Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier(Genève)
Pour le quatrième année, les vignerons de la région viennoise, réunis dans l’association Vitis Vienna, tenaient salon à Seyssuel (Isère) et fêtaient les pressailles. Une bonne occasion pour ce terroir en quête d’une appellation d’origine contrôlée de faire valoir ses atouts auprès des élus locaux et des représentants de l’Etat. Un moment idéal aussi pour accueillir officiellement de nouvelles et nouveaux vigneronnes et vignerons. Quatorze membres des dix-huit membres de l’association ont présenté au public le fruit de leur première récolte. Visite dans les vignes sur les hauts de la vallée du Rhône et rencontre avec de jeunes professionnels du vin.
A l’époque romaine, les pentes de la vallée du Rhône étaient emplies de vignes, du sud d’Avignon au nord de Vienne, et de Nîmes à Lyon. Une culture que les populations latines avaient apportée dans leurs bagages de conquérants. Depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, Yves Cuilleron, Pierre Gaillard et François Villard, un trio de viticulteurs venus de Chavanay (Loire) est passé des vignobles de la rive droite aux flancs de la rive gauche, sur la commune de Seyssuel, entre les communes de Chasse-sur-Rhône et de Vienne.
Ils ont apporté avec eux les mêmes cépages : la syrah avec qui ils produisaient le cru saint-joseph et le viognier qui est le cœur du cru condrieu. Là, sur les pentes qui dominent la vallée du Rhône, la zone artisanale et l’autoroute, sous les murailles de l’ancien château, ils défrichent quelques arpents.
En deux décennies, les pères fondateurs ont attiré autour d’eux une quinzaine d’autres amoureux de la terre. On trouve côte à côte des et des vigneronnes et des vignerons déjà installé.e.s dans la profession, et d’autres qui font ici leurs premières armes. Toutes et tous sont passé.e.s par des écoles d’agriculture, à Montpellier, Davayé (Mâcon), Rouffach, Beaune… Et après des baccalauréats et BTS en viticulture, œnologie, et des stages en France comme à l’étranger (Chili, Afrique du Sud, Etats-Unis, Canada…), ils sont revenus au pays, et développent le terroir sur une quarantaine d’hectares.
Soleil et vent, cépages et terroir schisteux unis pour des vins de qualité
Stéphane Ogier est en viticulture depuis une vingtaine d’années. Il a succédé à son père Michel sur la propriété familiale Tout en développant son affaire avec un nouveau chai ouvert il y a un an à la sortie d’Ampuis, il se donne à l’association Vitis Vienna qui fédère les énergies de cette troupe jeune et fougueuse.
Alors que s’ouvrait le 4e salon dans la salle des fêtes L’Atrium de Seyssuel (Isère), il précise où en est cette entreprise collective, qui aspire à voir reconnaître ce terroir par l’attribution d’une appellation d’origine contrôlée (AOC) dénommée appellation d’origine protégée par les instances européennes.
Le retour de l’agriculture en zone rurbaine
A la fin du 19e siècle, plus d’une centaine d’hectares était cultivée en vignes sur la commune de Seyssuel; Avec l’arrivée d’un insecte, le phylloxéra, et de la maladie dont il était porteur, le vignoble a décliné, et les agriculteurs se sont reconvertis dans une petite polyculture. Les céréales, les arbres fruitiers et le maraichage avaient pour objet de nourrir la population de la grande agglomération lyonnaise qui allait en croissant, et où un certain nombre de paysans partirent travailler.
Autant qu’aujourd’hui, le maire de Seyssuel, commune intégrée à Viennagglo, est aujourd’hui comblé en voyant des cultivateurs venir travailler la terre de cette région qui n’est souvent qu’une commune-dortoir.
Après l’accueil du président Stéphane Ogier, c’est donc Frédéric Belmonte, le maire de Seyssuel, qui a souhaité la bienvenue. Il venait de parcourir les vignes e compagnie des représentants de l’Etat et s’est réjoui du développement agricole, qui contribue à donner une nouvelle image à sa commune.
Nouvelle appellation d’origine-contrôlée-protégée et protection de la nature…
Le préfet de l’Isère, Lionel Beffre était de la visite sur le terrain, en compagnie de sa collègue Florence Gouache, sous-préfete de Vienne, et des élus locaux dont, Claude Bosio, le maire de Chasse-sur-Rhône et Michèle Cédrin, première adjointe au maire de Vienne.
Réintroduire une culture sur un territoire suppose de concilier cette pratique avec les nouveaux règlements et impératifs comme ceux liés à l’écologie et à la protection de la Gagée du rocher, plante spécifique sur ce territoire.
Au risque de déplaire aux associations de protection de l’environnement, telle la fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna), le préfet de l’Isère n’a pas pris d’arrêté de protection de biotope, et samedi, il s’est engagé publiquement à faire avancer la reconnaissance du travail des viticulteurs.trices au plus sommet de l’Etat.
De jeunes pousses et de jeunes vigneron.ne.s entreprenant.e.s
Après le repas qui réunissait les artisan.e.s de la vigne, place au 4e salon, vers qui ont convergé plusieurs centaines de personnes. Pour cela, outre la route, c’est par des parcours pédestres et cyclables qu’ils ont convergé vers l’Atrium. Là, ils ont pu déguster et dialoguer.
Au nombre des vigneron.ne.s présent.e.s, huit nouveaux dont un certain nombre ont choisi la culture biologique. Parmi eux, Sophie Eymin et Kevin Tichoux. Ils se sont rencontrés lors de leurs études au lycée viticole de Montpellier. A la sortie; ils ont décidé de mener leur barque ensemble, et Kevin, le Nîmois, est monté plus au nord, pour rejoindre les parcelles de terre que cultivait jadis le grand-père de Sophie. Pour se lancer, ils ont fait appel à la solidarité du public. L’affaire a marché au delà de leurs espérances, puisqu’ils misaient sur un apport extérieur de 7 000 euros et quelque 93 donateurs en ont apporté plus de 9 500.
Ils expliquent de concert ce qui les motivent.
A 23 ans Maxime Verzier, est membre d’une famille qui cultive la vigne depuis le milieu du 19e siècle à Chavanay. Alors, aidé de son papa, il vient de mettre en culture une parcelle sur Seyssuel. C’est, Philippe Verzier, le chef de famille qui présente cette installation sur la rive gauche du Rhône? Il parle de la nature du cépage, et du vin qui sera produit à Seyssuel, et aura cette belle nature de syrah qui fait déjà la qualité de l’appellation saint-joseph.
Les vins des membres de l’association Vitis Vienna seront montrés et dégustés à plusieurs reprises dans les mois à venir. Le premier rendez-vous à retenir se situera du 8 au 12 décembre lors du 94e marché aux vins de Chavanay.