Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Les vendanges ont débuté début août pour les vins blancs du Languedoc-Roussillon.Une précocité qui se confirme d’année en année. Ainsi, de l’Aube, pour les vins champenois, à l’Aude, en Minervois comme en Cabardès ou Malepère, l’heure de la récolte a sonné la dernière semaine d’août. En Rhône, le Beaujolais.et les vignes septentrionales de la vallée du Rhône, ont sorti serpettes et hotte aussi en avance. Dans les vignobles de la ou du condrieu, on a débuté classiquement par les vins blancs puis est venu le temps des rouges. Arrêt sur les hauteurs, entre St-Cyr-sur-le-Rhône et Ampuis pour ma première vendange en tant que coupeur. Entretiens avec des vendangeurs et le chef d’exploitation à la tête du Gaec François et fils.
Je suis un amoureux de la terre depuis mon enfance. De l’exploitation de mes oncles et tantes maternelles en Lot-et-Garonne, aux vignobles d’Ayze de ma famille paternelle, en passant par les rudes terres ardéchoises, j’ai fait mes classe vacancières et estivales au contact du terroir et de ceux qui le font vivre.
Côté vignobles, j’y suis revenu, dans le cadre de ma profession de journaliste au début des années 90 à Villefranche-sur-Saône, puis en vallée du Rhône. Puis, j’ai redécouvert les cépages savoyards et les vins suisses de la Côte, du Lavaux dans le canton de Vaud, au dessus du lac Léman, et de la vallée du Rhône, sur les parchets valaisans qui dominent Sion.
Tout vient à point !
En près de trente ans de journalisme dans la presse régionale et nationale, quotidienne, hebdomadaire et mensuelle, en presse écrite, radio et télé, j’ai beaucoup écrit, photographié, enregistré, questionné, dégusté, mais je n’avais jamais vendangé… Tout est donc arrivé à point !
En cette rentrée de septembre 2017, trente ans après avoir présenté dans le quotidien le Dauphiné libéré les vignerons installés autour du château de Seyssuel, une famille d’Ampuis m’a accepté dans sa petite troupe de vendangeurs.
Il est 7 heures, en ce second jour de vendange dans le Gaec François et fils. Le jour se lève à peine, il fait frais mais la température va vite monter malgré le brouillard qui s’élève des bords du fleuve. Il y a une douzaine de personnes réunie autour du trio familial qui va guider la récolte : les deux frères Yoann et Erwann et leur salarié Adrien. Sans oublier Jean-Paul, un Bourguignon, vieil habitué de la maison et qui fera fonction de tuteur pour les novices. Certains ont déjà vendangé, d’autres jamais, un jeune ferronnier, un chimiste, des retraités de l’industrie automobile ou de l’enseignement.
Et la journée de travail débute
7h30, tout le monde a signé son CDD, et est posté au pied du chantier/ La récolte peut commencer. Chacun vendange son rang, mais ceux qui vont plus vite viennent aider les débutants dans la carrière. Une bonne ambiance, au fil de cette récolte faite à la main, et qui fait la pause autour du casse-croûte et de la table déployée par Erwann.
Jeunes et moins jeunes : des vendangeurs aux motivations diverses
Autour des produits régionaux, on prend le temps de faire connaissance et aussi de se confier. Ainsi, Florence exprime sa joie. Elle a toujours rêvé de faire les vendanges et à la retraite, cela lui a été donné.
Pour Corentin et Damien, le salaire gagné lors de cette vendange va mettre du beurre dans leurs épinards. L’un est forgeron d’art, l’autre a en main un BTS de chimiste analytique, mais tous deux sont à la recherche d’un emploi stable, correspondant à leurs qualifications. Pas évident dans la période !
Après les vapeurs venues de la vallée qui ont nappé le coteau, le soleil darde. Le jour de vendange a été choisi en accord avec la météo et ici à 500 mètres d’altitude, on est plus près du ciel. L’épinette va bon train, et le novice essaie de ne pas s’entailler les doigts. Le jus coule sucré sur les mains…
12h30, c’est le temps du déjeuner pris dans le logis des parents, le repas a été préparé par Michelle, la maman, qui ce jour là n’est pas au marché pour vendre les fromages de l’exploitation.
C’est son mari qui est allé en banlieue lyonnaise proposer ses produits issus d’un petit élevage bovin. Comme un certain nombre d’exploitations des hauteurs, le Gaec François et fils joue sur la polyculture, manifestant ainsi la spécificité d’un terroir qui a renoué avec la viticulture depuis un demi-siècle.
Cinq à six semaines pour connaître la tonalité du millésime 2017
L’après-midi se poursuit dans la même:veine sur une commune voisine. L’appellation côte-rôtie est faite de propriétés très parcellisées qui jouent dans trois communes sur moins de cinq kilomètres de long : Ampuis, Saint-Cyr-sur-le Rhône et Tupin-et-Semons.
La journée se termine vers 17h30. La porteuse va ranger sa hotte…
A 18 heures, à la porte du cuvage, tandis que les grappes défilent sur le tapis de l’érafloir. Autour d’un verre, Yoann, le « boss », un jeune père de famille de 33 ans, fait le point sur l’agenda. Demain, la météo s’annonce correcte et il reste deux parcelles à vendanger, avec des raisins nécessaires pour finir d’emplir une cuve…
Alors que la troupe s’égaye vers son domicile, Yoann François prend quelques minutes pour parler de la récolte 2017 et des promesses qu’elle peut contenir.
En attendant la suite, un clin d’œil à mes collègues du Progrès avec des articles parus ce dimanche 17 septembre.
(A suivre)