Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 492725, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève)
L’assemblée plénière du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) s’est tenue les deux derniers jours de ce mois de Novembre 2017. Au centre des débats des conseillers régionaux, la question des finances de cette région de douze départements qui va d’Aurillac à Modane, et de Bourg-en-Bresse à Montélimar. Parmi les sujets en discussion, les déplacements des huit millions d’habitants de la deuxième collectivité régionale française. Une préoccupation très sensible pour les usagers du rail qui sont de plus en plus nombreux. Ce fait a conduit la Région a passer un nouveau contrat avec la SNCF, au grand dam des syndicalistes cheminots CGT qui l’estiment notoirement insuffisant pour satisfaire aux besoins des usagers
Pour être un usager quasi-journalier des trains de la vallée du Rhône, je suis le témoin d’horaires non respectés, de convois sous-dimensionnés et par conséquent de wagons bondés, avec naturellement pour conséquence le mécontentement croissant des usager.e.s.
Sous la mandature de Jean-Jack Queyranne, ex-président socialiste de la région Rhône-Alpes, un important travail avait été entamé. Laurent Wauquiez, son successeur, en place depuis décembre 2015, a repris cette question sur la base d’études commandées par son vice-président Patrick Mignola dès l’été 2016.
L’entreprise publique SNCF est une vieille et digne dame, pas facile à manier, et a fallu attendre l’automne 2017 pour qu’un nouveau contrat soit passé avec la région Aura.
Faire baisser les retards de 40 % et de 50 % les trains annulés est l’objectif visé de cette nouvelle convention présentée le 13 novembre dernier par le président de la région Aura, et le PDG de l’entreprise publique ferroviaire, Guillaume Pépy. Les élus régionaux ont eu à statuer les 29 et 30 novembre sur le budget consacré par la collectivité régionale à hauteur de 543 millions d’euros en termes de fonctionnement.
La région, autorité organisatrice des transports ferroviaires et routiers, a la responsabilité des gares et du matériel roulant, la SNCF ayant à sa charge les infrastructures et notamment les voies ferrées et bien évidemment le personnel..
Dans ce contrat, trois axes ont été jugés prioritaires au départ de Saint-Etienne, Chambéry et Grenoble, le tracé ferroviaire en étoile convergeant inéluctablement vers Lyon.
Et c’est justement là où le bât blesse, car du côté de la vallée du Rhône, ponctualité et qualité des transports ne sont pas vraiment au rendez-vous. Depuis sa création en 2000, avec une action des usagers descendus sur les voies, l’association des usagers des TER Lyon-Valence constate que la situation ne s’est pas améliorée entre Valence et Mâcon.
Une contestation croissante des usagers
Aussi, après un temps de répit, motivé tout à la fois par un découragement des militant.e.s et une implication dans les comités de ligne, de nouvelles forces vives sont venues prendre le relais.
Mardi 28 novembre 2017, se tenait l’assemblée générale de l’association des usagers des TER Lyon-Valence dans un café lyonnais de la place Jean Macé.
Cécile Cadet, une des nouvelles responsables de l’association explique les objectifs remis au goût du jour. Pour cette habitante des Roches-de-Condrieu, qui sillonne la région dans le cadre de son travail, les choses doivent vraiment changer et les élus régionaux comme la SNCF doivent prendre la mesure de la gravité de la situation et de l’acuité de leurs demandes.
Un bonus-malus pour améliorer la situation ?
Interrogé lors de la conférence de presse préparatoire à l’assemblée régionale, le président de lé région Aura botte en touche. Il a longuement expliqué comment aller fonctionner un système de bonus-malus à l’encontre de la SNCF, expliquant la volonté régionale.
Concernant les TER entre Montélimar et Villefranche-sur-Saône; il prend plutôt la défense de l’entreprise ferroviaire, estimant que c’est le nœud ferré lyonnais qui est la source de tous les maux. Explication de Laurent Wauquiez.
En séance plénière du Conseil régional Aura, les groupes socialiste, radicaux de gauche, communiste et écologiste ont exprimé clairement leur opposition. En effet, pour eux, la nouvelle convention n’apporte rien de neuf, l’offre en termes de nombre de trains n’étant pas supérieure et les exigences vis vis de la SNCF.
Toujours plus de moyens donnés à la route
Le rapport obligatoire sur le développement durable a d’ailleurs aussi concentré les mêmes critiques. Elles ont souligné que la part laissée à la route étaient toujours plus importante, avec l’exemple notable de l’autoroute A 45.
Du côté des cheminots CGT, les remarques vont dans le même sens. Des salariés SNCF venus des établissements voisins (gare Perrache, ateliers d’Oullins) manifestaient à la porte du Conseil régional, le tract distribué détaillait les insuffisances constatées.
Il soulignait que le nouvel accord signé entre la région Aura et la SNCF verrait » une baisse comprise entre 50 millions d’euros en 2017 et 200 millions en 2022, avec pour conséquences une baisse de la qualité de service, la sécurité des trains, la formation des cheminots et la capacité à répondre aux besoins croissants de transports « .
Laurent Aubeleau détaille la position des cheminots CGT.
On le constate, des débats de l’assemblée régionale Auvergne-Rhône-Alpes à la réalité du terrain, il y a plus qu’une marge.
Il reste donc à voir comment les transports SNCF vont évoluer et la manière dont les usagers vont réagir pour mettre un terme à une situation quotidienne de plus en plus invivable.
Renseignements :
Association des usagers TER Vallée du Rhône : https://www.facebook.com/Usagers-TER-Lyon-Valence-369158473554554/
et usagers.terlyonvalence@gmail.com
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