Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
A Avignon, les festivals, off et in, entrent dans leur dernière semaine de spectacles. Dans le 56e festival off où se déploient quelque 15 500 compagnies, nous avons découvert des pépites que nous voudrions livrer à votre attention. Suivez le guide !
Ce lundi 25 juillet 2022, ce sera la troisième et dernière représentation de la pièce Ukraine, mon amour au théâtre de la Condition des soies. Rendez_vous à 11 heures pour ce duo et cette mise en abime entre la comédienne ukrainienne Irina Lytiak et son complice François Mayet. Deux histoires vécues simultanément, celle d’un spectacle qui fut créé en deux semaines au début du printemps 2022, dans la foulée de la guerre déclenchée par la Russie en terre d’Ukraine.
Duo d’acteurs et mise en abime historico-théatrale
Un vécu très personnel d’Irina en lien avec ses proches, restés tout à la fois en Ukraine et en Russie. C’est l’imbrication de deux histoires nationales, la primauté historique de la langue ukrainienne et le coup de force permanent du pouvoir russe, et cela depuis des siècles.
En jouant le candide, le comédien François Mayet convie sa partenaire à faire tomber les idées fausses, et avec beaucoup d’humour de laisser percer sa compassion pour son peuple opprimé.
Ukraine, mon amour parle aux spectateurs qui, les 11 et 18 juillet, ont ovationné longuement ce spectacle. Généreusement accueilli en dernière minute par Anthéa Sogno, directrice de la Condition des soies, Ukraine, mon amour évoque d’autres pays où la question des langues a divisé les populations.
Au sortir du spectacle Maria Lopez y Villerba, évoque l’Espagne, son pays d’origine, où le dictateur Franco avait interdit les langues basque et catalane et réprimé leurs peuples.
La question du pouvoir est un thème éternel. Depuis le théâtre antique, l’exercice de la gouvernance des peuples a souvent été le sujet de nombreuses pièces de théâtres ou chorégraphies.C’est le cas d’Iphigénie, tragédie grecque revisitée par le classique Jean Racine. C’est une nouvelle lecture de la pièce d’Euripide qui est présenté parmi vingt-cinq spectacles à Présence Pasteur, un lieu animé par le Théâtre de l’Espoir. Sur un texte du dramaturge Jean-René Lemoine, Serco Aghian propose une mise en scène étonnante où excelle la comédienne Lise Royo.
Pascale Hertzberg était enthousiaste après la présentation d’Ukraine, mon amour. A la porte de la Condition des soies, elle déploie la même énergie pour vanter les attraits de la pièce Iphigénie.
Autre drame que celui de la tuerie du Bataclan de novembre 2015, dont le procès des auteurs s’est clos il y a quelques semaines. Élisabeth Gentet-Ravasco a été personnellement affectée par cet événement tragique.
A fleur de peau, elle a écrit Après le Chaos dont elle a confié l’interprétation à son amie Véronique Augereau. Elle déflore le texte et la pièce qui est mise en scène par Stéphane Daurat.
L’art dramatique sait se déployer entre comédie et tragédie et le 56e festival off d’Avignon abonde de propositions.
Mais cette manifestation prolifique offre aussi d’autres facettes de la scène, tel le clown ou la magie. C’est un style sur lequel joue Clément Blouin, qui de l’avenue Jean Jaurès à la salle du Palace, capte l’attention des spectateurs-trices par la poésie que dégage sa prestation.
Notez-le :
Ukraine, mon amour, texte et interprétation de Irina Lytiak et François Mayet, dernière représentation lundi 25 juillet 2022, 11h, la Condition des soies
Iphigénie, Lise Royo-Jean René Lemoine et Serco Aghian, Présence Pasteur, jusqu’au 29 juillet, 21h30 (réservations : 04 32 74 18 54 et 06 32 74 21 85)
Après le Chaos, Véronique Augereau-Elisabeth Gentet-Ravasco et Stéphane Daurat, Théâtre des Barriques, 18h25, sauf le mardi (réservation : 04 13 66 36 52)
Comme par magie, Clément Blouin, Théâtre Le Palace, jusqu’au 26 juillet, 15 heures (réservations : 04 84 51 22 25)
(à suivre)
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