco Dalla Riva, militant syndical menacé de mort par les bandes fascistes noires de Mussolini.

1923-2013 : quel chemin parcouru ?

C’était il y a cent ans…

Aujourd’hui, je n’aime pas ceux qui se parent du drapeau tricolore, celui de la glorieuse Révolution Française, des Trois Glorieuses de 1830, des Journées de juin 1848, des révoltes des Canuts et de la Commune de Paris et de Lyon, pour arborer la défense du sol et la pureté d’un peuple qui, depuis des centaines de millénaires s’est forgé de sangs mêlés et de traditions tissées.

Je n’aime pas les gouvernants, qui au nom de l’économie, rejettent au-delà des montagnes et de la mer, celles et ceux qui depuis des dizaines d’années sont employés au noir quand ils peuvent passer la frontière, sans que cela ne les émeuvent…

J’aime la foule bigarrée, qui, ce week-end à Marseille, a accueilli avec bonheur François, le pape de Rome, un homme de 86 ans, qui a osé dire que les migrations étaient une chance et les migrant.e.s des personnes dignes de fraternité.

Soyons offensifs et ne nous satisfaisons pas de nos postures bienveillantes qu’inspire le triptyque républicain. Il y a cinquante ans, le gouvernement d’unité populaire de Salvador Allende incarnait une démarche soucieuse de justice et d’humanité que nous soutenions. N’oublions pas que pour autant il a été sacrifié sous les balles de Pinochet et de ses sbires.

Dans le prolongement des manifestations du 13 avril 2023, le 13 octobre, dans l’unité d’action, les syndicats appelleront la population à allier fin du mois et fin du monde (© Pierre Nouvelle)

Avec ce peuple, je souhaite que la CFDT que j’ai rejoint il y a 57 ans poursuive son combat contre toutes les discriminations, alliant fin du mois et fin du monde avec le Pacte du pouvoir de vivre. J’attends d’elle, et de nous, des actions concrètes et persistantes dans les jours, les mois et années à venir, contre les idées xénophobes, racistes et homophobes, qu’elles viennent de la mouvance d’extrême-droite ou de la droite parlementaire.

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