Par Jean-François Cullafroz-Dalla Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Samedi 26 mars 2022, famille et amis étaient réunis en l’église de la paroisse Sainte-Jeanne-d’Arc à Montchat pour dire un dernier au-revoir à Michel Béjat. Né dans ce quartier, il y a vécu jusqu’au 21 mars, dans sa 101e année. Il laisse le souvenir d’une belle personne, engagée
depuis son adolescence, au service des autres, de son quartier et de ses collègues de travail. Hommage et devoir de mémoire essentiel.
J’ai rencontré Michel Béjat à l’âge de 10 ans. Il militait avec mes parents au sein de l’Association syndicale des familles (CSF) et de Vacances et familles, qui permettaient aux couples et enfants des milieux populaires de bénéficier du bon air et de la campagne. Lafond (Rhône) en vallée d’Azergues, où je l’ai découvert, Sanilhac (Ardèche), Le Chazelet (Hautes-Alpes)… étaient quelques uns des lieux qu’avec une bande d’ami.e.s, il entretenait et accueillait l’été les familles.
A l’automne 2021, j’ai retrouvé Michel Béjat, et il nous avait rappelé quelques étapes d’un moment d’engagement partagé avec des amies en présence de sa fille Anne-Marie.
Son adolescence et celle de ses copains de quartier, entre Lyon et Villeurbanne, a été brisée par l’occupation allemande dans l’agglomération lyonnaise dès le 11 novembre 1942. Il avait terminé son apprentissage de tailleur-coupeur à l’École du vêtement (Société d’enseignement professionnel du Rhône).
En 1943, Michel a été contraint de partir travailler en Allemagne, au Service du travail obligatoire (STO) en Pologne, tout près du camp de concentration d’Auschwitz. Pendant ce temps-là, son ami Francis Chirat était fusillé par les nazis place Bellecour à Lyon comme militant de la Joc et résistant, diffuseur du journal clandestin Témoignage chrétien.
A la Libération, Michel Béjat n’est rentré qu’en 1945 en France, et une fois marié avec Marie-Antoinette à continuer à s’engager : Mouvement de libération du peuple, Action catholique ouvrière, et puis le syndicalisme : CFTC, puis CFDT qu’il a fondée au sein de l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu à Lyon.
Père de trois enfants Jean-Claude, Christiane et Anne-Marie, il accepte la mission de secrétaire général du syndicat des personnels des hôpitaux privés CFDT du Rhône. Dans cette responsabilité, il a souvent fréquenté les salles 12 et 13 de la Bourse du travail de Lyon. C’est là que Paule Nauche-Favrot l’a connu lorsqu’elle était permanente des hôpitaux publics. Elle raconte sa rencontre avec ce militant que fut Michel Béjat.
Né à Montchat, habitant de Sans-souci jusqu’à sa mort le 21 mars 2022, Michel Béjat s’est dépensé sans compter pour le bien-être de ses concitoyens. Roland Nantermet fait connaissance de Michel Béjat en 1982. L’ex-président du Comité d’intérêt local (CIL) du quartier raconte qui il était pour lui.
Au souvenir de Michel Béjat, il faut ajouter son action au sein de l’association Oasis pour l’insertion des jeunes, dont il était membre honoraire, mais aussi dans sa paroisse catholique, et autour du tram T3 Lyon-Meyzieu. Passionné d’histoire locale, il fut un des ardents promoteurs de la transformation de la ligne des Chemins de fer de l’Est lyonnais en tramway.
Salut Michel, merci pour le témoignage de vie que tu as légué… !