Coronavirus (1) : Fratelli d’Italia : des nouvelles de Venise

Posté le par dans Coup de coeur

Article publié par Gaby Bonnand sur le blog Ouvertures.over-blog.com, et relayé par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)

Depuis Venise, Ariel Butaux se fait médiatrice de ce que vit sur place la population ( © DR/ Ariel Butaux sur Linkedin )

Depuis Venise, Ariel Butaux se fait médiatrice de ce que vit sur place la population ( © DR/ Ariel Butaux sur Linkedin )

Aujourd’hui, j’ai reçu un texte d’une amie, qui, elle-même l’a reçue d’Ariel Butaux, une amie italienne de Venise. J’ai trouvé cette lettre très belle. Bien sûr elle ne peut pas nous faire oublier le drame qui se vit dans d’autres régions d’Italie et d’ailleurs (dans la péninsule, 800 morts dans la journée de ce samedi 21 mars, jour de printemps et plus de 5 000 décès depuis le début de la pandémie, et 12 000 dans le monde NDLR), dans cette crise sanitaire, sociale et politique grave. Mais la solidarité avec ceux qui sont frappés par ce drame aujourd’hui, nous oblige, nous exhorte même à nous interroger et et à préparer notre avenir commun.

Touchées par le coronavirus et par la nécessité de durer dans le temps avec des journalises confinés, la presse de toute nature a réduit ses éditions et série les informations qu'elle donne ( © Pierre Nouvelle ).

Touchées par le coronavirus et par la nécessité de durer dans le temps avec des journalises confinés, la presse de toute nature a réduit ses éditions et série les informations qu’elle donne ( © Pierre Nouvelle ).

Lettre d’Ariel Butaux de Venise
« Je vous écris d’une ville coupée du monde. Nous vivons ici dans une parfaite solitude qui n’est pas le vide. Nous prêtons chaque jour un peu moins attention à ce que nous ne pouvons plus faire car Venise, en ces jours singuliers, nous ramène à l’essentiel. La nature a repris le dessus. L’eau des canaux est redevenue claire et poissonneuse. Des milliers d’oiseaux se sont installés en ville et le ciel, limpide, n’est plus éraflé par le passage des avions.
Dans les rues, à l’heure de la spesa, les vénitiens sont de nouveau chez eux, entre eux. Ils observent les distances, se parlent de loin mais il semble que se ressoude ces jours-ci une communauté bienveillante que l’on avait crue à jamais diluée dans le vacarme des déferlements touristiques. Le tourisme, beaucoup l’ont voulu, ont cru en vivre, ont tout misé sur lui jusqu’à ce que la manne se retourne contre eux, leur échappe pour passer entre des mains plus cupides et plus grandes, faisant de leur paradis un enfer.
Venise, une métaphore du monde
Sous l'influence du coronavirus, Venise offre un autre visage, Jadis polluée par le trafic incessant, les eaux des canaux sont redevenues limpides ( © DR/ Ariel Butaux sur Facebook ).

Sous l’influence du coronavirus, Venise offre un autre visage. Jadis polluées par le trafic incessant, les eaux des canaux sont redevenues limpides ( © DR/ Ariel Butaux sur Facebook ).

Venise, en ces jours singuliers, m’apparaît comme une métaphore de notre monde. Nous étions embarqués dans un train furieux que nous ne pouvions plus arrêter alors que nous étions si nombreux à crever de ne pouvoir en descendre! A vouloir autre chose que toutes les merveilles qu’elle avait déjà à leur offrir, les hommes étaient en train de détruire Venise.
A confondre l’essentiel et le futile, à ne plus savoir regarder la beauté du monde, l’humanité était en train de courir à sa perte. Je fais le pari que, lorsque nous pourrons de nouveau sortir de nos maisons, aucun vénitien ne souhaitera retrouver la Venise d’avant. Et j’espère de tout mon cœur que, lorsque le danger sera passé, nous serons nombreux sur cette Terre à refuser de réduire nos existences à des fuites en avant.
Rêver et réfléchir à un autre monde
Nous sommes ce soir des millions à ignorer quand nous retrouverons notre liberté de mouvement. Soyons des millions à prendre la liberté de rêver un autre monde. Nous avons devant nous des semaines, peut-être des mois pour réfléchir à ce qui compte vraiment, à ce qui nous rend heureux.
La nuit tombe sur la Sérénissime. Le silence est absolu. Cela suffit pour l’instant à mon bonheur.
Andrà tutto bene. »
A vous de réagir…

Gaby Bonnand commente cette lettre :

 » Ce texte est une invitation à se projeter dans l’avenir autrement, à travailler à concrétiser le rêve d’un autre monde. Il n’enlève pas les souffrances du moment, mais il est une invitation à l’espoir contre la résignation.

La publication de ce texte sur mon blog est aussi une invitation à ceux et celles qui liront ce texte de profiter de cet espace qu’est ce blog pour partager ce que vous inspire cette crise, ce que suscite en vous cet évènement comme réflexions que vous souhaitez faire partager. »

Contacts : blog de Gaby Bonnand : Ouvertures.over-blog.com

On peut suivre des nouvelles de Venise et d’Italie sur la page Facebook d’Ariel Butaux : https://www.facebook.com/butaux/

Les intertitres sont de la rédaction de ce blog.

(à suivre)

Notre prochain article : Coronavirus (2) : Monsieur le président, je vous fais une lettre… (avec Annie Ernaux)

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