Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
Le 13e samedi de mobilisation des Gilets jaunes est organisé ce 9 février dans tout l’Hexagone. Après Valence (Drôme), c’est la ville de Lyon (Rhône) qui a été choisie comme lieu rassemblement national. Le Référendum d’initiative citoyenne sera une des revendications portée par ce mouvement lancé le 17 novembre 2018. Cette volonté de renouveler la démocratie figurait déjà dans les mots d’ordre des contestataires de Mai-Juin 1968. Retour sur ce mouvement populaire d’aujourd’hui et sur celui qui s’est déroulé il y a un demi-siècle avec un ancien militant du PSU et toujours militant CFDT.
Combien convergeront-ils vers Lyon ? Quelle sera l’ambiance ? Telles sont quelques unes des questions qui peuvent être posées pour ce 13e acte des Gilets jaunes en terre lyonnaise. Si un rassemblement est bien annoncé pour 13 heures Place Bellecour, rien ne dit que les manifestants pourront y avoir accès. La Préfecture de police du Rhône a en effet prévu un large déploiement de forces de l’ordre, et l’on peut augurer que c’est à jeu de chat et de la souris que manifestants et policiers se livreront.
Reste que bien que le Grand débat national fasse l’objet de nombreuses initiatives, les Gilets jaunes persistent dans leurs rassemblements, avec les mêmes revendications, notamment en matière de démocratie.
Des paroles aux actes
Reste que ces demandes ne restent pas des paroles en l’air. Ici et là, ont lieu des expériences de votation citoyenne. C’est ce qui s’est passé du 1er au 3 février à Saint-Clair-du-Rhône (Isère) où le groupe local a organisé son second week-end de votation.
Mi-janvier, ils avaient appeler au vote un millier d’électeurs du 3e bureau de cette commune de 4 000 habitants. Un quart des électeurs-trices s’était déplacé et cet exercice avait été salué par un reportage sur France 5 dans l’émission C Politique du 20 janvier. Le week-end passé, la votation a été renouvelé à l’intention des 2 000 autres personnes inscrites sur les listes électorales. Les habitants se sont encore déplacés et parmi eux des non-inscrit.e.s qui ont demandé ainsi que le RIc soit inscrit dans la constitution de la République française.
Une détermination intacte
A l’issue du scrutin, la détermination reste la même. Alexandre participe au mouvement saint-clairois. Il était sur le rond-point lorsqu’il était occupé par ses amis Gilets jaunes, et n’a pas hésité ensuite à se rendre au Grand débat organisé le 24 janvier à Condrieu (Rhône), de l’autre côté du Rhône.
Pour lui, le référendum d’initiative citoyenne reste parmi ses motivations. Il l’explique.
Un référendum déjà évoqué il y a cinquante ans…
Dans le cadre du mouvement social, étudiant et ouvrier de mai-juin 1968, il y avait bien sûr des revendications salariales, mais aussi une forte aspiration à la démocratie, qu’elle soit interne à l’entreprise, comme dans toute la société, notamment au niveau politique.
Sur ce terrain, dans l’entreprise et sous la pression de la CFDT, la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise a été acté par le protocole Matignon. Mais, dans la société, le référendum d’initiative présidentielle introduit par la constitution de 1958 est seul resté en lice. D’ailleurs son promoteur, le Général de Gaulle en usa en 1969 au sujet de la régionalisation et de la réforme du Sénat.
Pourtant, le parti de Michel Rocard (le PSU) avait mis le référendum d’initiative populaire dans son programme, illustrant le souci soixanthuitard du pouvoir étudiant-ouvrier et étudiant.
Georges Tissot était étudiant à la faculté de droit et sciences économiques à Lyon en mai-juin 1968, et militant du Parti socialiste unifié par le biais des ESU, son mouvement étudiant. Depuis le début de sa vie de salarié, il est adhérent de la confédération cédétiste, et aujourd’hui encore, il est un des militants de son syndicat CFDT des retraités du Rhône. Il revient sur le référendum d’initiative citoyenne et son évolution depuis un demi-siècle.
Le 23 janvier 2019, l’Institut tribune socialiste (ITS) organisait à Paris une soirée d’information-débat sur le mouvement des Gilets jaunes. Parmi les participants, Alain Lipietz, ex-chercheur, ex-responsable et candidat aux élections des Verts puis d’EELV.
Lui aussi, partie prenante du mouvement de mai-juin 68, militant du PSU, apporte sa réflexion sur le mouvement social en cours et les liens possibles avec ce qui s’est passé en France, il y a un demi-siècle.
A suivre
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