Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
La sécurité était un des engagements-phare du candidat LR Laurent Wauquiez durant la campagne 2021. Une fois réélu, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a tenu à passer aux actes, et avec le règlement intérieur de l’assemblée, le dossier sur la sécurité a été la première délibération adoptée pour un montant de 300 millions d’euros. Elle a donné l’occasion aux différents groupes politiques de marquer leurs approches diversifiées. Retour sur les débats qui ont mis en lumière l’impératif d’une politique de prévention et les risques pour les libertés que représente la reconnaissance faciale. Une utilisation que la Défenseure des droits vient de demander d’encadrer fermement.
Avant la présentation du dossier sur la sécurité par le vice-président Renaud Pfeffer, c’est Laurent Wauquiez lui-même qui a expliqué le fond de son engagement en la matière.
Maire de Mornant et ancien premier vice-président du conseil départemental du Rhône, Renaud Pfeffer a d’abord rappelé que le plan sécurité, dont il était le rapporteur, engagerait la Région aura pour un montant de 300 millions d’euros.
Il a ensuite situé la question de la sécurité dans le domaine des transports ferroviaires et routiers (dont les scolaires) et des gares. Des points sur lesquels les régions sont compétentes.
Il a aussi développé les aides que pourraient apporter la région Aura aux communes et zones d’activités industrielles et artisanales, notamment en matière d’installations de caméras.
Au nombre des réalisations qui ont été programmées figurent, par exemple, l’augmentation de 50% des effectifs de la police ferroviaire, dont 30 % dès la fin de cette année 2021.
Approbations des groupes LR et centriste
Ces mesures, au cœur du programme de Laurent Wauquiez ont bien évidemment été soutenues par les élus LR, dont le porte parole était Jérémie Bréaud.
Pour le maire de Bron (Rhône), la sécurité est un sujet sensible sur lequel il s’était engagé lors de la campagne des élections municipales de 2020, et qui reste une question vive dans certains quartiers de sa ville.
Approbation aussi du côté des élus centristes. Un point de vue développé par Claude Aurias, conseiller régional issu du département de la Drôme.
Une opposition ferme et diversifiée
Du côté des 51 conseiller.e.s de gauche, l’opposition a été unanime mais diversifiée.
En matière de sécurité, la gauche entend insister sur la dimension éducative et de prévention, et non seulement mise en œuvre d’une manière répressive.
Pour Zerrin Bataray, porte-parole du groupe EELV (Générations), si l’on parle de sécurité, il ne faut pas occulter la dimension sociale (emploi, alimentation…). Pour l’avocate viennoise, le programme sécurité de Laurent Wauquiez est avant tout celui d’un candidat à la présidence de la République. Elle annonce que son groupe d’opposition sera vigilante pour conserver le plan sécurité proposé dans le cadre légal.
Cécile Cukierman, conseillère régionale communiste de la Loire, rappelle que son groupe est attachée aux questions de sécurité qui concerne en premier lieu les populations les plus fragiles.
Celle qui est aussi sénatrice, souligne qu’avant tout, concernant la sécurité, c’est d’abord l’humain qui doit primer plus que la technologie. Dans ce cadre, par exemple, renforcer la présence d’agents SNCF dans les trains est à privilégier, en lieu et place de caméras qui ne feront l’objet d’un suivi qu’après le déroulement de potentielles incivilités ou incidents plus graves.
Najat Vallaud-Belkacem, au nom du groupe socialiste, a pointé à la fois des accords avec le plan sécurité et un certain nombre de réserves. Par exemple, concernant les moyens humains dans les gares, elle souligne que le plan signé entre la SNCF et la Région Aura ne mentionne pas d’augmentation d’effectifs au guichet, pour le contrôle et dans les trains.
Elle rappelle enfin que la reconnaissance faciale demandée par le président Laurent Wauquiez n’est pas de compétence régionale, et relève en l’occasion d’un mouvement populiste qui ne pourra trouver de concrétisation.
Seule voix discordante à gauche, avec Guillaume Lacroix, dont le groupe (Radicaux de gauche) s’est abstenu lors du vote. Il a tenu à s’éloigner de positions partisanes, rappelant que l’insécurité revêt de multiples formes, où le social ne saurait occulter, et pour laquelle la prévention doit être appliquée.
L’opposition du groupe du Rassemblement national était pour le moins inattendue. En effet, le thème de la sécurité est cher au parti de Marine Le Pen.
Pour la Ligérienne Isabelle Surply, le groupe RN avait certains accords mais aussi des points de désaccords, et le fait de ne pas avoir pu se prononcer chapitre par chapitre a conduit ce groupe à ne pas prendre part au vote.
Les désaccords du groupe du Rassemblement national portait aussi sur la nécessité d’empêcher de commettre des actes délictueux plutôt que de mettre en place des caméras qui ne pourraient qu’aider lorsque les faits auront eu lieu.
La conseillère régionale ne pouvait savoir que le lendemain de l’assemblée régionale, mardi 20 juillet 2021, Claire Hédon, Défenseure des droits, présenteraient un certain nombre de réserves quant à l’utilisation des caméras. Pour elle, le développement des technologies biométriques fait peser un grand risque sur les libertés et demande en conséquence un meilleur encadrement de ces pratiques.
(à suivre)
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