Portrait par François Dalla-Riva, journaliste honoraire, carte de presse 49272
Rencontre au festival off d’Avignon 2015 avec un producteur issu du milieu socio-culturel des Maisons des jeunes et de la culture.
Quand on le découvre confortablement installé dans un fauteuil, panama en guise de couvre-chef et cigare au bec, comment ne pas penser à un producteur de cinéma en mal d’acteurs et de scénarios, venu faire son marché en Avignon ? Image surfaite ? Lieu commun ? Sans doute ! Mais, c’est ainsi que l’ami Robert me semble les cultiver…
C’est d’un ami dont je vais tenter d’esquisser le portrait, en quelques touches effleurées.
J’ai connu notre homme à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Vénissieux, dans le Rhône. C’était au début des années 80 du siècle précédent. J’exerçais dans la banlieue sud-Est de Lyon ma profession de journaliste au sein du groupe de presse lyonnais Le Progrès, et lui, Il était frais émoulu de la formation des directeurs de MJC. Il venait de succéder à un ténor de l’animation socio-culturelle, Marcel Notargiacomo, passé lui par le canal moins officiel mais non moins formateur du Centre de culture ouvrière (Culture et liberté) à Nogent-sur-Marne.
Des pentes des Minguettes…
Comme Marcel Notar et Hubert Marrel auxquels il succédait, son terrain d’action fut la Zup des Minguettes, qui vivait les prémisses de la grève de la faim et de la marche de l’égalité. A côté des animations, Robert exerçait aussi sa citoyenneté et participa au lancement de Radio Plurielle, une des premières radios libérées du département. Nous fûmes ensemble de cette équipée. Puis, il changeant de terrain de « jeu » et alla voir dans la commune de Bron si l’air municipal était plus respirable…
Les fourmis démangeaient notre homme, et son costume de directeur de MJC n’était pas assez grand pour lui. Alors, il mis ses talents créatifs au service d’une biennale de théâtre qu’il lança avec la complicité de deux amis « théâtreux », le metteur en scène André Fornier , directeur de l’Opéra-théâtre, et le comédien Jean-Pierre Roos, créateur de la compagnie Volodia.
Robert Caro dirige Athos productions , société de prestations artistiques créée sous forme associative à l’orée des années 2000. Dès sa propre création, Athos a été productrice de la Biennale du Fort de Bron. La première édition de cette manifestation qui a duré plus de vingt ans était consacrée aux Mystères de Paris d’Eugène SuE. Depuis, la Biennale n’a cessé d’accroître sa notoriété et sa renommée. Cette manifestation originale s’inscrivait comme un rendez vous estival incontournable dans le paysage de la création culturelle régionale. Un théâtre populaire, rassemblant un large public dans un lieu emblématique du patrimoine architectural de la ville.
… aux douves du Fort de Bron
Treize créations originales en 26 ans d’existence et autant de succès qui ont vu le public passer de 1 500 en 1987 à plus de 16 000 spectateurs, avec un calendrier de 10 à 37 représentations, depuis l’édition de 2007.
Soumis aux aléas du principal sponsor et accueillant : la municipalité de Bron, la Biennale a dû mettre à sa formidable aventure à l’été 2013 avec une remarquable présentation d’un Don Quijote de la Mancha de Adrian Schvarzstein.. Elle avait portant vu se succéder des œuvres originales toutes centrées sur la mise en exergue de l’architecture d’un fort militaire construit au 19e siècle et qui n’a jamais servi.
Robert Caro aime aller de l’avant, et après un coup de mauvaise humeur, un grand éclat de rire et une bonne dose d’humour, balaient tout. Aussi cet échec brondillant a contribué à redoubler l’ardeur de Robert Caro, qui a alors diversifié l’activité d’Athos productions qui entend promouvoir, créer et diffuser des œuvres artistiques.
Parmi de nombreux groupes de théâtres, de musique et de chant, Athos productions a co-produit durant l’été 2015 Le Tour de valse, un spectacle qui allie la bande dessinée, le récit et la musique. A Avignon, le Tour de Valse a été représenté pendant une vingtaine de jours dans le cadre du 50e festival off. Une fois les sunlights d’Avignon éteints, Robert Caro a repris son bâton de pèlerin pour dénicher des perles sur l’île de Cuba qu’il a affectionne, comme il l’a fait durant le printemps en Inde, où il s’est consacré à une autre activité qu’il promotionne : le cinéma.
Robert Caro expose les joies et les difficultés du métier de producteur dans le cadre d’un festival comme Avignon où près de 1 400 spectacles sont présentés dans le programme off. Il parle aussi du Tour de valse au micro de François Dalla-Riva.
Durant les cinq derniers mois de l’année 2015, Athos Productions propose vingt-quatre rendez-vous, de Chateauneuf-sur-Charentes à Viarmes, en passant par le festival international de Kazan. Le catalogue est vaste puisqu’on peu aussi bien voir des artistes originaires d’Afrique (Naagre et le trio de Sarah Halgan), que d’Amérique centrale (le septet cubain Canambu) , Europe centrale et Europe du Sud avec le quatuor féminin Balkanes, France tel Reno Bistan, et le spectacle pour enfants de Clôde Seychal, et un répertoire passant de la milonga et du tango avec le collectif Roulotte tango à la musique traditionnelle celtique (avec le quatuor Foxy-Devil et le quintet Shelta) et aux airs de la péninsule balkanique…
Joli parcours que celui de cet « entrepreneur » de spectacles, qui au fil de son activité ne s’est pas départi de sa fraternité, et a gagné en sagesse. Sans pour autant abandonner son havane et son panama, qui lui font prendre parfois des airs de grand seigneur !
Salut l’ami !