© Pierre Nouvelle
L’Élysée et Matignon sont à la peine, ne parvenant pas à vraiment définir un cap pour la politique économique puis de s’y tenir. Et pourtant, pour l’heure, c’est vers la droite que se tournent les regards. Analyse des événements récents par Daniel Navrot, directeur de la lettre hebdomadaire Prospective Rhône-Alpes Méditerranée (PRAM), dans l’éditorial n° 1070 daté du 23 novembre 2012.
D’une façon plus générale la nouvelle majorité présidentielle flotte et hésite sur la plupart des sujets sans d’ailleurs qu’il soit établi un ordre de priorité permettant de traiter en urgence certaines questions. De plus les socialistes eux mêmes en proie à des débats internes sont pris en tenaille entre un Front de gauche plus que jamais exigeant et de moins en moins membre de la majorité et Europe Écologie Les Verts dont le radicalisme environnementaliste et sociétal réduit de plus en plus les marges de manœuvre du gouvernement. Une réalité qui se décline dans un nombre croissant de collectivités territoriales. En d’autres termes un terrain idéal pour l’affirmation d’une opposition reconquérante. Mais nous sommes en France et le premier parti de cette opposition est victime d’une rechute, d’une terrible maladie, celle de la droite folle.
Quelques unes des analyses qui sont faites dans ce numéro (1) sont évidemment dépendantes de ce qu’il adviendra à l’UMP dans les jours et les mois à venir. En attendant, avec le refus copéiste d’une direction collégiale autour du maire de Bordeaux Alain Juppé, cette formation politique est définitivement entrée mercredi 21 novembre dans un état de crise dont on voit mal aujourd’hui comment elle pourra en sortir. Un jeudi noir qui s’est également traduit par l’audition par la justice et pur hasard, à Bordeaux de Nicolas Sarkozy, l’homme qui incarne le recours pour une majorité des militants UMP. En Rhône-Alpes, 16 parlementaires comptent parmi les 134 qui en appellent ainsi à une solution Juppé au moins provisoire . Mais en l’état rien ne semble pouvoir calmer les esprits tant les propos et réactions des uns et des autres sont empreints de haine.
Front national et UDI renforcés ?
Autant dire qu’il est bien difficile au milieu d’un tel imbroglio auto destructeur de se lancer dans quelques tentatives de prospective ni de savoir quels sont ceux qui finiront par tirer les marrons du feu. En dehors de l’UMP, il est cependant clair que le Front National et la nouvelle Union des Démocrates et indépendants (UDI) pourraient bien sortir renforcés de cette crise, le premier plutôt en récupérant des électeurs et le second plutôt des cadres ou des élus. Au sein de l’UMP on peut cependant constater qu’un homme se retrouve en position centrale. Il s’agit de Laurent Wauquiez dont nous avons très récemment entrepris de décrypter les différents scénarios de stratégies électorales territoriales qui pourraient concerner la région Rhône-Alpes (voir PRAM n°1067-1068). Soutien de François FIillon dont il aurait été le vice président dans la nouvelle équipe dirigeante de l ‘UMP, le député maire du Puy-en-Velay est effectivement au cœur de la problématique umpienne.
Sa déception a vite laissé la place à un étonnant retour de combativité. Il est vrai qu’il sort renforcé de ce congrès ô combien singulier, puisque sa motion de la « Droite Sociale » arrive avec ses 21,7% juste derrière celle de la « Droite Forte » et ses 27,8% tout en devançant la motion « France moderne et humaniste » qui espérait être le premier mouvement de l’UMP et doit se contenter de la 3ème place avec 18,1%. Le score de la « Droite Sociale » est une vraie surprise et fait de Laurent Wauquiez le seul grand soutien de François Fillon à être en mesure de constituer un mouvement interne à l’UMP. Rien de surprenant à ce que l’ancien Premier ministre lui ai rendu un hommage appuyé mardi matin à l’Assemblée nationale devant un parterre de parlementaires.
Daniel Navrot
(1) Pour s’abonner à Prospective Rhône-Alpes Méditerranée : i.r.e.s@wanadoo.fr et 04 78 37 25 99.