Cinéma : Mine de rien : fraternité, solidarité, amitié et amour au même creuset…

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Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)

Les gens du Nord ont vraiment l'amitié, la solidarité et la fraternité au coeur comme en témoigne ce film sur l'aventure joyeuse de licenciés de la mine ( © Pierre Nouvelle ).

Les gens du Nord ont vraiment l’amitié, la solidarité et la fraternité au cœur comme en témoigne ce film sur l’aventure joyeuse de licenciés de la mine ( © Pierre Nouvelle ).

Mine de rien est sorti sur les écrans ce mercredi 26 février 2020. Il pourrait faire une belle carrière pour peu que le bouche-à-oreille se mette en route. Très proche de la réalité, collant à la situation sociale de chômeurs du bassin minier, entre Loos-en-Gohelle, Lens et Liévin, ce long métrage ne tombe pas dans le misérabilisme. Au contraire, l’humour et le rire créent des espaces de respiration au cœur de situation difficile où l’amitié et l’amour sont toujours présents. Si Arnaud Ducret crève l’écran, ce long métrage comique doit beaucoup à toute l’équipe qui l’entoure, à commencer par le réalisateur Mathias Mlekuz et ses co-scénaristes  Cécile Telerman et Philippe Rebbot.

Quand on voit Arnaud Ducret à l’écran, revient inévitablement une séquence de Parents, mode d’emploi, un feuilleton développé sur France 2 entre  2013 et 2018. On oublie que sa carrière ne se limite pas au petIt-écran. De même, si l’on veut se souvenir du nord de la France, Bienvenue chez les Chtis et Dany Boon avec Kad Merad en acteur-fétiche sont les premiers cités.

On occulte que Le Nord-Pas-De-Calais a accueilli 150 films en 80 ans, et que le nombre de tournages se sont multipliés, avec des comédien.ne.s issu.e.s du cru et qui ont pris une envergure nationale, telle Corinne Masiero, qui ne se limite pas et de loin au rôle de capitaine Marleau.

Depuis les premières industries du 19e siècle, le Nord-Pas-de-Calais a été une terre de luttes ouvrières ( © DR/UGC distribution ).

Depuis les premières industries du 19e siècle, le Nord-Pas-de-Calais a été une terre de luttes ouvrières ( © DR/UGC distribution ).

A l’instar de Germinal, Quand la mer monte et Les Invisibles, Vent du Nord, Mine de rien est un hommage aux humbles en mettant en exergue leur dignité, et leurs actions solidaires et fraternelles. « Vous êtes de belles personnes », dit le formateur de ces chômeurs qui ont été licenciés par une entreprise internationale, et dont les pères ont été largués par les Houillères.

Au Nord, c’était les corons…

On voit des terrils enneigés, des corons (le film débute d’ailleurs sur un couplet de Mon vieux, la chanson de Daniel Guichard). On revit des histoires d’amour. des couples se déchirent, puis se reconstituent, des liaisons se nouent, et un père retrouve ses deux ados…

On trouve des formations inutiles, des entreprises à la recherche de l’effet d’aubaine, une maire incompréhensive, des fins de mois avec le compte bancaire postale à sec, la suppression du RSA, les tracasseries administratives. Heureusement, il y a un vécu quotidien assis sur une histoire ouvrière qui relie les grèves de 1947 et la défense prudhommale d’aujourd’hui, la solidarité de militants CGT pour faire démarrer un parc de loisirs.

Bravo à la quinzaine d’acteurs qui font vivre de l’intérieur les difficultés, mais aussi les grandeurs de cette région ouvrière. Ce film sonne vrai et pourrait être tragique… mais le jeu d’Arnaud Ducret, Mélanie Bernier, Philippe Rebbot, Marianne Garcia, Cyril Aubin, Mohamed Makhtoumi, et dans un rôle assez désagréable Rebecca Finet, Sophie Bourdon, et Anthony Lequet qui joue ici dans son premier film.

Vaincre la fatalité du chômage, ses serrer les coudes pour rendre concret les fruits de leur imagination... une voie que ces ex-ouvrier.e.s mettent à l'épreuve ( © DR/UGC distribution ).

Vaincre la fatalité du chômage, ses serrer les coudes pour rendre concret les fruits de leur imagination… une voie que ces ex-ouvrier.e.s mettent à l’épreuve ( © DR/UGC distribution ).

De cette belle équipe, il faut souligner la présence exceptionnelle de Rufus et d’Hélène Vincent, qui revient sur les terres de La Vie est un long fleuve tranquille , anciens amants qui se retrouvent pour finir amoureusement leur vie. D’aucuns pourront trouver cette histoire trop « bisounours » ! N’empêche, ancrée dans notre terroir, elle témoigne de gestes fraternels qui conduisent à faire tomber les barrières, y compris entre ouvriers et ingénier, syndicaliste et pseudo-briseur de grève.

Après des rôles d’acteurs dans une vingtaine de pièces de théâtres et près de cinquante au cinéma et à la télévision, Mathias Mlekuz signe un très beau long-métrage. Près de 90 minutes qui passent allégrement dans la joie et les rires, et les effets de paroles bien senties à l’égard de puissant.e.s qui abusent de leurs statuts et de l’autorité qu’ils-elles en tirent.

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