Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste honoraire, carte de presse 49272, correspondant du quotidien Le Courrier (Genève).
Il n’y a pas qu’à la gare de Paris-Montparnasse que la SNCF déraille. Alors même que l’on annonce la suppression de ligne Saint-Claude-Oyonnax entre Jura et Ain, les retards se multiplient et les suppressions de convois sont légion. Et en plus des priorités arrêtées par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la SNCF antre Chambéry, Grenoble, Saint-Etienne et Lyon, il y a aussi la Vallée du Rhône où les difficultés sont quotidiennes. .Expérience vécue le premier lundi de décembre 2017. Reportage et entretien avec usager et contrôleur.
Une fois de plus, en ce lundi 4 décembre 2017, les trains sont en retard. Tout débute pour moi avec le 8h19 qui arrive de Valence, et avec qui je dois rejoindre sans arrêt la gare de la Part-Dieu à Lyon.
L’attente dure sans explication des agents de la gare de Vienne, où je dois monter dans ce train express régional (TER). Il faut patienter dans le froid. Parallèlement, un autre train, stationné voie E, doit assurer la liaison avec Villefranche-sur-Saône, mais le convoi retardé l’empêche de partir. Aussi, le quai 2 se remplit progressivement de passagers qui passent d’un train à l’autre.
Des voyageurs multimodaux
Pour rejoindre le train, il faut d’abord emprunter les transports routiers, car même si on le voulait, impossible de stationner à Vienne (Isère) au plus près de la gare. Quant aux autres communes de la ligne Valence-Lyon, très souvent les parkings dédiés ne peuvent accueillir tous les automobilistes. Une fois arrivés à Lyon, nombre d’usagers prendront tram, métro ou bus, ou ceux qui auront pu entrer leur vélo dans le train, goûteront aux pistes cyclables lyonnaises. nous sommes bien des citoyens multimodaux.
Alors pour aller de la rive droite du Rhône et la rive gauche, j’emprunte la ligne 134 des Cars du Rhône, puis après de dix minutes de marche à pied par la passerelle de Ste Colombe-les-Vienne (Rhône), voici la gare. Et là, la nouvelle tombe, le 8h19 a du retard. On piétine et on laisse déborder son amertume avec un peu de fatalité. Arnaud, un usager quotidien entre Vienne et Lyon s’épanche sans difficulté.
Avec près d’un quart d’heure de retard, le convoi qui arrive de Valence est annoncé. Les voyageurs se pressent par grappes autour du convoi qui va stationner au long du quai 2.
Le train se profile à l’horizon. Les regards sont tournés pour évaluer sa longueur. Très souvent, qu’il soit siglé Bombardier ou Alstom, les rames sont sous-dimensionnées, avec quatre ou cinq wagons composant alors le convoi au lieu de huit ou neuf.
Ce matin, ce n’est pas le cas, c’est un train classique,un Intercités, plutôt ancien et long, dans lequel on doit grimper par trois hautes marches. Un exercice pas facile du tout pour les personnes à mobilité réduite, mamans avec poussettes, personnes âgées et cyclistes…!
On se dirige vers le train pour découvrir des wagons déjà bondés. Pourtant sans bousculade, et avec une certaine résignation, on grimpe dans le convoi et on s’entasse dans les couloirs. Photo.
Un moment artistique de respiration et de beauté
Lyon La Part-Dieu. la fouille grouille; Le réseau SNCF est en étoile, m&t&riels comme humains, tous convergent vers la métropole lyonnaise. Elle concentre les activités et les emplois, désertifiant chaque jour un peu plus le reste du territoire, les trains en provenance de Grenoble, Chambéry, Valence, Saint-Etienne, Ambérieu-en-Bugey ou Bourg-en-Bresse en fournissant l’illustration.
Avant de rejoindre son travail où le lieu de son bénévolat, quelques minutes de beauté avec un musicien installé près de jeunes distributeurs de journaux gratuits. Ce roumain, qui loge la nuit dans un squatt offre un temps de respiration après le temps de stress qui a ouvert la journée du voyageur.
La galère reprend le soir
La journée se passe entre réunions et cours à l’Université. Le retraité et étudiant, que je suis redevenu, rejoint les salariés qui arrivent parfois d’un lieu de travail à l’autre bout de l’agglomération.
Il y a un an,, deux ans… une éternité quoi !, le train était affiché une demi-heure à l’avance. Aujourd’hui (comme souvent), alors qu’on ne peut théoriquement plus monter dans les rames deux minutés avant le départ, la voie nous est connue à 20h15. Cherchez l’erreur !
20h20, aucun train en vue. Le haut-parleur résonne… Le convoi en direction du sud de la vallée du Rhône aura dix minutes de retard… Il est, parait-il sorti en retard du dépôt… Nous allons découvrir dans le voyage-retour qu’il s’agit d’une autre histoire !
20h31, notre train arrive enfin. Il ne repartira qu’à 20h38… Pour quelle raison ? Mystère ! Le contrôleur prend contact avec le conducteur par radio et donne enfin le départ; Sollicité par les soins de voyageurs, il explique le contexte… Ecoutez plutôt.
SNCF : des infos dans le brouillard
En résumé depuis 17 heures, la SNCF a supprimé le train 886 190 qui devait monter à Lyon et ensuite redescendre à Valence sous le numéro 886150. Le contrôleur qui me parle a ^dû rejoindre Nîmes pour monter en TGV à Lyon afin d’assurer le retour vers le Sud. Il est arrivé vers 19h30 à la gare de la Part-Dieu, et depuis, il est comme les usagers : dans l’ignorance de ce qui allait se passer…
Pour moi, douze heures après mon départ de Vienne, l’aventure se termine avec 20 minutes de retard. Aucune explication, aucune demande d’excuse, et personne pour accueillir les voyageurs. De toutes façons, la gare de Vienne est fermée et aucun agent n’est là…
Et la Région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) dans tout cela ?
Il y a quelques jours Laurent Wauquiez, président de la région Aura a signé une nouvelle convention avec Guuillaume Pépy, président de la SNCF, et mercredi passé les conseillers régionaux ont approuvé cet accord.
Lors de la conférence de presse du 29 novembre 2017, en regard de trois lignes prioritaires (Saint-Etienne, Chambéry, Grenoble), le président de la région a semblé découvrir la situation de la Vallée du Rhône.
Et alors, ce matin-même, alors qu’on annonce la fermeture de la liaison Oyonnax-Saint Claude, Laurent Wauquiez se félicite des travaux financés par la Région Aura pour les lignes Saint-Georges-d’Aurac-Le Puy-en-Velay, Issoire-Saint-Georges-d’Aurac et Montbrison-Saint-Etienne. Un engagement de 60 millions d’euros pour les lignes Saint-Etienne-Le Puy-en-Velay par Firminy et Saint-Georges d’Aurac-Le-Puy-en-Velay. Cette dernière ligne » aurait été fermée dès 2019 sans le plan de sauvetage « , assure le secrétariat de Laurent Wauquiez.
Par ailleurs, le service de presse de la région Aura souligne qu’ « une opération de 3,5 M € sur la ligne de l’Aubrac sera financée par les seules Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie pour défendre la desserte fret de l’usine Arcelor-Mittal de Saint-Chély-d’Apcher ».
Se renseigner pour agir :
Association des usagers TER Vallée du Rhône : https://www.facebook.com/Usagers-TER-Lyon-Valence-369158473554554/
et usagers.terlyonvalence@gmail.com
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