Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
La préservation de l’environnement et la relance économique alliées à un haut niveau de service de qualité en milieu urbain conduisent à un large consensus des élus politiques de tous bords. La présentation des vœux de la présidente du Syndicat des transports en commun de l’agglomération lyonnaise (Sytral) en a fourni l’illustration le vendredi 27 janvier 2017. Décryptage.
Les récents pics de pollution durant plusieurs semaines sont dans la tête de tout le monde. Et comme en région parisienne et en vallée de l’Arve notamment, le pôle métropolitain de Lyon n’a pas été épargné. Alors, rien d’exceptionnel que la préservation de l’environnement ne s’invite dans le débat des déplacements et des transports en commun dans le Rhône et la métropole lyonnaise.
Un réseau très urbain mais aussi rural
Il faut dire que le service rendu par le Syndicat des transports en commun lyonnais (Sytral) s’étend, non seulement sur la stricte seconde métropole de France, mais à tout son environnement rural. En effet, si le département du Rhône a laissé ses compétences urbaines au terme d’un accord passé entre son président Michel Mercier et le président de la métropole Gérard Collomb, a contrario, les réseaux de transports collectifs n’ont cessé de se rapprocher.
Ainsi en est-il allé avec les lignes de bus, tram, et métro des TCL, des Cars du Rhône, plus récemment de la Communauté de communes de l’Est lyonnais et de l’agglomération de Villefranche-sur-Saône, sans oublier la liaison avec l’aéroport Saint-Exupéry (Rhonexpress). Et peut-être prochainement des transports de l’Ouest rhodanien par le biais de la nouvelle communauté d’agglomération.
Un bilan 2016 positif
Aussi, la présidente du Sytral, la sénatrice socialiste Annie Guillemot, ex-maire de Bron, a-t-elle pu présent un bilan très positif des services rendus en 2016. Ce réseau de transport qui est le plus fréquenté de France avec 350 voyages par habitant et par an, fonctionne bien grâce à un triple financement composé des subventions des collectivités (140 millions d’euros pour la Métropole et 58 pour le département, le versement transport versé par les entreprises sur la base des salaires à hauteur de 332 millions d’euros et avec 230 millions versé par les usagers, dont le nombre a augmenté de 30 % en sept ans ( + 22 % usagers du métro, + 20 % dans les bus et + 87 % sur le tramway dont le réseau s’est développé fortement=.
Avec cette manne, le Sytral investira 400 millions d’euros d’ici 2020 avec l’achat de tramways plus longs, l’achat de 22 rames de métro, avec en parallèle la mise en route des travaux de la ligne T6 entre Gerland (Debourg) et Bron (hôpitaux) et le lancement du prolongement de la ligne B du métro qui devrait arriver en 2023 à st Genis-Laval (hôpitaux sud) après s’être arrêté au centre d’Oullins.
La mobilité des transports : un levier pour l’action économique
Le sénateur-maire et président du Grand Lyon, siitue la politique du Sytral dans la continuité de la gestion menée par Christian Philip et Bernard Rivalta avec des élus dévoués comme Georges Barriol et Lucien Durand.
Pour Gérard Collomb, le défi des déplacements dans la métropole qu’il préside est de trois ordres, au nombre desquels la mobilité va de pair avec la dimension sociale et le registre environnemental. La mobilité est une des conditions essentielles pour contribuer à une cohésion urbaine, mais surtout un des facteurs de l’implantation des entreprises et du développement économique.
Le très macronien maire de Lyon a su tisser ses réseaux en quarante années de présence au conseil municipal de Lyon. Et malgré le clivage politique qui le différencie formellement des partis de droite, comme le Sytral qu’il a dirigé, il sait faire cause commune avec le département du Rhône pourtant présidé par Christophe Guilloteau, un des représentants notoires du parti des Républicains dans la région.
Sytral : une coopération politique gauche-droite-écologiste
Le Sytral est d’ailleurs l’illustration même, non seulement d’une cohabitation politique, mais mieux encore d’une gestion commune, qui transcende toutes les oppositions déclinées nationalement. D’ailleurs, lors de cette cérémonie de vœux, Christiane Agarrat, représentant le Département du Rhône, a évoqué la très longue coopération entre les deux collectivités au sein même du Syndicat des transports en commun.
Lors de cette séance de vœux, les divergences qui ont été mises en évidence lors de la suppression depuis fin août 2016 de 30 % des services des Cars du Rhône, n’ont pas fait l’objet de regrets publics de la part des élus de la métropole. La septième vice-présidente du département du Rhône, par ailleurs vice-présidente de la Commission de l’offre du Sytral, a donc pu légitimer une fois de plus la drastique diminution de services par la nécessité de faire disparaître des lignes jugées « exotiques » générant des dépenses « toxiques ».
Il reste que tout en défendant le bilan du Rhône, et avec la nouvelle compétence prise depuis le 1er janvier par les Régions en matière de transports collectifs routiers, Christiane Agarrat a dû reconnaître que, sur le terrain les usagers n’y comprennent plus rien.
Il est à espérer qu’avec l’entrée des représentants de la région Aura, en lieu et place de leurs collègues du Département du Rhône, une plus grande lisibilité des décisions et une cohérence approfondie entre transports ferroviaires (TER) et transports routiers sera mise en œuvre.
C’est d’ailleurs bien l’objet du mémorandum que le tissu associatif et syndical du bassin viennois soutenu par le fédération Darly a remis à Patrick Mignola, vice-président de la région Aura, en charge des transports. Une proposition qui a pour l’heure reçu l’aval du président de Viennagglo (Thierry Kovacs) et du département du Rhône, par la voix de Christiane Agarrat. Suggestion qui a pour le moment laissé sans voix les élus du Sytral et de la métropole lyonnase.
Le directeur général du Sytral, Raymond Deschamps en poste au Sytral depuis six ans, avait ouvert cette séance de vœux. Comme sa présidente, et à l’unisson du diaporama projeté, il a déployé la liste des travaux réalisés et les projets qui vont se développer dans ce mandat, et même au-delà de 2020. Il vante la nouvelle délégation de service public contracté avec le groupe Kéolis (SNCF) qui emploie plus de 2 000 salariés et transporte un million et demi de voyageurs chaque jour.
Au terme de près d’une heure de discours et de propos informatifs; qu’en pensent des usagers de base représentés par quelques présidents d’associations. Bernard Girard préside la fédération Darly (Se déplacer autrement dans la région lyonnaise). Ce bon connaisseur des questions des transports collectifs et a participé aux travaux du Plan de déplacement urbains (PDU) de la Métropole. Pour lui, ces interventions un brin lénifiantes masquent le manque de dialogue qui caractérise encore aujourd’hui le fonctionnement du Syndicat des transports de l’agglomération lyonnaise.
Partie prenante avec les élus de la commune de Condrieu et plusieurs associations (Sauvegarde du Pays Rhône-Gier et Collectif des usagers des Cars du Rhône) et d’une organisation syndicale (CFDT retraités Givors-Condrieu), la fédération Darly attend toujours que le Sytral concrétise les délibérations prises en juillet et les promesses faites pour pallier les manques créés par la suppression de la ligne 231 (Condrieu-Vienne) et la baisse des services de la 134 (Condrieu-Givors).
Affaire à suivre donc !