Par François Dalla-Riva
A Charnas (Ardèche), Laurent Marthouret est un des huit vignerons de la commune (© Pierre Nouvelle).
Laurent Marthouret est vigneron à Charnas, une des dernières communes au Nord du département de l’Ardèche. Au pied du Pilat, il est a la tête d’une exploitation de 10 hectares, il cultive les cépages syrah, viognier, roussanne et marsanne sous les appellations Condrieu, St Joseph et vins de pays.
Avec ses amis Louis Chèze, Georges Treynard et son cousin Pascal Marthouret, il s’est lancé en 2000 dans l’aventure des vins des Collines rhodaniennes, produits à partir de terres remises en exploitation sur la commune de Seyssuel (Isère). Il raconte la minéralité de son terroir, les cépages qu’il cultive et le savoir-faire qu’il met en œuvre, entre les ceps comme à la cave.
Le Pilat est une terre rude qui fleure bon le granit. Ici, on est loin des terres argilo-calcaires où les grappes poussent allègrement. Pourtant, la vigne se plait bien au pied de massif qui domine la vallée du Rhône. Laurent Marthouret, est aux manettes depuis 1989, à son retour du service militaire. Depuis, il a fait fructifier l’exploitation léguéz par son père Pierre de près de quatre hectares.
De plants hybrides aux cépages pour AOC
Les cépages hybrides jadis roi, ont fait place aux syrah, roussanne, marsanne et viognier. Ses plants qui produisent une quarantaine d’hectolitres à l’hectare et permettent à ce vigneron d’embouteiller en moyenne 35 000 bouteilles.
Un demi-siècle après les premiers pas de son père Pierre, l’exploitation se porte bien. Le fondateur était double actif, partageant son temps entre les chemins de fer et la culture de la terre. François, le fils quadragénaire, est ici à plein temps, n’employant qu’un ouvrier, et passant par toutes les phases culturales, jusqu’au travail en cave et la commercialisation. Sa terre rhodanienne, il l’aime et la présente.
Laurent Marthouret produit des vins blancs (Condrieu et Saint-Joseph) à base de cépages viognier, roussanne et marsanne, et pour les rouges avec une exclusivité pour le cépage syrah. Classés en appellation d’origine protégée ou en vin de pays, portée au cuvage, une fois égrappée, sa récolte suit le rythme des fermentations alcoolique et malolactique pour les blancs comme les rouges. Pressés après 24 heures de cuve, les blancs issus de roussanne, marsanne ou le noble viognier iront s’arrondir en barrique de chêne pendant au moins huit mois. Les rouges, tous tributaires de la syrah, forment le Saint Joseph ou un vin de pays. Après 25 jours de cuves durant lesquels on pratique régulièrement les remontages , ils goûteront les bienfaits des tonneaux durant un an et demi.
Egrappée, foulée, remontée, fermentée…
En blanc comme en rouge, le degré naturel relevé par le réfractomètre frôle souvent les 15°. Il faudra beaucoup de doigté pour que la vinification se passe au mieux;
Laurent Marthouret dévoile les secrets de la vinification de la cuvée des Rotisses (son lieu dit d’habitation) ou de la cuvée de Pierre, en hommage à son papa. Ses vins blancs dégagent des arômes de fleurs blanches, quant aux rouges, riches en tanin, ils évoquent les fruits rouges, et si le soleil a été généreux dans la dernière période, on sent en bouche le cassis, la mûre ou la cerise burlat. La parole à Laurent Marthouret.
Vendanges 2013 : prometteuses, si tout va bien
Après un printemps pluvieux, l’été s’est avéré exceptionnellement ensoleillé. mais rien n’est encore joué. La météo a en effet retardé les vendanges d’au moins quinze jours si ce n’est trois semaines. Le mois de septembre sera donc déterminant pour affiner la qualité des raisins. Ils seront égrappés, foulés, pressés et le jus régulièrement remonté connaîtra les différentes étapes des fermentations. Mais plus saines seront les grumes portées au cuvier, meilleur en sera le nectar que l’on pressera.
Sur la rive droite comme la rive gauche du Rhône, viognier et syrah se plaisent bien (© Pierre Nouvelle)
Le réchauffement climatique, régulièrement mis en avant par les scientifiques, est patent entre les rangs de ceps, même si cette année le ban des vendanges sera retardé. Comme à l’habitude depuis plusieurs années, le rapport acidité-sucre, élément qualitatif majeur, sera surveillé de près. Mais Laurent ne reste pas les pieds dans le même terroir. Le savoir-faire accumulé depuis vingt-cinq ans par ce viticulteur a été mis à profit pour exploiter un nouveau territoire acquis avec quelques amis sur la commune de Seyssuel, sur la rive gauche du Rhône, aux confins du département de l’Isère et du Rhône. Avec Louis Chèze, Georges Treynard, et son cousin Pascal Marthouret, il produit depuis treize ans des vins siglés avec l’indication géographique protégée (IGP) « Collines rhodaniennes« . Ce quatuor met ainsi ses pas dans ceux de leurs collègues Yves Cuilleron, Pierre Gaillard et François Villard, un trio qui avait innové dès 1996 sur la rive gauche du fleuve-roi avec les « Vins de Vienne » .
Le schiste des collines rhodaniennes
« On dit qu’une veine de schiste a été scindée par le glacier du Rhône qui a formaté la vallée, et qu’elle s’étend des deux côtés du fleuve, de Verenay à Chasse », augure Laurent Marthouret. Sur la base d’une production limitée à 30-35 hectolitres à l’hectare, les vins des Collines rhodaniennes, commercialisés sous les noms Sixtus ou Saxeoleum, ont trouvé leur public.
Les deux petits Marthouret, Alexandre, 12 ans, et Antoine, vivent ici au grand air. leur père ne sait pas si l’un d’entre eux reprendra l’exploitation, quand le temps viendra. alors, pour l’heure, ils coulent des jours heureux comme élèves d’un collège à Annonay, Nul doute, que s’ils sont aussi chaleureux et amicaux que leur géniteur, ils feront merveille !