Reportage de François Dalla-Riva, journaliste professionnel, carte de presse 49272
Ouverte le 8 mars, journée internationale des femmes, l’exposition « Femmes du Rhône et de Lyon, elles ont illustré nos territoires » se poursuit jusqu’au 30 juin prochain dans le hall des Archives départementales et métropolitaines. Une rétrospective qui part du Moyen-âge en Beaujolais et se termine à la prison Montluc, et offre une série de portraits de femmes engagées, résistantes et déterminées dans le domaine des arts et des lettres, de la vie sociale, politique ou religieuse.
Tout débute avec une fille de famille noble, Marguerite d’Oingt, qui fut prieure de la chartreuse de Poleteins, une des huit chartreuses que compta le département de l’Ain, à côté de Meyriat, Arvières , Seillon, Solignac, Montmerle et Pierre-Chatel. Durant plus de vingt ans, cette mystique administra le monastère créé au début du 13e siècle par une autre femme de la petite noblesse, Marguerite de Bagé-le-Chatel, épouse d’Humbert V de Beaujeu.
Nobles, mystiques et femmes de pouvoir
L’histoire de ces Rhodaniennes célèbres se poursuit en Beaujolais avec Anne de Beaujeu. Mariée tout d’abord à Pierre de Beaujeu, elle sera régente du Royaume de France après la mort de son père, le roi de France Louis XI.
L’exposition qui a débuté par une religieuse qui laissa deux ouvrages mystiques, se poursuit avec les femmes de la Renaissance, Louise Labé, Pernette du Guillet au début du 16e siècle, avant de céder la place un siècle plus tard à la Caladoise, Mme de la Barmondière, puis à Manon Roland, une héroïne de la Révolution française décapitée sous la Terreur, et à la charnière du 18e et du 19e siècle à Juliette Récamier.
Des femmes engagées et résistantes
.A l’orée du 20e siècle, avec l’organisation du mouvement ouvrier, est mise en lumière Marie-Louise Rochebillard, une pionnière du syndicalisme féminin entre Rhône et Sâone, et du mouvement social chrétien, qui fut une des fondatrices de la CFTC (ancêtre de la CFDT). L’exposition se clôt sur la prison de Montluc, bâtiment voisin des Archives départementales où furent incarcérées de nombreuses femmes résistantes, telle Jeanne Sontag, fusillée avec 120 autres otages et résistants au fort de Côte Lorette à St Genis-Laval le 20 août 1944. C’est aussi le cas d’Elise Rivet, et Emma Léger, déportée à Ravensbruck et revenue de l’enfer concentrationnaire fin avril 1945.
On n’aurait garde de passer sous silence Philomène Magnin, qui marqua la municipalité lyonnaise (au sein duquel elle fit la première femmes élue aux côtés du maire radical-socialiste Edouard Herriot). Un personnalité qui laissa sa trace au conseil général du Rhône. L’action sociale continue de cette chrétienne pratiquante (dans les pas de Pauline Jaricot), tout comme celles d’autres (militantes de la Jeunesse ouvrière chrétienne, par exemple) prit une part déterminante dans la vie lyonnaise. On retrouva aussi ses femmes dans un rôle irremplaçable durant les deux guerres mondiales, dans la résistance au nazisme et au régime de Vichy notamment, puis au sein du mouvement social et dans l’engagement politique, au sein du Parti communiste français ou du MRP.
L’avis du géniteur…
Alors, après cette petite rétrospective, qu’en pense la maître des lieux ? Bruno Galland, directeur des Archives du département et de la Métropole. Ce spécialiste du Moyen-âge, ex directeur-adjoint des Archives nationales a retrouvé depuis deux ans sa ville natale. Passionné de paléographie qu’il enseigne encore à l’université de la Sorbonne, il est aussi le concepteur de cette exposition réalisée avec toute son équipe. Entretien.
… et aussi celui de visiteuses…
« On ne vient pas spécialement pour voir nos expositions », regrette le directeur des Archives. Peut-être, mais cette maison étant partenaire du Mémorial national du fort Montluc, certains n’hésitent pas à franchir quelques centaines de mètres pour entrer dans ce hall. C’est le cas de Madeleine Ducharne et Florence Suppot. Après avoir rendu hommage aux résistantes qui furent incarcérées dans la prison voisine, elles ont tenu à découvrir le visage de ces rhodaniennes qui en représentent beaucoup d’autres. Elle livrent leurs impressions.
Cette exposition ouvre la voie à une recherche personnelle sur l’une des femmes montrées en exemple, qu’elles soient écrivaines, artistes, religieuses, femmes d’Etat, résistantes, toutes actrices des grands moments de notre société, ainsi que des traditions littéraires, sociale et politique dont elles furent des représentantes.
Renseignements : Archives départementales et métropolitaines, 34 rue Général Mouton-Duvernet – Lyon 3e – Jusqu’au 30 juin 2016, du lundi au vendredi de 8h30 à 17h (Tél. 04 72 35 35 00). Entrée libre et gratuite.
Philomène Magnin
http://www.leprogres.fr/lyon/2015/05/10/philomene-magnin-premiere-femme-entree-au-conseil-municipal-de-lyon