Viticulture (4) : Entre Côte rôtie et Condrieu, Stéphane Ogier voit évoluer les pratiques à la vigne et à la cave

Posté le par dans Autant en emporte le vin

Par Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien de Genève)

 » En avril ne te découvre pas d’un fil « ... Le dicton s’est à nouveau vérifié dans les premiers jours d’avtil 2021, un brusque coup de gel ayant laminé les bourgeons de la vigne et les fleurs des arbres fruitiers, du nord au sud de la Vallée du Rhône (© Pierre Nouvelle).

Les récentes gelées printanières en attestent… si besoin en était : le réchauffement climatique est bel et bien là, et se traduit diversement sur les terroirs. En Vallée du Rhône, les pluies se sont raréfiées, la sécheresse étend sa présence, et les périodes de froid et de neige quasi absentes l’hiver, font des incursions brusques et régulières au printemps, sans oublier la grêle, rare mais souvent très destructrice en juillet ou en août… Alors, après être passés du maraichage et de l’arboriculture à la vigne, les agriculteurs doivent s’adapter aux aléas de la météo et plus globalement au réchauffement climatique. Rencontre avec Stéphane Ogier, un Ampuisais qui travaille ses vignes de Seyssuel (Isère) à Condrieu (Rhône).

Du nord au sud, le département du Rhône et la vallée de ses deux fleuves voient se déployer depuis deux millénaires des vignobles de plus en plus prisés (© Pierre Nouvelle).

Le département du Rhône est une terre ancestrale pour la vigne qu’a apporté ici la colonisation romaine. Des crus du Beaujolais les plus septentrionaux à ceux de la Côte Rôtie et du Condrieu, les vallées de la Saône et du Rhône et les collines qui les bordent sont des terroirs de qualité.

Nous ne saurions oublier les Côteaux du Lyonnais, qui depuis la vallée de la Brévenne aux vallons de Millery et Taluyers, produisent d’excellentes cuvées où le cépage gamay se taille le part belle face à la syrah et au viognier.

Les terres alluviales en bordure du fleuve Rhône, traditionnellement dévolues au maraîchage et aux abricotiers, laissent de plus en plus souvent la place aux ceps de vigne, qui ont quitté les coteaux pour un entretien moins escarpé (© Pierre Nouvelle).

En ces lieux, comme dans beaucoup d’autres exploitations françaises et du monde, les modifications du climat sont notoires. A Ampuis (Rhône) sur des terrasses les plus septentrionales des Côtes du Rhône, la culture du sol et les soins apportés à la vigne ont dû être adaptés.

u
Né à Ampuis (Rhône), Stéphane Ogier est resté au village où il a étendu la propriété familiale qui s’est étendue à des communes voisines comme Condrieu (© Pierre Nouvelle).

Après un BTS viticulture-œnologie à Beaune (Côte d’Or), et une première expérience en Australie, Stéphane Ogier a rejoint la propriété familiale que lui a transmis son père Michel, lui-même héritier de sept générations.

Depuis 1997 sur l’exploitation, il détaille les adaptations des pratiques à la terre, auxquelles la nature l’a conduit.

Toutes en terrasses, les vignes de la Côte brune et de la Côte blonde connaissent des aléas climatiques qui nécessiteront des adaptations sur le long terme.

Ici, en côte rôtie, même sans observer le cahier des charges bio, les pratiques agricoles ont dû s’adapter, et l’usage des produits phytosanitaires a dû être limité.

Stéphane Ogier suit de près les macérations des jus, puis l’élevage des vins produits à partir de la trentaine d’hectares qu’il a en propriété. Il détaille là encore l’évolution indispensables des pratiques à la cave.

Avant d’être récoltées puis vinifiées, le fruit de la vigne connait des modifications de l’entretien des sols comme des plantes (© Pierre Nouvelle).

Depuis sa sortie du lycée viticole beaunois, et après son expérience australienne, ce quadragénaire effectue un retour sur son expérience professionnelle alors qu’il prépare sa vingt-cinquième récolte.

Fort des enseignements qu’il tire de sa pratique, ce vigneron comme d’autres collègues des terroirs de côte rôtie, condrieu et saint-joseph a traversé le Rhône.

Ainsi, avec l’association Vitis Vienna qu’il préside, il ne désespère pas que leurs nouvelles acquisitions obtiendront une appellation d’origine contrôlée vins des collines rhodaniennes.

Une démarche à laquelle s’est ajoutée récemment la mise en culture d’une parcelle au-dessus du théâtre romain de Vienne (Isère), qu’il suit en coopération avec son collègue Pierre-Jean Villa, vigneron à Chavanay, et sous l’œil attentif de la municipalité de cette commune dauphinoise.

Avec le retour des coquelicots, les traitements moins agressifs pour la nature pourraient ouvrir la voie à des démarches plus écologiques(© Pierre Nouvelle).

(à suivre)

Viticulture (5) En terre bourguignonne…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *