Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste honoraire, carte de presse 49272
Les Journées européennes du Patrimoine avaient lieu les 17-18 septembre 2016. Comme dans de très nombreuses villes et villages du continent européen, églises, châteaux, bâtiments officiels et autres lieux historiques ont été l’objet de visites en grand nombre. A côté des vestiges gaulois et romains qui peuplent la Bourgogne et le bassin autunois en particulier, des visites étaient organisées pour découvrir le patrimoine naturel, industriel et humain de cette agglomération.
Les Journées européennes du patrimoine tenaient les 17 et 18 septembre leur 33e édition. Patrimoine et citoyenneté constituait le fil rouge de cette initiative à laquelle se sont pressées, en France, douze millions de personnes, malgré le temps pluvieux qui règnait sur l’Hexagone.Dans l’agglomération d’Autun (Saône-et-Loire), près d’une trentaine de rendez-vous était proposé.
Bien sûr, les vieilles pierres, l’architecture urbaine, les vestiges gallo-romains et moyenâgeux étaient au cœur de nombreuses visites. Mais, la dimension sociale et humaine n’avait pas été oubliée au fil de l’histoire industrielle de la cité. C’était le cas pour une découverte du quartier Saint-Andoche, mais aussi les cités minières de schistes bitumineux.
Au pied des crassiers de schiste
Ainsi, l’ancien site d’extraction des Télots a été l’objet de la curiosité des visiteurs conduit sur les pentes des crassiers par Dominique Chabard.
Dominique Chabard est conservateur du Muséum d’histoire naturelle d’Autun. Durant les Journées européennes du patrimoine, il animait une visite sur le site des Télots. En compagnie de l’historien Jean-Philippe Passaqui, ce naturaliste a fait découvrir un siècle d’aventure d’extraction du schiste bitumineux entre Bourgogne et Morvan.
Début de la découverte devant la salle des fêtes de Saint-Forgeot (Saône-et-Loire), au pied des deux crassiers de cette mine qui a déployé son activité pendant un siècle. Mais les racines profondes de ce terroir plongent dans l’histoire de la terre, il y 300 millions d’années avec la constitution de la chaîne hercynienne, que l’on retrouve au sud des Etats-Unis, et en France en Bretagne, dans les Vosges et le Massif Central.
De l’histoire géologique à l’histoire industrielle et humaine
Au côte de Dominique Chabard, on trouvait l’historien Jean-Philippe Passaqui. On ne pouvait en effet, parler des origines géologiques du schiste bitumineux, sans développer l’histoire de son extraction qui fut tissée par des générations de Bourguignons, dont beaucoup alliait leur activité ouvrière et leur métier paysan qu’elles conservaient.
Début du parcours par une exposé introductif de Jean-Philippe Passaqui qui se situe au début du 19e siècle, au moment où la société française modifiait son éclairage urbain et domestique..
Les Télots : des vestiges industriels au patrimoine naturel
Depuis la fermeture des mines de schistes des Télots, la nature a repris ses droits. Autour des anciens bâtiments industriels, les arbres et plantes de différentes natures ont conquis l’espace. Dans le même temps, 70 espèces de papillons, des amphibiens très divers, et des oiseaux en tous genres ont reconstitué une chaîne vitale qui avait disparu.
Dominique Chabard détaille la richesse de cette biodiversité naturelle.
Du bassin creusotin à l’agglomération autunoise
Jean-Philippe Passaqui est docteur en histoire. Il a soutenu il y a une quinzaine d’années une thèse sur l’histoire minière, au sens industriel et technique du terme, des établissements Schneider.
Bourguignon, il enseigne au lycée militaire d’Autun et a consacré plusieurs articles sur les mines de combustibles et les carburants.
Le travail des enfants
A Autun, qui était un site phare en matière d’extraction minière, on a employé près de 2000 personnes au plus fort de l’activité.
Ce site, qui vit se déployer le savoir-faire d’ingénieurs des mines de très haut-niveau, fut un refuge entre 1943 et 1944 pour les jeunes bourguignons qui refusaient de partir en Allemagne pour le Service du travail obligatoire (STO). Ici, on a employé des adultes mais aussi des enfants et adolescents, parfois au mépris de la règlementation sociale.
A l’issue de la visite sur le site des Télots, cet historien revient sur les atouts de ce site industriel, qui est passé du giron familial puis bancaire initial, au secteur pétrolier dont la société Antar et Péchelbronn furent des acteurs français.
Une découverte à poursuivre
Durant l’année, des visites du site industriel et humain des Télots sont organisées pour les classes. Une mallette pédagogique a d’ailleurs été mise en place qui permet de prolonger la découverte du site. Les particuliers peuvent aussi bénéficier de visites à la demande, pour peu qu’ils constituent un groupe.
De plus, au muséum d’Autun, Dominique Chabard pourra vous faire pénétrer les arcanes de la distillation du schiste bitumineux pour obtenir une huile particulière. Il vous expliquera aussi pourquoi la structure géologique du sol rend ici heureusement impossible l’extraction du gaz de schiste.
Renseignements : Dominique Chabard, Muséum d’histoire naturelle d’Autun : 14 rue Saint-Antoine – 03 85 52 09 15 et museum@grandautunoismorvan.fr