Reportage de jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Une bonne centaine de personnes sur la petite place du Marché à Condrieu (Rhône). C’est une belle manifestation de l’adhésion à l’appel lancé par quelques Condriots soucieux d’accueillir dignement dans leur commune de jeunes réfugiés. Retour sur un évènement qui s’est déroulé samedi 22 octobre 2016 dans la dernière commune la plus au sud du département du Rhône. A la même heure, à l’autre bout de la France, dans la commune de St Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), un collectif d’habitants manifestait aussi pour accueillir des étrangers qui vont arriver prochainement.
En espérait-il autant ? Pas si sûr que cela. Après un appel diffusé vendredi matin dans les rues de la ville lors du marché dominical, réunir une bonne centaine de personnes le lendemain, voilà qui est la marque d’une belle réussite ! Le bouche-à-oreille a bien fonctionné, d’autant que l’indignation était vive face aux écrits du Front national et à sa volonté de manifester pour refuser l’accueil aux migrants.
Le rassemblement fut pacifique, digne, sans aucune pancarte ni banderole revendiquant la paternité de cet évènement. Accueillir avec empathie une dizaine de jeunes réfugiés déjà hébergés par le Comité commun (institution dépendant du Département du Rhône) est une démarche qui devra s’inscrire dans la durée.
Une démarche analogue à celle menée par un collectif d’habitants de St Brévin-les-Pins, qui un mois après sa création rassemble aujourd’hui une centaine d’adhérents. Ce samedi matin, un rassemblement a eu lieu dans cette ville de 13 000 habitants de Loire-Atlantique qui accueillera prochainement une cinquantaine de réfugiés venus de la jungle de Calsi, comme l’a relaté le journal de la radio France Culture.
Quelle suite dans les semaines à venir ?
Pourquoi avoir rédigé cet appel intitulé « Oui à un accueil digne et humaniste » ? Quelle suit donner au rassemblement pacifique de ce samedi ? Gaëlle, une des initiatrices de ce mouvement explique les motivations du petit groupe d’habitants de Condrieu, organisateur de cette initiative.
Le point de vue des élus locaux
Cet appel et ce rassemblement venus de la société civile ont de quoi interpeller, mais aussi réjouir les élus locaux. Réaction de Bernard Catelon, premier adjoint de la municipalité de Condrieu et militant socialiste.
Une affaire suivre dans la commune de Condrieu et au-delà.
En effet, des citoyens venus de Givors, Vienne et de toute la rive droite du Rhône étaient là ce samedi matin, prêtant main forte à la population locale. Parmi eux, des représentants du collectif des associations viennoises de solidarité avec les étrangers, et de l’association Solidarité réfugiés des deux rives.
Pour sa part, Thérèse Corompt, maire de cette commune rhodanienne de 3 500 habitants tient à rappeler que la municipalité n’est pas novice en matière d’accueil des réfugiés. « Par le passé, lors de grosses crises (comme Bosnie, Serbie, Ouganda …), le préfet nous a saisi et il a vu avec nous ce qu’il était possible de faire », précise le premier magistrat de cette ville située en milieu rural.
Dans la circonstance présente, elle précise que » pour les jeunes mineurs non accompagnés, pour faire court, le préfet n’y met pas son nez, mais c’est le conseil départemental dans le cadre de sa compétence « protection de l’enfance » qui assure l’accueil et l’accompagnement de ces adolescents « .
Un utile rappel au règlement
Les départements ont l’obligation légale d’accueillir des mineurs isolés non accompagnés, en application du code de l’action sociale et des familles. En la matière, le Département du Rhône délègue cette mission à des structures compétentes bien souvent associatives.
C’est le cas du Comité commun à Condrieu, avec l’établissement du port qui dépend du de lui. Le comité commun a fait le choix pédagogique d’installer ces jeunes dans des appartements diffus sur le territoire. « Il y en a onze dans quatre appartements à Condrieu, et à Ste Colombe-les-Vienne, quatre dans deux appartements. Ces jeunes sont le plus souvent très motivés, ils veulent s’en sortir. Alors, les conduire vers l’autonomie est fondamental, et ils en auront grand besoin de notre aide », poursuit Thérèse Corompt..
Les départements ont l’obligation légale d’accueillir des mineurs isolés non accompagnés, en application du code de l’action sociale et des familles.
Une polémique sans fondement
Alors, pour le cas d’espèce de Condrieu, on l’aura compris, alors que la campagne électorale monte en puissance, la polémique est sans fondement et pour le moins déplacée. Cela n’empêche pas l’extrême-droite de faire ses choux gras de l’arrivée de ces jeunes au Sud du département du Rhône.
Le Front national a déclaré n’avoir que reporté la manifestation qu’il prévoyait d’organiser samedi 22 octobre. D’ailleurs, d’ores et déjà, des affiches rejetant les étrangers ont fleuri sur les murs de communes voisines…
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