Aiguebelette-le-lac (Savoie) : 80 ans après la rafle du 26 août 1942 (3) , le courage des habitants et la responsabilité du régime de Vichy

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C’est bien le glas que l’église d’Aiguebelette-le-Lac aurait pu sonner le 26 août 1942 lorsque les gendarmes sont venus arrêter les familles juives assignées à résidence dans des hôtels du bord du lac (© J.-F. Cullafroz-Dalla Riva).

Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).

Une centaine de personnes venues de différents coins de France, d’Europe et du monde a tenu à commémorer la tragédie antisémite du 26 août 1942 (© Pierre Nouvelle).

Cette rafle aurait pu rester oubliée, mais heureusement les bénévoles de l’association Mémoire Août 1942 , présidée par Frédéric Pélisson, a œuvré pour que l’on se souvienne de la rafle de personnes juives, enfants et parents, commanditée par l’État Français et le régime de Vichy. Le 26 août 2022, quatre-vingts ans après cet événement, une cérémonie très émouvante a réuni les survivants et leurs familles. Un hommage intense renforcé par le témoignage de Robert Badinter, ex-ministre de la Justice et enfant juif caché non loin d’Aiguebelette-le-Lac.

Sous la direction de leur professeure Laurence Vittoz, es enfants de l’école d’Ayn au bord du lac d’Aiguebelette ont travaillé sur la mémoire de la rafle et l’histoire des enfants juifs
(© Pierre Nouvelle).

Il n’était pas meilleur intervenant que Robert Badinter pour remettre en perspective les témoignages des survivants de la rafle du 26 août 1942 et de leurs familles. L’avocat, ex-Garde des sceaux et militant socialiste a été réfugié avec sa mère Charlotte et son frère Claude à Lugrin (Haute-Savoie), au bord du lac Léman, puis à Cognin (Savoie), abrité par la famille Opinel, alors-même que son père arrêté à Lyon, était déporté et mourra au camp d’extermination de Sobibor.

Robert Badinter se rappelle l’été 1942 et souligne la responsabilité du régime de Vichy, du maréchal Pétain et de Pierre Laval, commanditaires de la police et de la gendarmerie française. Une belle et longue interview réalisée par notre consœur Sabine Dreyfus, journaliste à Mutations et son fils Lucien Delay

Ils s’appelaient Sarah, Hélène Eva, Moïse, David et René… Avec vingt autres personnes juives assignées administrativement par le régime de Vichy, ils ont été conduits au camp de Vénissieux (Rhône) puis à Drancy, et pour celles et ceux qui n’ont pu s’échapper, vers les camps de la mort…

Sur la place d’Aiguebelette-le-Lac, au carrefour de plusieurs chemins de randonnée sont disposés un panneau et un arbre créé par Paul Rouillot, un sculpteur de la région. Tous deux, installés par l’association Mémoire du 26 août 1942, invitent les passants à se souvenir et se recueillir.

« Il a cinq ans, il a sept ans… », évoqueRobert Badinter. L’ancien enfant juif caché, a rappelé l’atrocité de cette rafle où les enfants ont été arrêtés et séparés de leurs parents

Une cérémonie d’hommage et mémorielle était indispensable. Mais, alors que les témoins de la période 1939-1945, acteurs de la Résistance ou victimes de la Shoah, la transmission de la mémoire est indispensable.

Autour du lac d’Aiguebelette, les élèves des classes de Laurence Vittoz, professeure des écoles à Ayn, ont entamé cette mission.

(à suivre)

Notre prochain article :

Aiguebelette-le-lac (Savoie) : 80 ans après la rafle du 26 août 1942 (4) : Transmettre la mémoire pour ne pas oublier

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