Par Jean-François Cullafroz-François Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Tous les jours, depuis septembre 2022, la situation sur le réseau TER auralpin se dégrade. Annulations de trains, retards, rames incomplètes, la tension monte sur toutes les lignes de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Et les responsables politiques et de la SNCF se renvoient la balle, au détriment du transport des usagers…
« On n’en peut plus »… clament tous les jours les voyageurs des TER de la région Auvergne-Rhône-Alpes, comme celles et ceux d’autres régions hexagonales.
« Ce matin, après la suppression du 8h11 et le retard du 8h20, le 8h50 arrive avec … 3 caisses ! ! Et, de ce que j’ai entendu dans la gare, il en était de même pour le 7h50. Par ce temps de recrudescence du covid, nous ne pouvons qu’apprécier les efforts de la SNCF pour développer l’immunité collective », commentait une usagère quotidienne de la ligne Lyon-Valence mardi 13 décembre.
Et le soir, en rentrant chez elle, cette habitante de Condrieu (Rhône) ajoutait : « Quelle riche idée de remplacer le corail sur le LPD – Marseille de 17h20 par un train 1 étage et 1 rame (3 caisses). A 17h10, c’est déjà plus que plein. Si ça se termine en émeute, ce ne sera pas surprenant ».
Et un élu viennois faisait une expérience similaire deux jours : « J’ajoute à mon tour l’expérience périlleuse de ce matin: train de 7h29 accusant un retard de plus de 30 minutes, du coup train de 7h58 archi bondé… En réunion de commission municipale de Vienne, le sujet s’est invité hier soir. et une conseillère régionale, nous dit que la SNCF manque de conducteurs… Affaire à suivre! »
Deux jours plus tard, une passagère régulière habitant Les-Roches-de-Condrieu renchérissait : « Ce soir, départ de vacances et vendredi soir, le train de 18h41 à la gare de Lyon-Jean Macé est annulé, et celui de 18h14 a déjà 20 minutes de retard. Jusqu’à quand allons nous devoir supporter de telles conditions de transport ? J’avoue que les mots me manquent tant je suis en’ colère. C’est indigne ! »
Colère et indignation…
De telles doléances, l’association des usagers des TER de la Vallée du Rhône (AuterVR) en avait collectées à la pelle lors d’une manifestation le 13 octobre 2022 à Vienne (Isère). La colère était vive et les élus régionaux comme les responsables SNCF en avaient pris la mesure et avaient organisé une réunion publique le 21 novembre.
D’ailleurs, d’entrée de jeu, Frédéric Aguilera, vice-président chargé des transports pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a présenté ses excuses et reconnu le bien-fondé des réclamations des voyageurs.
Puis, Anne-Marie Maire, coordinatrice régionale adjointe de la SNCF en a fait de même, renouvelant à nouveau les excuses de l’entreprise ferroviaire.
Ensuite, dans un long plaidoyer pour SNCF Voyageurs TER Auvergne-Rhône-Alpes , Sébastien Hervier, a rappelé l’accumulation des difficultés : chantiers de travaux sur la ligne Lyon-Valence, manque de rames, recrutement insuffisant de conducteurs-trices…
Fin novembre, la météo n’étant pas encore à la neige et au froid, et les responsables régionaux de la SNCF présents (Anne-Marie maire, Anne Fulchiron, Sébastien Hervier..) n’ont donc pas évoqué le givrage des pantographes des rames Corail conduisant à l’annulation des trains comme en cette première quinzaine de décembre…
Des annonces peu encourageantes…
Mais les informations données n’ont rien annoncé de bon pour l’année 2023, avec y compris des annulations de promesses données aux organisations d’usagers telle la Fnaut, comme la mise en place d’un train quotidien à 22h20 au départ de Lyon et en direction de Valence.
Tâche difficile pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes de plaider sa cause, alors-même que cette institution a tardé à acheter des rames TER aux entreprises Alstom-Bombardier. Dix-neuf rames auraient dû être commandées et, dans le même temps, d’autres régions françaises ont dû mal à vendre des trains dont elles n’auraient plus besoin…
Avec à la clé, la difficulté d’embarquer des vélos de plus en plus nombreux, avec le développement de différents types de mobilité, comme l’a expliqué Christophe Aguilera.
La question est posée avec acuité : dans ce contexte de difficultés récurrentes pour les usager.e.s des trains régionaux, comment s’en sortir en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Sans doute, cette région aurait-elle grandement besoin de prendre des conseils auprès de sa voisine occitane. Affaire à suivre…
Notre prochain article :
TER Vallée du Rhône (2) : Élu.e.s régionaux-Usager.e.s des TER, concertation et bras de fer