Reportage de Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève)
A l’heure des anniversaires, France 3 programmait ce vendredi 13 mars 2020 successivement, deux documentaires de grand choix. L’un sur Jean Ferrat, l’autre sur Boris Vian. Deux rétrospectives nécessaires et étonnantes pour ces chanteurs et poètes qui ont marqué le 20e siècle. Auparavant, au cinéma L’Amphi, à Vienne, j’avais vu « La Bonne épouse », avec lequel Martin Provost signe son neuvième film, et où le duo Juliette Binoche–Yolande Moreau est extrêmement réjouissant.
Nous débuterons par Boris Vian. Cet ex-ingénieur génial, poète, écrivain, musicien, chanteur est né il y a 100 ans en région parisienne. Ses écrits et paroles restent d’une totale actualité : la critique de l’armée, de la bombe atomique, du productiviste et du consumériste… tout sonne juste.
Je confesse que j’ai un faible pour le professeur de la « Java » et l’antimilitariste du « Déserteur »., aussi pour la jazzman.
Un cœur qui battait trop fort
Et quand on ajoute le style littéraire, la patte artistique de ce trompettiste expert… on ne peut qu’aimer. Derrière son analyse de la réalité, même humoristique et loufoque, il y a bel et bien un engagement, mais aussi parfois le sentiment qu’il est parfois vain. Un événement chasse l’autre, et l’écume des jours a suggéré au titulaire de ce blog le titre de son patronyme.
Avec l’épidémie de coronavirus, beaucoup d’activités quotidiennes s’arrêtent. Alors, raison de plus de visionner en replay si vous ne l’avez pas fait en direct, le documentaire intitulé « Boris Vian, un cœur qui battait trop fort ». Attention, l’émission n’est visionnable que jusqu’au 14 avril 2020.
Après cela, vous pourrez toujours grâce à France 3 qui a diffusé ce documentaire en 2017, vous pourrez voir sans restriction « La Comédie Française chante Boris Vian »
Dix ans, déjà ! Jean, l’ami d’Antraigues (Ardèche), le militant, le compagnon de nos mariages et de nos luttes… nous laissait orphelins il y a dix ans.
Pour avoir chanté son répertoire quelques semaines après sa mort devant un public de comité d’entreprise, pour avoir parcouru la vallée de la Volane, sa Volane, qui descendait du mont du Gerbier-de-Jonc à Vals-les-Bains, Jean est une partie de nous-mêmes.
Comme Brel, Ferré et Brassens, Ferrat fut notre guide des bons et des mauvais jours. Ses chansons, les textes d’Henri Gougaud, les poésies de Louis Aragon nous ont accompagné, dans nos nostalgies, nos joies, nos envies de changer le monde…
Jean Ferrat, ce fut aussi une partie de notre histoire. A Auschwitz 1, la salle des déportés français a mis les Juifs à l’honneur : son père Mnacha Tenenbaum (Manassé), exilé russe naturalisé raflé par les nazis, les poètes comme Robert Desnos…
A revoir sur France télévisions
Jusqu’au 20 mars, vous pourrez déguster deux heures de bonne télévision avec des séquences exclusives, des duos inconnus comme avec Christine Sevres, sa première épouse, les témoignages en continu de la chanteuse Francesca Solleville et du guitariste et interprète Dominique A, et les prestations diverses et variés des Frères Jacques, de Serge Reggiani ou de Marcel Mouloudji, et les passages furtives de Jacques Prévert.
A retrouver par le lien : https://www.france.tv/documentaires/art-culture/759103-jean-ferrat.html jusqu’au 20 mars 2020.
Et ensuite, on pourra toujours visionner des extraits de ce documentaire déjà diffusés par France 3 :
et
De l’école-ménagère hyper-stricte à la révolution de mai 68…
Autre moment de réjouissance culturelle avec le dernier film de Martin Provost. Une bonne partie du film La Bonne épouse décrit les méthodes et le fonctionnement d’une école ménagère familiale qui développe la conception d’une épouse, docile servante de son époux.
Au fil d’une aventure romantique sur les hauteurs des Vosges, la donne change, et c’est à ce moment que se déclenchent les événements de mai-juin 68, qui étaient en gestation depuis un an.
Dans ce long métrage, un trio crève l’écran. Alors que François Berléand est cantonné dans un rôle mineur, Yolande Moreau est égale à elle-même, Noémie Lvovsky, en sœur Marie-Thérèse et Juliette Binoche en directrice d’école-ménagère, jouent à merveille un rôle de composition.
Dans un entretien à notre confrère Le Huffington Post, Martin Provost revient sur ce film, qui comme les précédents revisite les faits de société. Et chacune des principales interprètes témoignent de leur propre parcours, et analysent les changements des rapports hommes-femmes depuis un demi-siècle, même si des avancées restent encore à faire.