Reportage de François Dalla-Riva, journaliste honoraire, carte de presse 49272
Un mois après la rencontre de l’Intersyndicale journalistes avec les députés, huit parlementaires de gauche et de droite signaient une proposition de loi, coachés par Marie-George Buffet et Noël Mamère (© Pierre Nouvelle).
L’Intersyndicale des journalistes a été sacrément boostée avec la proposition de loi sur la protection des sources des journalistes présentée à l’Assemblée nationale par huit députés de droite et de gauche, sous l’impulsion de Marie-George Buffet, ex-ministre. Une réponse à l’enterrement de première classe qu’a subi le projet de loi gouvernemental présenté en juin 2013, et pour l’heure toujours dans les cartons de l’hôtel Matignon. Réactions des représentants syndicaux d’une profession qui oscille entre enthousiasme et grande impatience.
Les journalistes sont à la fois heureux de l’initiative de huit parlementaires, qui bravant les frontières partisanes, ont signé de concert une proposition de loi sur la protection des sources des journalistes. Une nécessité criante après le vote express de la loi sur le Renseignement intérieur, lourde de menaces pour la liberté d’investigation des journalistes, en particulier sur les plans économique, industriel et scientifique. La pétition lancée par notre consœur Elise Lucet et plébiscitée par le public, en fournit la démonstration, s’il en était besoin.
Le statut quo gouvernemental renforce l’unité intersyndicale…
Mais dans le même mouvement, les six syndicats de journalistes, unis comme ils ne l’ont jamais été depuis longtemps, sont aussi vivement impatients. En particulier en regard de la nonchalance si ce n’est de l’opposition du Premier ministre sur ce terrain. Certains rappellent mezzo-voce qu’il a minoré le texte de sa propre ministre de la Justice, au retour du verdict très négatif rendu par le Conseil d’état. D’autres constatent que l’enthousiasme déployé pour faire aboutir la loi sur le Renseignement intérieur après les attentats et crimes du 7 au 9 janvier dernier, n’a pas trouvé de répliqué sur le terrain de la protection des sources des journalistes.
Le 31 juillet 2014, l’Intersyndicale avait lancé un Appel du Centenaire pour réveillé les ardeurs de la campagne 2012 du candidat à la présidence de la République. Profitant de l’hommage rendu à Jean Jaurès, elle lait la situation de la presse en 1914, à la veille de la Première guerre mondiale, et les difficultés présentement rencontrées par les journalistes soucieux d’investiguer. Une analyse développée par Paco Audije, représentant de la Fédération européenne des journalistes, présent ce jour là à Paris.
Dix jours après l’attentat contre Charlie Hebdo, participant à la célébration du 70e anniversaire de l’AFP, le président François Hollande avait souligné que son 51e engagement de campagne serait tenu. Alors, y aurait-il des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent, et deux poids-deux mesures en matière de journalisme ? Ceux que l’on pleure, à juste titre quand ils sont assassinés de sang-froid dans leur rédaction, et la pléiade des autres, contraints de subir les enquêtes policières discrètes, la lecture et l’écoute des messages électroniques ou téléphoniques.
… et des parlementaires prennent le relais
Aussi, répondant aux sollicitations des syndicats de journalistes et de leur Intersyndicale, mercredi 8 juillet, Marie-George Buffet et ses sept autres collègues présentaient la proposition de loi. Echos sonores recueillis dans une salle voisine de l’espace mythique des Quatre colonnes.
A l’issue de la présentation, alors que leurs collègues regagnaient leurs rédactions ou la salle de presse de l’Assemblée, les représentants des journalistes faisaient part de leurs sentiments. Et tout d’abord, réaction à chaud d’Emmanuel Vire, secrétaire général des journalistes CGT (SNJ-CGT).
Au côté de Vincent Lanier, premier secrétaire national du SNJ, Dominique Pradalié, secrétaire générale du (SNJ) et journaliste à France Télévisions a suivi avec attention la présentation des parlementaires. Devant le panneau de l’association des journalistes de la presse parlementaire situé dans la salle de presse, elle expose le point de vue du Syndicat national des journalistes
La CFDT-Journalistes est en attente de résultats concrets et rapides à l’Assemblée, que soit sur initaitive des députés ou du gouvernement, comme le souligne Jean-François Cullafroz, interviewé par Hakima Bounemoura. Il en va de l’intérêt de la profession et du public soucieux d’une information de qualité.
La suite devrait être connue le 23 juillet, puisque ce jour-là Fleur Pellerin recevra les syndicats de journalistes CFDT-CFTC-CGC-SNJ-SNJ CGT et SNJ FO, rue de Valois à Paris, au siège du ministère de la Culture.