Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Sainte-Colombe-les-Vienne (Rhône) n’a pas usurpé le nom de petite Pompéi dont on l’a gratifiée depuis deux ans. Pour la seconde fois, Benjamin Clément, l’archéologue qui a piloté le chantier de fouilles entre 2016 et 2017 sur les sites des Jardins et du Bourg, a montré que les découvertes faites sur ces lieux étaient exceptionnelles et dépassaient parfois, par leur originalité et par leur nombre, les trésors révélés à Herculanum, Pompéi et Ostie. Retour sur la conférence qu’il donnée le 9 novembre 2019 au musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal, et entretien avec cet enseignant-chercheur de l’université de Franche-Comté.
Les résultats des fouilles intéressent la population toujours curieuse dès qu’une cavité est ouverte.
En connaissance de cause, les associations Garom et Amis de vienne, organisatrices de cette initiative, avaient su mobiliser, en coopération avec le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal. Au point que nombreux furent celles et ceux qui, faute de place, durent renoncer à assister à la conférence de l’archéologue Benjamin Clément.
Une coopération entre Amis de Vienne et Amis des musées
En ouverture d’un après-midi, dense en informations et enrichissant à de nombreux points, les initiateurs ont présenté le programme des conférences qu’ils offrent au public.
Ainsi, Peter Leather, président de Garom (Amis des musées de la civilisation gallo-romaine), par ailleurs chercheur associé au laboratoire ArAr, et Roger Lauxerois (Société des Amis de Vienne) ont-ils rappelé le calendrier de leurs prochaines rencontres.
Dans le bassin viennois, le terroir recèlent de nombreux vestiges gallo-romains qui sont régulièrement mis au jour dès qu’un chantier est ouvert. Cela a été le cas à Sainte-Colombe-les Vienne, où les travaux de construction d’immeubles a ouvert la voie à deux années de recherche menées par une trentaine de personnes.
Le site inoccupé depuis l’époque mérovingienne (huitième siècle) et uniquement dévolu aux cultures, a laissé les vestiges d’un vaste quartier composé de commerces et d’habitations d’artisans, de villas de familles aristocratiques, d’entrepôts et de basiliques (lieux publics couverts voués aux marchés et aux bourses de commerce).
Ce territoire a été l’occasion de faire émerger au grand jour une quantité impressionnante d’objets dans un étonnant état de conservation, qui en feront une référence internationale sur la civilisation gallo-romaine.
Aussi, Benjamin Clément a-t-il déployé une conférence de plus d’une heure et demie, réactualisant les découvertes effectuées depuis le premier chantier de 2016.
Près de deux ans de fouilles ont permis de collecter des milliers d’objets, des pièces de monnaie aux insignes de légion d’honneur, des armures aux différentes armes, des pots et jarres en terre aux nombreux instruments de cuisine, des canalisations, portant l’eau courante dans les premiers étages, aux étoffes, qui recouvraient les murs.
L’incendie survenu brusquement en 69 de notre ère, a conduit la population a tout laissé sur place, ce qui na pas été le cas à Pompéi où les dégâts causé par l’éruption du Vésuve dix années plus tard.
Au terme de sa prestation, l’archéologue et maitre de conférences à l’Université de Franche-Comté nous a expliqué l’état des découvertes, en quoi elles modifiaient l’approche de la vie des sociétés gallo-romaines.
Benjamin Clément a aussi annoncé une grande exposition pour 2022 et des publications pour les chercheurs et le grand public. Interview.
Mémoire et questions pendantes
En attendant cette exposition, les habitants du nouvel ensemble Les jardins des colombes pourront se rappeler des fouilles qui se sont déroulées sur leur nouveau lieu de vie.
Il restera aussi aux chercheurs de poursuivre leurs analyses, identifications et élaboration de réponses aux questions, comme la plus centrale sur les raisons de l’incendie qui a détruit cette nouvelle partie de la cité viennoise.
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