Cinéma (3) : avec CinéClap , un festival de sept films art et essai, du 16 au 22 septembre 2020 à Vienne

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Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)


Avec le film Né à Jérusalem (et toujours vivant), on visite tout à la fois l’histoire de cette cité israélienne, et d’un jeune homme en rupture avec son père ( © DR/ Shai Goldman ).

L’association viennoise CinéClap va retrouver avec plaisir les spectateurs, et ses adhérents en particuliers à l’occasion du festival de rentrée du 16 au 22 septembre 2020. Le multiplexe Amphi organisera, comme il le fait à l’habitude, la projection de sept films art et essai. CinéClap, qui a ordonnancé la programmation, proposera de voir des films sortis depuis le début 2020, mais que la pandémie a confiné autour d’un nombre restreint de cinéphiles. Présentation du programme.

Réalisatrice, scénariste, productrice de cinéma, Alice Guy-Blaché, reste pour beaucoup une inconnue. Et pourtant, à partir de l’invention des frères Lumière en 1895, elle a beaucoup fait pour le cinéma en France et aux États-Unis.

Une pionnière aujourd’hui ignorée

Cette femme assistait à la première projection d’Auguste et Louis Lumière à Paris. Dans leur foulée, cette secrétaire écrira des histoires qu’elle portera à l’écran. Pionnière, elle utilisera des techniques novatrices : gros plan, coloration des films à la main, son synchronisé…

Première femme réalisatrice, productrice et directrice de studio de l’histoire du cinéma, Alice Guy-Blaché est le sujet de Be Natural, un documentaire de Pamela B. Green, mené tambour battant. Cette enquête à Hollywood et parmi les descendants de cette cinéaste, est déployé par le commentaire de Jody Foster.

Franco-américaine, Alice Guy-Blaché a été pionnière, de la conception des scénarios à la réalisation, en passant par la mise en œuvre technique ( © DR/ France Info ).

Be Natural ouvrira ce festival de rentrée, et sera l’occasion d’une soirée spéciale jeudi 17 septembre à 19 heures. Consacrée à l’histoire du cinéma, elle sera présentée par Pierre Domeyne, un des animateurs de l’association CinéClap.

Six autres films seront au programme de cette semaine de rentrée. Deux films allemands alterneront avec deux longs métrages du registre hispanique, un espagnol et péruvien, un film américain et un israélien.

La tragédie des mères

Avec Madre, Rodrigo Sorogoyen signe un film hispano-français, qui s’inscrit dans un florilège de quatorze œuvres cinématographiques et télévisées ( © DR/ Le Pacte ).

Sélectionnée à la Mostra de Venise en 2019, cinquième long-métrage du Madrilène Rodrigo Sorogoyen, Madre adopte la forme d’un film à suspense pour camper le vécu d’une mère éplorée.

Son fils a disparu dix ans plus tôt sur une plage des Landes où elle est revenue travailler, et un jour croit l’apercevoir en la personne d’un adolescent..

Avec Cancio sin nombre (Chanson sans titre), film péruvien, Melina Leon narre aussi une relation maternelle tragique. celle d’une quête d’une mère dont l’enfant est enlevé à sa naissance.

Un sujet que lui a inspiré son père journaliste, co-fondateur de la Republica. Ce long métrage n’est pas une pure fiction puisqu’il s’appuie sur le vol bien réel de bébés dans les années 80 pour alimenter une chaîne de traite infantile. Un film politique réalisé en noir et blanc qui met en lumière la situation de femmes des quartiers pauvres…

… et celles des enfants

La cheffe-monteuse, réalisatrice et productrice porte à l’écran la tragédie vécue par de nombreuses mères dont les enfants leur ont été enlevés pour alimenter des trafics ( © DR/ Médiapart )

C’est une autre quête qu’évoque Benni. Celle d’une enfant de neuf ans, balancée entre services sociaux et foyers où elle est placée. La violence qui l’anime n’est pas sans lien avec la relation avec une mère négligente. Heureusement, Benni trouve sur son chemin, Micha, un éducateur.


Nora Fingscheidt signe ici son premier long métrage qui est une bonne réalisation pour cette réalisatrice pas encore trentenaire ( © DR/ AD Vitam ).

Il y a l’aventure des parents, mais aussi celle des enfants, et l’on vibrera fort avec le parcours de Scott que distille The King of Staten Island, dernier film de Judd Apatow. Il décrit l’histoire d’un jeune new-yorkais qui a perdu son père pompier à l’âge de sept ans.

En proie à une relation difficile avec Margie, sa maman, Scott va se relever grâce au nouveau compagnon de sa mère. Grâce à lui et ses amis de la caserne, il découvre qui était ce père que le feu lui a enlevé bien trop tôt.

Le film pourrait prendre un tour dramatique, mais grâce au talent du réalisateur, fan des Marx Brothers, c’est finalement la dimension comique qui l’emporte.

La comédie permet de transcender les aspects tragiques et douloureux de la vie comme en atteste le dernier film de Judd Apatow ( © DR/ Apatow Productions ).

Né à jérusalem est de la même facture. Yossi Atia et David Olek y racontent un road movie urbain, situé dans la seule rue de Jaffa. Réalisateur et acteur, Yossi Atia met en confrontation trois histoires.

Yossi fait se culbuter la vie d’un jeune homme aux prises avec le passé tragique de Jérusalem, la relation d’un fils avec son père, et enfin sa découverte d’une jeune étudiante revenue dans sa ville et qui le fera sortir d’un enfermement qui aurait pu être mortifère.

Et un polar à l’allemande

Avec Lands of murders, c’est dans une région de l’ex-Allemagne de l’Est que se situe le parcours de deux policiers enquêtant sur la disparition de deux adolescentes. Tout oppose Patrick Stein et Markus Bach, deux flics à l’allure et aux méthodes divergentes. Mais, c’est cette opposition tangible qui va faire progresser leur quête de vérité.

Avec ce long métrage de deux heures, le réalisateur Christian Alvart, qui situe cette histoire en 1991, a voulu mettre en lumière « le traumatisme lié à la réunification allemande ».

Avec Lands of murders, l’ex-journaliste Christian Alvart signe son onzième film, adapatation dans l’Allemagne réunifié d’un film espagnol La Isla minima d’Alberto Rodriguez ( © DR ).

Un grand bravo !

On ne peut que remercier l’association viennoise CinéClap d’avoir concocté cette programmation. des films qui allient comédie et tragédie sur un fond socio-politique avéré, et sans jamais quitter la dimension psychologique qui structure les personnes. Remerciement aussi aux propriétaires du cinéma viennois Amphi de consacrer une place aux films art et essai.

Avec des réalisateurs dont certains ont inscrit leur nom dans les séries télévisées de leur pays, ce festival resitue leurs œuvres dans la foulée d’une histoire du cinéma en pleine mutation et qui a trouvé des ressorts dans l’aventure de la pionnière Alice Guy-Blaché.

Festival de rentrée CinéClap : du 16 au 22 septembre 2020, Cinéma Amphi à Vienne (Isère).

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