Reportage de Jean François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272.
A l’heure où le Débat national sur le Nœud ferroviaire lyonnais se terminait, un collectif d’usagers de la Vallée du Rhône, réunissant associations et syndicat a déposé une ultime contribution. Elle plaide avec des arguments forts et pertinents pour que les voyageurs puissent à nouveau emprunter les trains de la rive droite du Rhône, au sud de Givors. Explications et témoignages d’habitants engagés dans les associations et syndicat qui ont apporté leur contribution à la Commission national du débat public.
« Un train peut en cacher un autre », dit un panneau routier à l’approche des passages à niveau. De fait, depuis dix ans, l’association Sauvegarde de la rive droite se bat pour limiter le trafic marchandises sur la voie ferroviaire qui borde le fleuve entre Loire (Rhône) et Serrières (Ardèche).
Depuis mercredi 10 juillet 2019, avec d’autres associations, collectif et syndicat, le combat s’est élargi pour demander la réouverture aux voyageurs de cette voie qui a entièrement été rénovée entre les gares de Givors et du Teil, du sud de Lyon aux portes du département du Gard.
En effet, l’association des usagers des TER de la Vallée du Rhône (AuterVR) a mobilisé autour d’elle le collectif Movi&co et les associations Sauvegarde du pays Rhône-Gier, Usagers des cars du Rhône, Demain ad Vienne et la CFDT Givors-Condrieu, sans oublier l’association Sauvegarde de la rive droite.
Marchandises et voyageurs : même combat
Voilà quarante-cinq ans que les trains de voyageurs ne circulent plus sur la rive droite du Rhône au sud de Givors. L’antique micheline qui conduisaient les touristes lyonnais en Ardèche et faisaient le lien avec les trains départementaux des vallée du Doux et de l’Eyrieux.
L’association Sauvegarde de la rive droite, déjà mobilisée sur ce tracé ferroviaire par la question de l’accroissement du fret dans le cadre du Contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL), apporte son expertise et ses réseaux. Pour Patricia Tardy, habitante d’Ampuis (Rhône), lier la lutte sur le fret et pour les voyageurs relève de la même mobilisation écologique pour le bien être des riverains de la vallée du Rhône.
L‘association des usagers des TER de la vallée du Rhône (AuterVR) a multiplié les actions depuis deux ans. Membre de la (Fédération nationale des usagers des transports), cette association a vu son action s’accroître au fil des désagréments rencontrés par les voyageurs : tracts distribués dans les gares entre Valence et Vienne, réunions publiques…
L’audience et la représentativité de cette association se sont accrues, ouvrant un dialogue et une écoute de la part des responsables régionaux de la CFDT; qui sont alertés régulièrement sur les horaires non respectés, wagons insuffisants, suppressions inopinées…
C’est dans ce contexte que s’inscrit la réflexion sur l’avenir du transport ferroviaire. De plus en plus utilisé sur la rive gauche du Rhône, le train devrait pouvoir aussi accueillir des voyageurs sur la rive droite, où le trafic leur est fermé depuis bientôt cinq décennies.
Le train, dès aujourd’hui à Condrieu… c’est possible !
Après avoir participé aux réunions organisées par la Commission nationale du débat public à Givors et à Vienne les 16 avril et 14 mai, les habitants du territoire réunis au sein d’associations, de collectifs ou de syndicat, ont élaboré un avis pertinent.
En effet, le projet de SNCF-Réseau en perspective de 2050, a essentiellement pour but de décongestionner la gare de la Part-Dieu à Lyon. En effet, cette station, ouverte il y a trente-cinq ans, accueille plus de 3 millions de voyageurs chaque année. Composée de onze quais (un autre est en construction), ses voies sont totalement saturées et doivent aussi laisser passer des trains de marchandises.
Si cette réflexion était donc nécessaire, elle ne peut mettre sous le boisseau les voyageurs qui convergent vers la métropole lyonnaise, notamment celles et ceux qui viennent de la vallée de Rhône. C’est le fond de la réflexion de l’association AuterVR représentée par une habitante de Condrieu (Rhône) et de Saint-Clair-les-Roches (Isère).
Pour elles, avec la saturation de la gare iséroise, Condrieu a des atouts pour accueillir des rames-voyageurs qui reviendraient sur la rive droite. Une récente visite sur place sur les quais de l’ancienne gare de Condrieu, a montré à la SNCF et aux élus locaux que cette solution pouvait d’ores et déjà se mettre en place quand le trafic de la rive gauche est suspendu.
Avec une voie entièrement rénovée, peu d’aménagements seraient nécessaires, hormis l’éclairage et les voies d’accès à la station.
Pour lutter contre l’autosolisme
Bon connaisseur du territoire dont il est issu, Hervé Cuilleron est un des animateurs de l’association Sauvegarde du pays Rhône-Gier. Longtemps mobilisée contre les nouveaux projets routiers, dont l’autoroute A 45, aujourd’hui abandonné après une action militante élargie, cette association est membre fondatrice du collectif Movi&co qui réunit habitants qui veulent promouvoir les déplacements multimodaux où, marche à pied, usage du vélo, transport par car et bus et train aillent de pair.
Les comptages qu’il a réalisés sur différentes voies de la vallée, notamment la route départementale 386, attestent que le trafic automobile s’accroit avec à la clé des bouchons et des dangers pour les piétons dans la traversée des différentes communes.
La caractéristique essentielle du trafic routier est l’usage solitaire de la voiture (autosolisme). Pour lui, si le covoiturage peut encore progresser, les transports collectifs est la solutionner à privilégier. Il détaille sont point de vue.
Reste donc à savoir comment la Commission nationale du débat public prendra en compte les suggestions argumentées des associations, collectifs et syndicats, qui devraient élargir leur base en réunissant usagers du train et salariés de la SNCF.
Reste aussi à voir, comment concrètement, dans le cadre des orientations de la loi Lom qui sera adoptée à l’automne 2019, les élue.s locaux-cales, prendront leurs responsabilités au niveau des différentes agglomérations de Vienne-Condrieu, Annonay, Pilat rhodanien et Pays roussillonnais.
Le Conseil de développement de Vienne-Condrieu-Agglomération qui réfléchit à la mobilité et aux déplacements sur son territoire, et le député LREM, Jean-Luc Fugit, rapporteur de la loi sur les mobilités et habitant de la vallée du Rhône, pourraient être des aiguillons pour faire avancer l’intérêt collectif et préserver le bien public…
Affaire à suivre !