Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel carte de presse 49272
Au moment où la France bruissait des accents de la Cop 21, des usagers des lignes de bus au sud du département du Rhône ont tiré la sonnette d’alarme.Comment parler au niveau mondial d’économies d’énergie, de lutte contre le réchauffement climatique, du développement des transports collectifs, économes, propres et durables quand sur le terrain, il se prépare tout le contraire ? Un collectif d’usagers atenu une première réunion publique et demande avec fermeté à la présidente du Sytral, Mme Annie Guillemot, et au président du Département du Rhône, M. Christophe Guilloteau de ne rien décidé tant que la population et les élus n’auront pas été informés et consultés.
L’objectif du Collectif d’usagers qui s’est créé est clair : allier les décisions locales pour un résultat global: Il est donc impératif que le Syndicat des transports de l’agglomération lyonnaise (Sytral) et le Département du Rhône ne décident rien sans consultation de la population et des élus locaux. Une réaction qui rencontre l’accord d’une partie importante de la population rhodanienne et dauphinoise, installée sur une rive ou l’autre du fleuve Rhône, et pas décidée du tout à voir se modifier à la baisse les services des Cars du Rhône.
Le pari lancé il y a moins d’un mois, après plusieurs mois de maturation a été réussi. Le quatuor de résistants à la dégradation, voire la suppression pure et simple, des lignes de bus 134 et 231 du département du Rhône ne va pas s’endormir sur ses lauriers.
Une action globale pour les déplacements dans cette micro-région
Après avoir secoué le cocotier, interpellé les responsables sans obtenir de réponse, et même avoir enregistré le scepticisme de certains élus locaux, faire salle comble au pied d’une HLM de Condrieu, permet d’engranger un premier point. D’autant que les promoteurs de cette action ont appris le jour même de cette réunion publique que l’examen du dossier concernant ces lignes était enlevé de l’ordre du jour du Sytral prévu lundi 14 décembre 2015.
Lors de la réunion citoyenne du 9 décembre, la population a noté la présence d’élus des communes concernées : Condrieu, Les Haies, Loire… Ainsi, Thierry Sallandre, 4e adjoint des Haies, une commune de près de 800 habitants, située sur la côtière au-dessus de la vallée du Rhône.
Fort de cette réunion réussie, le collectif d’usagers des lignes 134 et 231 poursuit la mobilisation avec pour objectif premier d’être reçu par les responsables du Conseil départemental du Rhône et du Syndicat des transports en commun de l’agglomération lyonnaise (Sytral).
En effet, depuis janvier 2015, les liaisons rurales de bus sont assurées dans le département du Rhône par le Sytral (Syndicat des transports en commun de l’agglomération lyonnaise). Avec la mise en place de la Métropole lyonnaise et la diminution en surface, population et ressources financières, le département du Rhône ne dispose plus des mêmes ressources financières qu’auparavant. Aussi, en mai dernier, le président du Conseil départemental Christophe Guilloteau a demandé au Sytral de revoir à la baisse les services de bus et les contrats passés avec les compagnies concessionnaires.
Rompre avec le secret dont s’entoure les décideurs
Résultat des courses : des lignes menacées d’allègement substantiel (comme Condrieu-Givors), voire même de suppression pure et simple, comme la liaison Condrieu-Vienne, rompant toutes relations entre les rives droite et gauche du Rhône.
Des décisions préparées en secret et sans consultation, ni des élus locaux ni de la population. C’est le cas de Cécile Bez, tout à la fois usagère régulière des lignes 134 et 231 des Cars du Rhône et aussi conseillère municipale (PS) de Condrieu. Elle témoigne.
Aurélie Nortier, Brigitte Blanc-Lafay, Pierre Chomard et Jean-François Cullafroz, des usagers alertés par les chauffeurs et conductrices de bus et leurs syndicats FO et CFDT ont pris le mors aux dents. Pétitions, courriers aux responsables du réseau de transport, demandes de rendez-vous…
L’action concertée des citoyens et des élus
Après une réunion publique qui a réuni plus de 40 personnes, ils vont poursuivre leur action, et ils comptent bien sur le soutien des élus locaux. Mercredi 9 décembre, Thibaud Vincendeau, l’assistant parlementaire de Georges Fenech, député (LR) était présent et a souligné l’importance de ne pas laisser enclaver le sud du département. Pour lui, les citoyens et les élus doivent travailler ensemble. Il explique ce qui pourra être fait de concert entre le Collectif et les élus.
Pour sa part, la presse régionale (L’Essor, Le Progrès, Le Dauphiné libéré et Le Reveil du Vivarais) ont relayé la préoccupation de la population et l’action déclenchée par le Collectif des usagers des lignes 134 et 231.
Comme l’ont suggéré des élus locaux, l’action va être élargie à l’ensemble des transports bus, (dont les scolaires), en lien avec les autres lignes de bus des départements de la Loire et de l’Isère qui traversent cette zone géographique.
La mobilisation devrait connaître de nouveaux développements. En effet, aux dernières nouvelles, le Collectif serait reçu prochainement par le Conseil départemental du Rhône et son vice-président transports, Renaud Pfeffer. Pour sa part, dans une lettre, le maire de Vienne, Thierry Kovacs s’est dit concerné par la suppression envisagée de la ligne 134 Condrieu-Vienne, même s’il n’appartient pas au syndicat organisateur des lignes rhodaniennes. De plus, des responsables écologistes EELV du Rhône ont manifesté leur soutien à cette action, le candidat EELV aux dernières élections départementales, Hervé Cuilleron était de fait présent lors de la réunion publique du 9 décembre.
Par ailleurs, à l’intérieur de la société Transdev qui assure les transports en tant que concessionnaire, le soutien des personnels est assuré aux usagers. Le délégué FO l’a rappelé au Collectit, et délégué central de la CFDT va assurer le contact entre le Collectif et la direction de l’entreprise Transdev basée à Vourles.
Car, en plus de la mise en cause du service public des transports, avec ce que cela suppose en matière de rupture d’égalité entre citoyens du département du Rhône, l’emploi des personnels, chauffeurs et conductrices est aussi gravement mis en causs. Les personnes employées à temps partiel seront les premières concernées, mais aussi celles qui sont salariées à temps, dont les conditions de travail vont se trouver dégradées avec des amplitudes horaires accrues.
On le voit donc, avec un consensus local des forces politiques (PS, LR, EELV) et un appui des syndicats de salariés et du personnel, l’action du Collectif d’usagers ne peut s’en arrêter là. Ce n’est donc qu’un début…
Contact : Collectif des usagers des lignes 134 et 231 : 07 77 25 79 12 et usagers134.231@gmail.com – 3 rue des Platanes 69420 Ampuis (France)