Pour la région Savoie : l’Alsace montre la voie

Posté le par dans Coup de gueule

Au col des Aravis, les départements de Haute-Savoie et de Savoie se regardent (© Pierre Nouvelle)

L’Alsace est engagée dans un processus de fusion de ses deux départements, Haut et Bas-Rhin. Un référendum est prévu pour cela dimanche 7 avril 2013, et plus globalement, un débat national est réclamé par un certain nombre d’élus de gauche proche du Front de gauche. En Alsace, ce sont des élus de l’UMP qui poussent à la fusion des deux départements et de la Région où ils ont majoritaires. En Savoie et Haute-Savoie aussi les élus ont mis en place depuis une dizaine d’années une mise en commun des compétences départementales et les chambres d’agriculture ont suivi plus récemment. Aussi, la constitution d’une région Savoie deviendrait-elle plus urgente ? Argumentaire en faveur d’une région Savoie développée par Laurent Biondaz, secrétaire général du Mouvement Région Savoie (MRS). Le MRS est un groupement politique membre de la majorité des élus rhonalpins, région animée par une liste unitaire de gauche dirigée par le président socialiste Jean-Jack Queyranne.

Par Laurent Blondaz

La réforme territoriale prévue pour la fin de cette année, risque fortement de faire perdre de nombreuses compétences aux conseils généraux de Savoie et Haute-Savoie, au profit d’une centralisation régionale. Les Savoyards auraient beaucoup à y perdre. Le projet prôné par le Mouvement région Savoie (MRS) remonte à la surface. Plusieurs élus réagissent. Après Michel Charlet en décembre, Hervé Gaymard a appelé de ses vœux à rassembler les Savoyards. Et très récemment, Bernard Tardy, maire d’Echevenex, a déclaré souhaiter que le pays de Gex rejoigne la Haute-Savoie pour une meilleure gestion de la couronne genevoise.

Parmi les réformes entamées depuis l’élection de François Hollande en mai dernier. Il y a celles qui sont fortement médiatisées : le mariage pour tous, la fiscalité, la refonte de l’école… Il est en revanche une question qui n’émeut guère l’opinion publique : la réforme des institutions territoriales. Certes, la cinquième république française n’a rien d’une démocratie participative : en dehors des périodes électorales, les Français n’ont pas d’autres choix que de faire confiance à leurs représentants, d’autant plus que la question territoriale est technique. Pourtant les conséquences sur le quotidien des citoyens sont majeures. Comment seront répartis les services médicaux, scolaires, universitaires, sociaux ? Qui pourra décider de nouvelles infrastructures de transport sur notre territoire ? Comment seront gérés et affectés nos impôts ? Comment seront redistribués les fonds européens ?

Prendre exemple sur l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche ?

Toutes ces aspects sont la conséquence de l’organisation territoriale. Le MRS s’emploie à dire qu’au regard de nos voisins suisses, allemands, autrichiens, notre organisation territoriale, est très insatisfaisante. Les lieux de décisions étant principalement Paris et Lyon, elle est trop centralisée, éloignée des besoins des citoyens, privée de leur contrôle, et au final exposée aux abus de pouvoirs et conflits d’intérêts.

Quelles seront les conséquences de cette nouvelle réforme territoriale annoncée par François Hollande ? Paradoxe : l’acte III de la décentralisation risque fortement de pousser encore plus à une centralisation en direction de métropoles régionales. Les départements de Savoie et Haute-Savoie nous ont habitués à prendre en charge des compétences que la région Rhône-Alpes n’assumait pas sur notre territoire. L’enseignement supérieur en est l’exemple le plus flagrant. Tous les locaux récents de l’université de Savoie ont été financés par nos conseils généraux, alors que la charge revenait à la région ou à l’État. En outre, la part de subventions régionales allouée à la Savoie pour la recherche et les formations supérieures est proportionnellement dérisoire. Lyon, Grenoble, et Saint-Étienne se partagent la quasi intégralité de cet important poste budgétaire.

Aix-les-Bains, Chambéry ou Annecy, quelle sera demain la capitale de la région Savoie ? (© Pierre Nouvelle)

La région Savoie, bientôt une solution

La nouvelle réforme affaiblira les départements, qui sont appelés à renoncer à ces initiatives, et à perdre de nombreuses compétences. La perte de la clause de compétence générale les réduira à être des guichets sociaux.

Dans les Pays de Savoie, des élus s’inquiètent et viennent récemment de l’affirmer. La région Savoie que nous prônons depuis quatre décennies s’avère maintenant être une solution qui intéresse de plus en plus de responsables politiques.

Le 17 décembre dernier, Michel Charlet, conseiller général et ancien maire de Chamonix, a exprimé devant le Conseil général de Haute-Savoie le souhait que soit réétudiée très prochainement la possibilité de fusionner nos deux départements et de créer une région Savoie.

Le 10 janvier Hervé Gaymard, député de la 2ème circonscription de Savoie et président du Conseil général de Savoie, exprimait publiquement son souhait d’un regroupement de la Savoie et de la Haute-Savoie en une seule entité. De son côté, Vincent Rolland, conseiller général de Savoie et co-président de l’association Savoie Mont Blanc Tourisme déclarait le même jour que celle-ci pourrait servir de modèle à la prochaine réussite d’un département savoyard unique. Enfin, tout dernièrement, Bernard Tardy, maire d’Echevenex (Ain) émettait le vœu que le Pays de Gex s’associe à la Haute-Savoie.

Depuis la Tournette, on regarde les Bauges… (© Pierre Nouvelle)

Un territoire à définir

Il est temps de se rassembler pour définir l’entité territoriale la plus efficace pour notre espace de vie, cet espace évident rassemblant les deux départements savoyards, le Pays de Gex, les communes du Bugey et de l’Isère limitrophe qui seraient désireuses de s’y associer. Pour ce territoire, exigeons des administrations efficaces, proches des habitants : un rectorat des pays de Savoie, une université autonome, un schéma de santé régional, une entité décentralisée apte à résoudre l’imbroglio transfrontalier avec Genève… Imaginons une structure qui ne participe pas à la confiscation du pouvoir mais qui permette d’exercer librement nos droits face aux institutions.

Aucune organisation administrative n’est sacrée, gravée pour l’éternité dans le marbre. A nous de dessiner celle qui nous correspond, il en est temps maintenant.

http://www.alterinfo.net/Reforme-territoriale-l-appel-des-200_a88013.html

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