Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
Alors que le Premier ministre envoyait une lettre aux organisations syndicales leur annonçant le retrait provisoire de l’âge-pivot et la responsabilité d’une conférence paritaire pour trouver des solutions de financement, dans de nombreuses villes de l’Hexagone, des manifestations se sont déployées pour s’opposer frontalement au projet gouvernemental. Le point sur cette situation. Entre victoire, selon la CFDT, et statu-quo dénoncé par CGT, CFE-CGC, FO, Solidaires (Sud), FSU, CNT, Unef et UNL, voici quelques interviewes dans les rues lyonnaises où ont défilé 15 000 personnes.
Elles et ils étaient déjà là sur la place Maréchal Liautey, sur le coup de 13h30.
En ce samedi 11 janvier 2020, après une autre manif hebdomadaire deux jours plus tôt, ils ont abandonné le traditionnel parcours sur le cours Gambetta depuis la Manufacture des tabacs et le campus de l’université Lyon 3, pour lui préférer les quais du Rhône, avec la place Bellecour comme même point de chute.
Un cortège grossi au fil du parcours
Trois petits milliers au départ en passant devant l’Opéra, ils ont grossi le cortège par flots réguliers jusqu’à atteindre 15 000 manifestant.e.s, selon le quotidien régional Le Progrès..
Une même demande unissait ouvriers, fonctionnaires, enseignants, archéologues, lycéens et étudiants, venus seul, par groupe ou en famille : le retrait du projet de réforme des retraites présenté par Édouard Philippe et les ministres d’Emmanuel Macron.
Conditions de travail pénibilité et âge de la retraite
On le sait, la question de la pénibilité du travail est directement liée à l’âge de départ à la retraite. Michaël est passé de la restauration au chantier, et depuis cinq ans, il mesure la différence en terme de conditions de travail.
Il s’explique et témoigne de la dureté des tâches exercées sur les chantiers et la façon dont ses collègues la vive. Volontairement non syndiqué, il ne délaisse pas l’action collective, bien au contraire !
Du côte de la CFDT, on attendait Philippe…
Depuis dix jours, les militants CFDT ont fait signer une pétition sur le retrait de l’âge-pivot et l’ont diffusée largement. Au moment où nous mettons en ligne cet article (12 janvier, 17h16), 100 593 personnes ont signé. Samedi matin encore, ils étaient dans les rues pour faire signer ce texte.
Précisons que la pétition lancée par la FSU congre la réforme a, de son côté, recueilli 148.307 signataires au même moment.
Dans le cortège des manifestants lyonnais, nous avons croisé quelques militant.e.s CFDT de notre connaissance dans ce cortège. Mais pas question d’arborer un signe distinctif qui aurait pu générer l’étonnement des manifestants. Impossible aussi de recueillir une interview de leur part, car ils ne souhaitaient pas être remarqués de leurs camarades cédétistes.
Alors, à défaut, retournons-nous vers les responsables confédéraux cédétistes, à commencer par Laurent Berger, le secrétaire général de la première organisation syndicale française.
Laurent Berger, avec la CFDT, avait fait de l’âge-pivot une ligne-rouge à ne pas franchir. Dès samedi soir, la centrale a publié un communiqué en affichant sa « victoire ». Une position reprise dans un entretien diffusé par le Journal du dimanche.
Les propos de Laurent Berger restaient cependant prudents, et ce dimanche matin sur France Inter, la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Marylise Léon , a adopté la même attitude. Distinguant de l’âge-pivot de l’âge d’équilibre qui figure dans la lettre du Premier ministre, elle a notamment rappelé que « L’âge pivot est une mesure budgétaire, qui sera retiré. Je n’ai pas lu dans le courrier que c’est provisoire. Il n’y aura pas de mesure de cette nature dans le projet de loi. Cela pénalisait les gens qui ont commencé à travailler tôt ».
Elle n’a d’ailleurs pas exclu que la CFDT développe d’autres actions selon l’avancée des travaux de la Conférence de financement, soulignant au passage, que les cheminots cédétistes seront mobilisés mardi 15 sur les revendications propres à leur secteur.
On saura dès ce début de semaine quelle sera la perception de la population française d’autant que les syndicats opposés à la retraite veulent ne pas s’arrêter, comme nous le déclarait samedi après-midi Pascal Lagrue, secrétaire département de Force ouvrière dans le Rhône.
Nationalement, et dans le Rhône, les opposants à la réforme invitent à de nouvelles manifestations avec au moins deux rendez-vous revendicatifs dans la semaine qui vient.
à suivre
Notre prochain article : Réforme des retraites : et maintenant ? (2)