Compostelle : malgré l’accident, la ferveur du pélerinage

Posté le par dans Grand angle

Par Jean-François Cullafroz

Un tragique accident ferroviaire a  endeuillé jeudi 25 juillet 2013 le Nord-Ouest de l’Espagne. Près de 80 personnes ont été tuées, pour 220 se trouvant à bord, suite à un déraillement près de St Jacques de Compostelle. Bien que 2013 ne soit pas une année jacquaire, la foule se presse en cette fin juillet. Parmi eux, des Français que nous avons rencontrés à leur départ du Puy-en-Velay (France).

Jeudi 25 juillet, jour de la Saint-Jacques. La train roule en Galice, tout près de Compostelle et soudain, il déraille dans un virage. Il est 20h42. Les dix wagons de la rame qui arrivait de Madrid déraille, à tout juste 3 kilomètres de la gare de St Jacques de Compostelle. Le jour de fête, jour férié en Galice, se conclut comme un jour de deuil. En quelques minutes, la nouvelle fait le tour du monde. les messages de condoléances affluent, la solidarité s’organise et les veillées de prière se mettent en place. A Rio, la tragédie est aussi connue alors que la journée est bien entamée et que les participants des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) s’unissent autour des délégations espagnoles très fournies.

Les guides sur st jacques et les livres-témoignages abondent (© Pierre Nouvelle).

Hommage international aux victimes

A Compostelle, les pèlerins qui sont arrivés pour fêter le saint Matamore et qui sont encore dans la cité s’associent depuis jeudi soir à cet hommage et ces temps de recueillement. Parmi eux, des marcheurs partis du Puy. Chaque année, ils sont des milliers à prendre la route, depuis la Tour St Jacques à Paris ou de Tours, Vézelay, Le Puy, Arles ou tout simplement de chez eux, quelque part en Europe, ou dans le monde. Car c’est bien à son domicile que débute ce périple. On part seul, en couple ou en groupe. les motivations sont diverses : religieuse ou plus globalement spirituelle, sportive, amicale… Dans les Landes et les Pyrénées orientales, entre Mont-de-Marsan et Dax, les délégations du Secours catholique organisent depuis six ans un voyage de l’espoir ouvert à tous, où les « cabossés » de la vie sont les bienvenus . Un chemin de fraternité comme l’explique le responsable départemental du Secours Catholique-Caritas France.

Randonnée physique et chemin intérieur

Le voyage de Compostelle est une démarche souvent très personnelle. Une fois arrivé à St Jacques, on a souvent envie de repartir. Ainsi, Agnès et Martine parvenues en Galice un jour d’octobre, et qui en juin dernier, ont rejoint à nouveau le Puy pour accomplir les étapes qu’elles avaient manquées lors d’un voyage accompli par morceau. Pour Martine, le parcours est non seulement dans les pas avancés un à un, mais aussi un voyage intérieur.

Certains franchissent l’Atlantique pour prendre le chemin, alors que leur pays abondent de sentiers les plus divers. Alexis est de ceux-là, il a quitté le Québec pour effectuer d’une traite l’itinéraire Le Puy-St Jacques. Il témoigne d’un appel irrépressible.

Quel que soit le lieu de départ, les pèlerins se munissent d’une créanciale ou crédential. Une sorte de passeport qu’ils feront composter à chaque étape. Si ce document recèle peu de valeur en France, en Espagne, il s’avère indispensable pour être logé dans es accueils des pélerins. Et puis, en plus, à l’arrivée, il vous permettra d’obtenir la Compostella qui attestera que vous avez fait le chemin. Remise de la créanciale à Agnès et Martine la veille de leur départ dans une des dépendances de la cathédrale du Puy-en-Velay.

Sous les auspices des amis et de l’évêque

Dans les lieux de grand départ, comme dans un certains nombre de halte, ceux qui prennent la route pourront prendre conseil auprès de marcheurs ayant fait le chemin. En France, comme dans de nombreux pays, des associations jacquaires ont développé cet accueil et ces conseils pour ce chemin marqué désormais du sceau de l’Europe.

Elles délivrent, elles aussi le livret (passeport ou crédential) aux pèlerins qui le demandent.

Carnet du pèlerin délivré par les associations des amis de St Jacques ou créanciale catholique, ce document est un véritable sésame, surtout en Espagne (© Pierre Nouvelle).

Anne-Marie Nelva est une des accueillantes du Puy, dans un local des Amis de St Jacques, voisin de la cathédrale. Elle décrit ceux qu’elle accueille quotidiennement, et témoigne aussi de son voyage vers la Galice qu’elle a terminé le 6 septembre 2006.

 

Croyants ou non, la plupart des pèlerins passent par l’office catholique qui va inaugurer leur départ d’un haut-lieu du chemin; Après le temps de culte, c’est souvent l’évêque qui stimule les marcheurs. Ici, au Puy-en-Velay, quand il est là, Mgr Henri Brincard accomplit cette mission. Instants pris sur le vif pour une bénédiction multilingue.

Le chemin de St Jacques est une très ancienne route qui traverse l’Europe et qui est composée de multiples sillons. Une tradition de plus de 1000 ans étroitement liée à l’histoire de l’Eglise catholique. Mgr Henri Brincard le rappelle.

 

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