Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Le référendum d’initiative citoyen reste le revendication phare des Gilets jaunes, par exemple ici dans la partie dauphinoise de la Vallée du Rhône (© Pierre Nouvelle).
Le jaune n’a pas disparu du paysage hexagonal. Ils étaient encore près de 40 000 sur les routes et ronds points samedi 23 décembre, et plus de 2 000 dans les rues de Paris. A quelques heures de Noël, certains étaient aux portes des grandes surfaces pour continuer à populariser leurs revendications, avec en premier lieu le Ric, entendez par là, le Référendum d’initiative citoyen. Poursuite sur le terrain et entretien avec un Gilet jaune, par ailleurs personne handicapée.
Il y a plus de deux semaines, j’avais trouver un groupe sympathique exprimant la souffrance de gens au bas de l’échelle (© Pierre Nouvelle).
Le 8 décembre, ils étaient là. Un grand groupe de Gilets jaunes devant un hypermarché de Saint-Clair-du-Rhône (Isère). Des femmes, des hommes, des jeunes et des plus anciens, des salarié.e.s et retraité.e.s français.e.s et immigré.e.s. Dopées par une fanfare, filtrant dans la bonne humeur les véhicules empruntant la nationale 7.
Les citoyens veulent prendre la parole et changer la façon dont les décisions se prennent au plus haut niveau (© Pierre Nouvelle).
Deux semaines plus tard, toujours revêtu d’un gilet jaune, Albert Hugny, assis dans son fauteuil de personne à mobilité réduite, est là à la porte d’une autre grande surface. Il salue les clients qui entrent et qui sortent, ne fait pas la manche mais au contraire leur propose un tract expliquant comment notre démocratie pourrait être régénérée.
Pourquoi ce père de famille de cinq enfants et grand-père de dix-sept petits-enfants s’est-il habillé en Père Noël et milite-t-il ainsi pour que cela change ?
Vous allez l’entendre, pour lui, tout part de la situation des personnes handicapées et des multiples demandes auxquelles les gouvernements successifs n’ont pas répondu pleinement. Et pour lui, ces revendications prennent leur place dans un contexte plus vaste : pouvoir prendre la parole, dire son mot de ceux qui ont le pouvoir et pouvoir être écouté.
Une fois les ronds-points libérés par les forces de police et de gendarmerie, sur notre territoire sans aucun incident, la balle est dans le camp de l’État.
Au delà du programme économique adopté en urgence, et malgré le montant annoncé (10 milliards d’euros), le président Emmanuel Macron et le gouvernement d’Édouard Philippe, voudront-ils et pourront-ils mettre en œuvre une politique sociale radicalement différente, une réforme institutionnelle donnant la parole au peuple avec le Référendum d’initiative citoyen, l’introduction de la représentation proportionnelle dans les élections nationales ?
Le président de la République et son gouvernement sauront-ils répondre aux attentes de la population (© Pierre Nouvelle).
Comme à Vienne, où les Gilets jaunes ont décidé d’informer sur les marchés aux quatre points où le maire leur a proposé, entre les Roches-de-Condrieu et Saint-Clair-du-Rhône, la distribution de tracts aux portes des commerces est le premier temps d’une campagne électorale.
Elle débouchera mi-janvier 2019 sur un référendum organisé localement sur l’approbation ou le rejet du Référendum d’initiative citoyen comme solution pour permettre à la population de s’exprimer. Une affaire à suivre donc !