Par Jean-François Cullafroz-Dalla-Riva, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272, correspondant du Courrier (quotidien à Genève).
Comme chaque année, le marché aux vins d’Ampuis sera le lieu de visite dominical pour plus de 10 000 personnes. Ce 94e salon est en effet le lieu idéal pour se faire une idée sur les productions de 2021 et 2021 de Côte-Rôtie, Condrieu et autres vins de la Vallée du Rhône septentrionale, à base de cépages syrah, viognier, marsanne et autre roussanne… Rencontre avec des visiteurs-euses et des vignerons-ronnes.
Ampuis (Rhône) est une commune qui frise les 3 000 habitants. Ici la vigne est très présente, et en matière agricole, elle a supplanté l’arboriculture et ses abricots bergeron, et à même gagné certaines terres de la vallée où elle cohabite avec le maraichage.
Pour le traditionnel marché aux vins, 94e du nom, on vient de loin pour découvrir cépages et crus, ou pour tester les cuvées de près de 100 producteurs-trices représentant une centaine de domaines viticoles.
C’est le cas de Christiane venue de la région parisienne. Elle a accompagné son fils qui a fait sa provision pour lui-même et des ami.e.s.
François Bracoud habite Saint-Clair-du-Rhône, sur la rive gauche du fleuve, où il dispose de six hectares de vignes classées en IGP Collines rhodaniennes. Mais le point fort d’une exploitation qu’il a hérité de son père, ce sont les deux hectares de crus en appellations d’origines protégées (AOP) Côte-Rôtie et Condrieu, qu’il cultive sur la rive droite.
Avec le réchauffement climatique et la sécheresse estivale, sur son exploitation, les rendements sont limités (35 hectolitres à l’hectare) tandis que le degré alcoolique augmente.
Héritage et transmission
Ce viticulteur aurait pu faire carrière dans la mécanique générale, mais finalement s’est réorienté professionnellement, et a suivi des études au lycée viti-oeno de Beaune (Côte d’or).
Depuis deux ans, il a cédé la place à sa fille, qui apporte sa touche personnelle et féminine à la tradition familiale.
Tester des productions très différentes, découvrir des vignerons-onnes, leur faire parler de leur travail est une chose, mais apprendre à déguster est une approche complémentaire. Aussi, l’Office de tourisme de Vigne-Condrieu agglomération a mis en place des ateliers-dégustation.
Retour historique aux Romains puis aux moines du Moyen-Age…
Le premier jour du marché, vendredi 20 janvier 2023, vingt personnes étaient réunies autour de Florent Marcelin, référent viticulture, et Henri Baligand, chef-sommellier du restaurant viennois La Pyramide où officie le chef Patrick Henriroux.
Extrait de cette séance d’initiation à la mise en bouche et à la découverte des arômes, qui a débuté par une présentation géographique et historique du territoire par Florent Marcelin. Au temps des Romains, les vins de Vienne étaient les plus chers de l’Empire, et leur prix équivaudrait aujourd’hui à celui de la très bourguignonne Romanée-Conti.
… avant de plonger dans les arômes plus divers
Une présentation qui s’est poursuivie par la dégustation de différentes productions de Condrieu et de Cote rôtie. Et avec Hervé Baligand, on a commencé par les vins blanc à base de cépage viognier.
En la matière, les dégustateurs-trices ont bénéficier du savoir et de l’expérience d’un sommelier hors pair, qui après un parcours à Monaco, Londres et Lyon chez Paul Bocuse, a été primé nationalement en 2018, quand il a pris ses quartiers à Vienne.
Les visiteurs du Marché aux vins peuvent aussi prolonger leur dégustation samedi 21 et dimanche 22 janvier au Musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal.
Ana-Paula Delaval, médiatrice culturelle du musée, présente cette initiative qui participe de la mission de l’institution culturelle. Celle-ci cultive elle-même quelques pieds de vigne et après une vendange organise les Vinalia.
(à suivre)
Notre prochain article :
Marché aux vins d’Ampuis (3) : Et après le salon, le travail en cave et à la vigne