Vins et alimentation bio (4) : quel avenir ?

Posté le par dans Autant en emporte le vin

Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)

Avec ses usines chimiques et ses centrales nucléaires, la Vallée du Rhône est un bon exemple de territoire où des pratiques industrielles nouvelles devraient être instaurées ( © Pierre Nouvelle ).

Avec ses usines chimiques et ses centrales nucléaires, la Vallée du Rhône est un bon exemple de territoire où des pratiques industrielles nouvelles devraient être instaurées ( © Pierre Nouvelle ).

Il n’est pas un jour où, dans les médias audiovisuels ou la presse écrite ou numérique, et dans nos conversations individuelles et collectives, la question de l’avenir de l’humanité et de la planète ne soit évoqué. Dans ce cadre, les changements de modes de vie global et personnel, en termes de production économique, de déplacements et d’alimentation sont posés. A ce titre, l’agriculture et sa dimension biologique et biodynamique est à l’ordre du jour. Des préoccupations écologiques détaillées par des consommateurs adeptes d’une alimentation plus saine et de viticulteurs soucieux d’un meilleur respect de l’environnement, tous croisés à Condrieu (Rhône), lors du 7e Salon des vins bio Auvergne-Rhône-Alpes.

Proposer une alimentation bio était le minimum pour cette manifestation qui présentait des vins biologiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes ( © Pierre Nouvelle ).

Proposer une alimentation bio était le minimum pour cette manifestation qui présentait des vins biologiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes ( © Pierre Nouvelle ).

Une trentaine de vigneron.ne.s présentaient leurs produits lors de la 7e édition des vins bio Auvergne-Rhône-Alpes, salle de l’Arbuel à Condrieu (Rhône) du 29 février au 2 mars 2020.

Près de 2 000 personnes ont fréquenté ce salon durant les deux jours et demi de son déroulement. Des adeptes du bon vin mais aussi de productions écologiques. dans les allées, nous avons croisé Max et Hilary Skubich. Max est d’origine polonaise et Hilary du Royaume-Uni.

Un parcours écolo : des maths à la micro-brasserie…

Au terme d’un parcours de professeur de mathématiques, Max a lancé la première brasserie dans les Monts du Pilat à Saint-Julien-Molin-Molette. Depuis sa création il y a un quart de siècle sur le versant rhodanien du Pilat, la brasserie s’est développée et modernisée, Max a transmis son entreprise à son fils Thomas, et a fait école puisque d’autres brasseurs se sont eux-mêmes lancés dans l’aventure dans les départements de la Loire et du Rhône voisin, avec un nombre croissant de micro-brasseries en Auvergne-Rhône-Alpes.

La particularité de la pionnière Brasserie du Pilat est d’avoir choisi la voie artisanale et biologique dès le départ. Hilary et Max des consommateurs écolos à part entière ? Ils s’expliquent.

Effectuer une conversion au bio : un choix qui engage

Si le choix d’une alimentation différente, et parfois plus chère, est une voie difficile pour les consommateurs, passer d’une agriculture conventionnelle à un mode de production biologique n’est pas aussi un sentier de roses.

Sur le 7e salon des vins bio, deux viticulteurs ont un peu levé le voile sur leurs parcours respectifs.

C’est tout d’abord le cas de François Subrin. Longtemps, il a été un responsable professionnel en vue dans le Beaujolais. Responsable national des Maisons familiales rurales (MFR), il était aussi au nombre des militants actifs de l’Union viticole du Beaujolais (UVB), partenaire social du groupement des négociants au sein de l’UIVB (Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais).

Il a été de beaucoup de combats de ce terroir. Mais au fil de la perte d’attractivité de l’événement Beaujolais nouveau », des suicides de collègues et d’arrachage de vigne, et de surcroît de l’introduction de la machine à vendanger, il a décidé de changer de fusil d’épaule.

Avec l’aide de son épouse Marie-Thérèse, férue en biochimie, et salariée du laboratoire œnologique départemental de la Chambre d’agriculture du Rhône, il a entrepris de se passer de produits phytosanitaires et d’adopter la méthode biodynamique. Il explique cette évolution personnelle qu’aujourd’hui sa fille Florence et son neveu Geoffroy amplifient sur le domaine du Crêt-de-Bine à Sarcey (Rhône).

Comme ses amis du Beaujolais, lui aussi adepte du gamay, cépage de référence de l’appellation Côteaux-du-Lyonnais, Henri Jullian est l’héritier de quatre générations de travailleurs de la vigne. Sur le domaine de Prapin qu’il va transmettre d’ici la fin de cette année, il a lui aussi effectué sa conversion. Un passage longuement mûri pour cet exploitant, qui est passé de la polyculture et de l’élevage à la monoculture vineuse.

Installé à Taluyers (Rhône), dominant la vallée du Rhône, il a aussi diversifié sa production, en adoptant le cépage gamaret, qu’il cultive aussi en viticulture biologique et en biodynamie. Pour lui, la dimension biologique de ses pratiques démarre du sol et imprègne toute la vinification. Détails de son quotidien professionnel.

En matière alimentaire, même si les habitudes des jeunes générations changent, le vin reste un des produits-phare. Les changements dans les vignes et à la cave ne sont pas sans répercussion sur l’ensemble des productions agricoles en bio.

On aura l’occasion de s’en rendre compte lors du prochain Salon Primevère, qui, pour la 34e année, rassemblera écologie et alternatives du 6 au 8 mars sur le site d‘Eurexpo à Chassieu (Rhône).

 

(à suivre)

Notre prochain article : Vins bio (5) : toute l’alimentation et les produits au Salon Primevère

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