Avenue de la liberté

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Au coeur de la ville de Dijon, l’arc de triomphe dédié à Thomas Jefferson, premier président des Etats-Unis montre la voie (©Pierre Nouvelle)

A Dijon, un arc de triomphe ouvre l’avenue de la Liberté qui conduit au Palais  ducal et au musée des Beaux-Arts attenant. Jusqu’au 28 janvier prochain, une exposition est consacrée à Sophie et à François Rude, le sculpteur de la Marseillaise. Une œuvre qui orne un autre arc de triomphe, celui de la place de l’Etoile à Paris et figure au centre de cette rétrospective. Une visite en terre bourguignonne à ne pas rater.

Depuis plus de 50 ans, aucun hommage n’avait été rendu en France à l’auteur d’une des œuvres artistiques françaises les plus célèbres mondialement. Avec à propos, sa patrie comble cette lacune depuis fin octobre, associant dans le même mouvement, l’épouse du sculpteur, elle-même artiste peintre trop peu connue, marquée comme lui par le néoclassicisme et le romantisme naissant.

 L’Arc de triomphe et la Marseillaise…

Au rez-de-chaussée du musée des Beaux-Arts, rendez-vous immédiatement à la cinquième salle de cette rétrospective. Là, un espace conséquent est entièrement consacré à l’arc de triomphe parisien, et à ses hauts-reliefs. Croquis, esquisses, dessins, surmoulages se côtoient et permettent d’apprécier mieux qu’à son pied, la finesse et l’expressivité de l’œuvre, intitulée Le départ des volontaires de 1792.

La commande passée par le ministre Thiers en 1832, doit beaucoup à la volonté de Louis Philippe, qui ne manquait pas de rappeler qu’il avait participé aux combats contre les armées étrangères et s’était illustré à Jemmapes. Pour Rude, toit juste revenu de onze années d’exil en Belgique suite à la chute de Napoléon 1er, c’était une reconnaissance publique, et pour lui une merveilleuse occasion de faire valoir son attachement à la République. Même si l’ensemble des sculptures qu’il avait soumises pour l’Arc de triomphe ne furent pas retenues, les vingt années suivantes illustreront encore ces sentiments avec les bustes et statues de nombreuses gloires nationales, comme le savant Gaspard Monge à Beaune.

 

François Rude n’avait pas eu l’honneur d’une exposition depuis 1957. (©Pierre Nouvelle)

Un parcours entre néoclassicisme et romantisme

On appréciera son cheminement, du néoclassicisme, appris à l’Ecole impériale des beaux arts, au romantisme dont il empruntera le chemin à partir de son long séjour bruxellois. Sophie Rude, son épouse, en fera de même, et le musée de Dijon donne à voir une évolution qui la mènera, des scènes princières, à la réalisation exclusive de portraits.

On découvrira aussi un autre versant de l’art mené de concert par ce couple : l’expression de sa foi catholique. A Bruxelles, Rude avait préparé la décoration de la chaire d’une église lilloise, mais revenu à Paris, ce sont les églises de la Madeleine et de St Vincent-de-Paul qui bénéficieront de son coup de ciseau, dont un calvaire qui orne encore un maître-autel. De Sophie, on appréciera un Sommeil de la Vierge appelé aussi la Sainte-Famille, aux accents italiens évidents..

Une œuvre diverse qui a fait des émules

François Rude a marqué le 19e siècle, au point que ses successeurs, Rodin, Bourdelle par exemple, emprunteront à son style et son inspiration, comme le montre l’engouement artistique autour de la Marseillaise. Un curieux retour de l’histoire montre d’ailleurs que l’héroïne du Départ des volontaires de 1792 sera utilisée aussi bien par le Parti communiste pour les affiches de la campagne électorale de 1936 (Fernand Léger), que par le régime de Vichy et sa Légion des volontaires français contre le bolchevisme. Dans la capitale bourguignonne, le musée Rude, force moulages à l’appui, parfait encore cet hommage à un sculpteur en présentant différentes étapes de la préparation du pied-droit de l’Arc de triomphe.

Dijon est à moins de deux de deux heures de Paris, de Lyon et Strasbourg. Le musée des Beaux arts, avec son exposition consacrée au couple Rude, mais aussi son bel ensemble du Moyen-âge particulièrement remarquable commandées par les ducs de Bourgogne à Dijon,  et de peintures flamandes et italiennes. Il mérite une visite conséquente, seul ou en groupe, et d’autant plus avec des élèves. L’équipe du musée a d’ailleurs préparé un dossier pédagogique très complet qui fera le bonheur des enseignants comme des non-enseignants.

Et puis si l’on veut prolonger ce parcours autour de François Rude et du haut relief de l’Arc de triomphe, une visite à la Cité de l’architecture et du patrimoine au Trocadéro pour voir jusqu’en février 2013 l’exposition Le Cri et le geste jusqu’en février 2013. Quant à la ferveur napoléonienne du sculpteur, on pourra pousser jusqu’à Fixin à 12 km de Dijon. Là, le musée et le parc voulu par Claude Noisot, grognard qui accompagnera l’empereur à l’île d’Elbe, recèle aussi une œuvre du sculpteur : Le réveil de Napoléon à l’immortalité.

Jean-François Cullafroz-Dalla Riva

Musée des Beaux-Arts de Dijon – Palais des ducs et des états de Bourgogne – place de la Libération. Tel. 03 80 74 52 09 – Ouvert de 10h à 17 h, ouverture en soirée les 19 décembre et 23 janvier. Fermeture les mardis, les 25 décembre et 1er janvier.

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