Par Jean-François Cullafroz-François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Après avoir marché sur Rome fin octobre 1922, Benito Mussolini se voir confier de constituer le gouvernement par le roi Victor-Emmanuel III. Dans les mois qui suivent, les Chemises noires du Duce s’en prennent avec vigueur aux militants de gauche, responsables politiques et syndicalistes. Suivront plus de vingt années de fascisme avec une collaboration étroite avec Hitler et le régime nazi. Un siècle plus tard, le peuple italien se souvient encore, car avec la candidate Meloni, héritière du mouvement d’extrême-droite fasciste MSI, ce sont les droits sociaux et la démocratie qui pourrait être en péril si elle gagne le 25 septembre 2022. Pour ma famille maternelle (Dalla-Riva), Mussolini fut synonyme d’émigration en France pour échapper à un assassinat.
Pour l’une, il faut avoir du culot pour baptiser son parti du nom de l’hymne national italien, et pour l’autre, reprenant la même verve, se comparer à Scipion l’Africain…
Une chose est sûre, Mussolini est arrivé au pouvoir en s’alliant avec la droite. Giorgia Meloni a fait de même se coalisant avec la Lega extrémiste de Matteo Salvini et Forza italia, parti de droite de Silvio Berlusconi.
Haro sur l’immigration, courses à la baisse des impôts, remise en cause des droits sociaux notamment… sont les lignes-force annoncées d’une gouvernance fondée sur l’axe travail -famille-patrie avec une allégeance soutenue à la religion catholique.
La Croix journal catholique français pourtant bien informé, annonçait l’Eglise catholique italienne sur la réserve. En fait, ce mercredi 21 septembre, la conférence épiscopale italienne a émis un avis en deux temps : ne pas s’abstenir le 25 septembre, et faire preuve de discernement.
Clairement, c’est un appel à ne pas voter pour les extrêmes. Une position qui ne peut favoriser ni Giorgia Meloni ni Matteo Salvini, réputés proche de Vladimir Poutine. Un président russe dont le pape François a condamné les crimes de guerre et l’agression contre l’Ukraine lors de l’audience publique et en plein air du mercredi.
Que sera la position, publique ou privée, des chefs d’entreprise et de leur syndicat, La Confindustria ? Ils peuvent être séduits par la flat-taxe, et en même temps rester inquiets des positions prises vis à vis de l’Europe et la proximité avec les dirigeants russes des dirigeants d’extrême-droite.
Un de nos interlocuteurs nous le rappelait : l’Italie reste marqué par l’empreinte catholique, même si les fidèles se font plus rares lors des messes dominicales. Et l’audience accordée il y a quelques jours par le pape aux responsables du patronat italien pourra être une des clés de leur attitude.
Restera enfin, et c’est sans doute le plus important, comment les nouveaux élus et le gouvernement que validera le président de la République Sergio Mattarella répondront aux questions les plus urgentes de la population. C’est ce que rappelle le syndicaliste Graziano Del Treppo qui ne croit pas à des mouvements sociaux immédiats si la coalition droite-extrême droite l’emporte.
A suivre de près lundi 26 septembre 2022, au lendemain des élections. Car la situation vécue par nos voisins italiens pourrait bien se reproduire en France.
Alors, en 2027, Giorgia Meloni s’appellerait Marine Le Pen, et porterait la même flamme tricolore… Et la droite italienne, qui se marie avec l’extrême-droite, pourrait ouvrir la voie aux Républicains français, membres au Parlement européen du même Parti populaire européen (PPE) que Forza Italia de Silvio Berlusconi !