Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel, carte de presse 49272
Samedi 30 janvier, la presse écrite quotidienne régionale (Le Progrès) était claire : c’est un vaste chantier d’économies qui a été publiquement voté la veille lors de la première séance publique de l’année du Conseil départemental du Rhône. Un plan de « combat » qui se traduira par des coupes sombres parmi les lignes de transports des Cars du Rhône, exploitées par quatre compagnies délégataires. Explication et réactions des conseillers départementaux.
Le pavé avait été lancé dans la marre dès l’examen en commission de l’offre du Sytral du plan de ce que les spécialistes appellent pudiquement « l’adaptation ». Les usagers avaient déjà été alertés par les délégués syndicaux des sociétés de transport au sein des quelles la rumeur courait depuis un an, et avait même fait l’objet de débat en comité central d’entreprise. Mais avec le rapport du Syndicat des transports en commun de l’agglomération lyonnaise (Sytral), la chose devenait claire. Malgré la dénégation de certains élus locaux qui n’avaient pas été tenus au courant, la mobilisation s’est organisée : lettres, pétition, demandes de rendez-vous…
De la rive droite du Rhône au Conseil départemental
Avec pour premier résultat, une réunion publique qui a réuni une cinquantaine de personnes à Condrieu le 9 décembre, et une pétition qui a réuni 400 signatures à ce jour. Certes, peu de choses pour un Nouveau Rhône de plus de 300 000 habitants, si l’on ne prend en compte les réactions qui depuis se sont multipliées. Car, depuis, des responsables politiques de tous bords et de tous les niveaux se sont émus d’une procédure mise en place sur de simples normes comptables ne prenant pas en compte la spécificité du milieu rural. La dernière en date est la veille du débat du conseil général de la part du parti EELV, qui avait réuni des élus de la Métropole et de la Région Aura pour demander le report du plan de réduction des transports..
« Les techniciens qui travaillent sur l’évolution des réseaux parlent en milliers voire dizaines de milliers de voyageurs transportés. Quand on leur parle de quelques dizaines de personnes par jour sur une ligne rurale, ils ont dû mal à comprendre qu’il faut les maintenir. Et dans la foulée, les élus locaux qui ont une masse de dossiers à traiter font confiance à ce qu’ils préconisent… », reconnaissent de concert des élus du département et du Sytral, qui souhaitent conserver l’anonymat.
De fait, lors de la séance du conseil départemental du Rhône du 29 janvier, s’il a été question de contrats trop coûteux passés avec les sociétés d’autocars, et d’emprunts toxiques qui nuisent de concert aux finances départementales, ce sont bien les transports collectifs qui trinqueront en premier si le plan prévu est mis en œuvre.
Explication de Christiane Agarrat, vice-présidente déléguée (LR), chargée des transports et qui a présenté le document d’orientation budgétaire 2016.
Des voix différentes au Conseil départemental
Autant dire, que même si l’orientation avait été annoncée par le député Les Républicains Christophe Guilloteau dès son élection à la présidence du Conseil déaprtemental du Nouveau Rhône en avril 2015, la pilule a été difficile à avaler. Et les réactions publiques de plusieurs conseillers départementaux en est l’illustration.
Ainsi, Daniel Jullien, maire de Vaugneray, s’est ouvertement et d’une façon très argumentée en opposition au processus d’économies enclenché. Ces propos ont dû faire mouche puisqu’il s’est s’attirée une réponse très vigoureuse de la part de la rapporteure au budget. Le point de vue du conseiller général de l’Ouest Lyonnais recueilli en séance.
Tout comme son collègue centriste Daniel Jullien, Bernard Chaverot, le conseiller départemental de gauche avec l’Arbresloise Sheila Mc Carron, a pris fait et cause pour les usagers qui demandent aux élus du département de revoir leur copie. Ils souhaitent qu’il soit tenu compte de la réalité du terrain et de l’avis des maires, qui manifestement n’ont pas été mis au courant au préalable. Extrait de l’intervention de Bernard Chaverot lors de la séance du 29 janvier.
Du côté du Beaujolais, l’atmosphère n’est guère plus sereine, si l’on en croit Daniel Pomeret, président du groupe des élus centristes indépendants et républicains. Le maire d’Anse accepte bien évidemment de prendre en compte les contraintes budgétaires, mais il rappelle à ses collègues et amis, qu’une ligne de bus, une école de musique ou une bibliothèque sont des composantes indispensables pour maintenir la vitalité du territoire et pour y faire rester de nouveaux habitants venus de la Métropole pour profiter de ce cadre de vie.
Le point de vue de Daniel Pomeret développé dans son bureau à l’issue de la séance publique.