Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
J’ai rencontré Roger Sagnard, un ami et militant mardi 29 mars 2022 en son domicile de Caluire (Rhône). Ensemble, nous avons évoqué le parcours d’une vie passée entre Marseille, Saint-Paul-le-Jeune et la région lyonnaise. Entretien.
Son père, Firmin-Alexandre Sagnard, était né à Saint-Peray (Ardèche), mais c’est à Marseille où il était douanier, qu’avec Irène Bouillot, son épouse, ils accueillirent avec joie Roger le 15 avril 1935.
Fils unique, Roger Sagnard grandit à Saint-Paul-le-Jeune où vivait sa grand-mère. « Je suis quelqu’un d’en bas », aime à dire Roger Sagnard que son instituteur, Émile Vero, un militant communiste, conduira jusqu’au certificat d’études.
La musique au cœur
Il est vrai que son père était descendu au fond de la mine de Gagnières (Gard) à l’âge de 12 ans, mais ses origines modestes n’ont pas empêché Roger Sagnard d’étudier le solfège puis d’intégrer l’harmonie de Saint-Paul-le-Jeune. « Un de mes cousins avait appris la clarinette, il en avait une et me l’a prêtée ».
Ce goût artistique s’est aussi révélé dans la poésie. Devant la petite bibliothèque de son bureau, Roger Sagnard revient sur ses penchants culturels, entre notes, vers et prose.
Des chantiers du bâtiment aux gares SNCF
Deux autres formations ont bénéficié des talents musicaux de Roger Sagnard : l’Harmonie de Bessèges, là encore liée à la mine des Houillères cévenoles du bassin Centre-Midi, puis la musique du 7e régiment du Génie d’Avignon.
Après avoir été durant quatorze mois manœuvre-maçon chez Hours, une petite entreprise de Saint-Paul-le-Jeune, il réussit le concours d’entrée à la SNCF et y entre comme « facteur » le 1er décembre 1959 au triage de Givors-Badan.
Après Grigny (Rhône), puis la gare de Saint-Romain-en-Gier (Rhône) où, employé à la gare où il tiendra tous les postes (départ des trains, billetterie…), c’est la gare de Lyon-Perrache qui l’accueille. Il y restera jusqu’à la retraite le 15 avril 1990.
Une adhésion syndicale qui lui vaudra des rétorsions
Au sein de l’entreprise nationale, il développera son engagement, avec la CFTC d’abord dès 1959, puis la CFDT à partir de 1964. C’est ainsi qu’il vivra la grève des mois de mai-juin 1968, durant lesquels il n’aiguilla plus alors les trains.
Et son adhésion syndicale lui vaudra parfois des mesures de rétorsion une fois promu agent de maîtrise en 1977. Son employeur ne lui pardonnera pas, par exemple, d’avoir refusé d’être garde-chiourme chargé de « vider » les salles d’attente de quelques clochards.
Engagement syndical et politique…
Toujours adhérent CFDT, il fréquente le plus régulièrement possible les rencontres de son union locale des retraités du Lyon4e-Le Plateau.
Alors, après plus de soixante ans d’engagement, Roger Sagnard rappelle la démarche qui lui a fait aussi rejoindre le PSU puis le Parti socialiste et sa section de Caluire.
… qui puise l’espérance dans sa foi en Jésus-ChristA 87 ans, à notre demande, Roger Sagnard a accepté, de jeter un œil dans le rétroviseur. Avec pudeur et humilité, il confié un peu de son itinéraire, sachant rester discret sur sa vie de famille, son épouse Marcelle et leurs deux enfants régis et Christel.
Cependant, il livre ses convictions et les raisons profondes de ses choix de vie. Sa foi de chrétien n’y est pas étrangère, et il sait rappeler que c’est un prêtre de village, aumônier de la Jeunesse agricole catholique (Jac) qui lui a mis le pied à l’étrier.
Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, devrait publier dans quelques mois une notice consacrée à Roger Sagnard.