Assises du journalisme : les leçons bien tirées de Charlie

Posté le par dans Ca presse

Par Moussa Sanon, journaliste,

rédacteur en chef à la radio-télévision nationale burkinabée à Ouagadougou

 

journalistes, enseignants, kycéens ont débattu sans tabou le 13 mars (© Pierre Nouvelle).

journalistes, enseignants, kycéens ont débattu sans tabou le 13 mars (© Pierre Nouvelle).

 

Paris a abrité le 13 mars 2015, les Assises internationales du journalisme et de l’information. À travers quatre ateliers, il s’est agi pour les journalistes, éditeurs, policiers, magistrats, enseignants… de tirer les leçons des événements de Charlie Hebdo en confrontant les expériences et en formulant des propositions. Regard africain sur la presse français.

Les journalistes, éditeurs, policiers, magistrats et autres enseignants français ont réfléchi pour dire plusieurs choses par rapports aux évènements de Charlie.

Pour eux, plusieurs risques sont apparus avec ces évènements. Il s’agit entre autres de projets de loi (sur le secret des entreprises, sur les informations concernant la santé, etc.) et la fabrication de « martyrs » et de police de la pensée.

Pour un journaliste africain, ce débat franco-français mérite d’être mené. Il montre bien la prise de conscience des Français sur la problématique de la liberté de presse dans un pays pourtant à tradition démocratique. Malgré le niveau de démocratie, ce débat vient aussi rappeler aux journalistes, notamment africains, que la question de la liberté de presse reste et restera toujours une quête permanente. Une des leçons à retenir également aujourd’hui avec l’évolution de la société, c’est que le monde des médias est appelé, s’il le faut, à se réajuster par rapport à ses principes de base pour coller aux nouvelles exigences. Par rapport au vécu burkinabè et l’espoir général que suscite la phase de transition, ce débat franco-français sur la liberté de la presse vient confirmer que « la liberté de presse ne saurait être sans limite pour permettre à la démocratie d’avancer »

Le journalisme doit se réinventer sans cesse

Ce débat sur les leçons de Charlie était organisé autour de quatre grands ateliers : « Liberté d’expression, devoir d’informer et responsabilité ? », « Les leçons éditoriales de Janvier », « Education à l’information, éducation des médias ? » et « Territoires oubliés de la République, territoires mal traités par l’information ? ». Ils réunissaient de grands noms du monde du journalisme et de l’information comme Loïc Hervouet (Ancien directeur de l’ESJ Lille, et ancien médiateur de RFI), Yves Agnès (Président de l’APCP) et Christophe Deloire (Secrétaire général de Reporters Sans Frontières). Etaient présent aussi de grands noms du monde du droit comme Fabienne Siredey-Garnier (Vice-présidente du TGI de Paris, Présidente de la 17ème Chambre) et Emmanuel Boutterin (Magistrat, Président du Syndicat national des radios libres)

Rappelant que le journalisme doit se réinventer sans cesse, à partir de ses principes fondamentaux, à chaque événement, des propositions concrètes ont été faites. Certains ont alors appelé à la nécessité de sensibiliser et de faire comprendre aux professionnels de l’audiovisuel leur intérêt à prendre en compte la réalité, l’urgence d’élargir les réseaux, de faire évoluer les pratiques, d’intégrer tous les territoires dans le récit national, de promouvoir des stratégies éditoriales nouvelles. D’autres ont préconisé la création d’une 3e voie dans les écoles de journalisme pour permettre aux étudiants des quartiers populaires d’accéder à l’éducation et à la profession, et donc changer la sociologie des professionnels, à terme.

 

 

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