Par Jean-François Cullafroz, journaliste
L’été 2014 s’est ouvert à Autun sur un florilège de découvertes dont cinquante étudiants et professeurs de tois universités ont été les acteurs (© Pierre Nouvelle).
A Autun, les traces de la présence romaine sont légion : amphithéâtre, portes, temple et plus de six kilomètres de remparts. Depuis l’an dernier, une nouvelle campagne de fouilles a été ouverte, à l’extérieur de la ville, dans le quartier de la Genetoye. Cette année 2014, entre juillet et août, trois chantiers ont vu le jour portant sur des vestiges d’ateliers de potiers, un théâtre et les abords du temple de Janus. Cinquante étudiants et professeurs issus des universités de Bourgogne, Franche-Comté et Paris 4-Sorbonne et de Nancy y participent. Reportage sur le terrain.
A Autun, durant l’été 2014, trois chantiers de fouilles étaient à l’œuvre dans l’environnement du temple de Janus. L’un concernait les abords du temple, un autre le site où les potiers opéraient pour confectionner des objets du culte statuettes, poteries, vases…), et un troisième un théâtre dont pour l’heure les accès ont été mis au jour. Trois équipes d’étudiants sous la direction de professeurs des universités de Paris 4-Sorbonne, Dijon, Besançon et Nancy. Pour coordonner la cinquantaine d’enseignants et élèves, le service d’archéologie de la ville d’Autun était sur le pont.
La campagne triennale qui s’est ouverte en 2014 a mobilisé une cohorte d’étudiants avec leurs enseignants (© Pierre Nouvelle).
Samedi 2 et dimanche 3 août, les fouilles étaient ouvertes au public. Des visiteurs très nombreux ont été guidés par des étudiants alors même que les travaux se poursuivaient. Sur le site de l’ancien quartier des potiers, ils ont pu découvrir les vestiges d’ateliers avec des fours ainsi que des salles-dépotoirs. Ils ont aussi admiré des objets qui ont été mis au jour, dont des moules qui ont attesté de l’existence de maîtres potiers, qui complétèrent en Gaule l’activité du déjà-connu maître-potier Pistillus.
La mise au jour de nouveaux moules statuaires ont fait progresser l’archéologie ont fait progresser l’archéologie gallo-romaine (© Pierre Nouvelle).
Les fouilles ont déjà permis de nombreuses découvertes sur la vie de la cité gallo-romaine au premier siècle de notre ère, et aussi sur la période antérieure quant à la présence gauloise et une fois la cité éduenne de Bibracte.
Yannick Labaune est l’un des trois archéologues de la ville d’Autun. Il détaille devant la caméra de François Dalla-Riva le travail en cours et le déroulement d’un programme de recherches qui s’étalera sur trois ans.
Des visiteurs enchantés
Les touristes, alertés par la presse quotidienne (Le Journal de Saône-et-Loire), sont venus en nombre visiter les chantiers de fouilles. Parmi eux, Yvette qui habite la région parisienne. Elle vient souvent l’été en Autunois où elle bénéficie d’une maison de campagne. Elle connaît les trésors culturels de cette région et est particulièrement heureuse des découvertes que viennent de faire les archéologues de toute la France.
Le quartier de la Genetoye, autour du temple de Janus, sur le site d’un théâtre romain et sur une parcelle de terrain qui a révélé l’implantation d’ateliers d’artisans, vient d’enrichir le patrimoine culturel français.
Statuettes, objets de culte, vases à offrande..; figurent dans le trésor qui s’est enrichi au fil des chantiers de fouilles (© Pierre Nouvelle).
Yvette témoigne de l’intérêt de ce travail scientifique développé par cette cohorte universitaire qui fera date dans le panel des chantiers de fouilles en cours en France. Des propos recueillis par François Dalla-Riva.
A Autun, les traces de la présence romaine sont très nombreuses et accessibles. Mais il est rare de pouvoir visiter des fouilles en cours de réalisation. Après les élus de la Communauté de communes Grand Autunois Morvan et des édiles de la ville, le grand public était convié à la découverte.
En ce premier week-end d’août, l’affluence a été fournie et les organisateurs en étaient ravis. Alors même qu’en centre-ville, dans le cadre des Journées romaines, la Légion VIII Augusta reconstituait des combats de gladiateurs et le déploiement de la troupe de soldats, on se pressait autour de cavités où des étudiants attentifs continuaient à gratter le sol.
Echos visuels de cette visite archéologique captés par la caméra de François Dalla-Riva.
Un étudiant enthousiaste
Plus de quarante étudiants en archéologie ont creusé la terre pendant un mois, apportant une dimension pratique à leurs études de master. En leur sein, Arnaud Montabert termine sa formation d’archéologie. A Autun, il a participé à la mise à jour d’un site où se confectionnait des statuettes, vases, objets de culte… pour le temple de Janus voisin.
Durant la visite du chantier par de nombreux visiteurs, les étudiants poursuivaient les fouilles. Arnaud Montabert explique les découvertes effectuées depuis un mois devant l’œil de la caméra de François Dalla-Riva.
Un ingénieur de recherche sur le terrain
Après une thèse sur les aménagements des rives du Doubs à Epomanduodurum (pays de Montbéliard) soutenue en 2008 à l’université de Franche-Comté et un passage au service archéologique de la ville de Besançon, Matthieu Thivet rejoint Chrono-environnement en obtenant le poste d’archéologue, ingénieur de recherche, à Université de Franche-Comté en 2013.
Comme ses collègues de Paris 4 Sorbonne, Mathieu Thivet, enseignant-chercheur franc-comtois a fait partager son savoir au public tout en conduisant un chantier d’un mois (© Pierre Nouvelle).
Sur un des chantiers, Matthieu Thivet dirigeait un groupe d’étudiants issus de quatre universités, guidait leurs recherches et les conseillait. Il précise devant la caméra de François Dalla-Riva l’intérêt des fouilles menées à Autun.
Entre aqueducs, forum et amphithéâtre
Les sites de fouille autunois seront refermés durant un an avant de reprendre vie à l’été 2015, sans aucun doute pour de nouvelles découvertes. Le temple de Janus peut être visité toute l’année tout comme les différentes portes de la ville (porte d’Arroux et porte St André) ainsi que l’amphithéâtre et la ceinture de remparts.
Et puis si l’imagination vous guide, vous pourrez vous représenter l’antique forum près de l’actuelle cathédrale St Lazare, les deux aqueducs alimentant la population, ou les voies romaines qui conduisaient aux différentes entrées de cette cité fondée par Auguste.
Durant la période hivernale, on peut aussi consulter un des articles ou une des revues qui présenteront le fruit de ces recherches estivales, telles que la Revue archéologique de l’Est, ou les rubriques plus spécialisées de Gallia. Et pourquoi pas, visiter la collection gallo-romaine du musée Rolin. On y découvrira avec intérêt une riche collection gallo-romaine, en particulier la belle mosaïque du 1er siècle de notre ère, consacrée à « Bellérophon et la chimère« .
Du temple de Janus à l’amphithéâtre, les vestiges romains sont visibles toute l’année à Autun (© Pierre Nouvelle).
Pour plus de renseignements, on peut s’adresser à l’Office de tourisme d’Autun et de l’Autunois : 13 rue Général Demetz – 71400 Autun
Tél. +33 (03) 85 86 80 38 – welcome@autun-tourisme.com