La crise que nous vivons est un risque majeur pour la démocratie. Depuis quela Grèceantique en a fondé le concept, et que Montesquieu, notamment, l’a structurée, la démocratie n’a guère évolué. Dans l’hebdomadaire lyonnais Tribune de Lyon, Philippe Genin, avocat, ancien bâtonnier et chroniqueur, revient sur ce qui était en filigrane de toute cette semaine politique : l’exercice de la démocratie. Un point de vue qui appelle le débat.
En théorie, la démocratie se définit ainsi : le gouvernement du peuple par le peuple.Tel n’est évidemment pas le cas et déjà Montesquieu écrivait : “Le peuple n’a pas compétence à s’occuper des affaires. Il doit se limiter à la désignation de représentants.” Rien n’a bougé depuis : on a empilé un millefeuille de “corps intermédiaires”. Et on s’en remet à une “élite”. Je ne partage pas la critique globale faite des corps intermédiaires, qui nous laisserait dans ce face à face terrifiant d’un peuple et de son “guide”.
Je ne suis pas plus favorable au référendum qui a fait récemment régresser la construction politique de l’Europe et avec lequel le droit à l’IVG n’aurait jamais été voté, la peine de mort jamais abolie. Une réflexion sur le droit des minorités a bien été abordée, ainsi que l’idée d’une démocratie dite “participative”, mais la première n’a jamais été suivie de la création de droits et la seconde est restée dans son flou électoral. Et pourtant, il faut trouver les moyens de donner davantage la parole au peuple. Les assemblées générales des places de Madrid sont là pour nous sortir de la torpeur, qui est une sorte de totalitarisme qui n’a pas fait toutes ses dents. Aussi, je pense qu’il faudrait créer un droit d’interpellation solennelle de nos “élites”.
La parole aux citoyens
Les élus le sont pour cinq ou six ans, et entre deux élections, il ne se passe rien. L’interpellation par représentation parlementaire interposée n’est plus satisfaisante. Et puis qui interpelle les représentants ? La presse nationale certes, mais le business du buzz auquel elle est soumise pour survivre la détourne souvent des préoccupations réelles des citoyens. C’est encore plus vrai au niveau local et pour peu, comme à Lyon, que le seul quotidien soit aux bottes du maire, et bien, c’est “Circulez, y a rien à voir”. Au surplus, l’opposition doit elle-même être interpellée. J’en veux pour exemple le scandale de ces élus de droite et de gauche qui, ayant atteint le plafond de rémunération légale, affectent le surplus généré par leurs différents mandats à des affidés moins élus (dont ils font leurs débiteurs permanents) au lieu de le reverser au budget de la collectivité.
Il faut donner la parole aux citoyens, indépendamment du droit de vote. Permettre d’interpeller les élus comme on pouvait le faire sur l’Agora. Grâce aux nouvelles technologies, on doit pouvoir, à partir d’un seuil raisonnable de demandes, exiger des élus qu’ils rendent compte de leurs actes. Le droit d’interpellation doit être un nouveau droit de l’homme et du citoyen.
Et pourquoi pas à Lyon, ville de recherche dans les sciences de la vie ? Si l’idée vous intéresse, manifestez-vous sur le site reagissez@tribunedelyon.fr
Philippe Genin
Les années passant, je trouve que le temps de la réflexion doit faire place à celui de l’action. Paradoxe.
A quoi servirait-il de passer sa vie à philosopher sur la démocratie, sans aboutir à quelques certitudes?
Il est quelques règles partagées par beaucoup sauf par les politiciens:
PAS DE CUMUL! un seul mandat par individu. Pas plus de 2 mandats consécutifs dans la même fonction.
Et bien sûr un statut de l’élu pour permettre à tous les citoyens d’avoir une chance de participer au système.
Quand aux tricheurs, interdiction d’être à vie. on ne peut pas transiger avec la représentation du peuple: l’élu doit être exemplaire.
Et pour mettre cela en oeuvre, un REFERENDUM! N’attendons rien, sur ce point, de ceux qui vivent du système, des politiciens professionnels qui n’ont jamais fait un métier normal, comme vous et moi, ils ne réformeront rien, sinon ils l’auraient déjà fait.