Reportage de Jean-François Cullafroz, journaliste professionnel honoraire, carte de presse 49272
La situation politique récente avec l’élection du candidat de la Droite et du Centre pour l’élection présidentielle n’est pas un bon présage pour la mémoire de mai-juin 68. Cette aversion pour cette période de notre histoire rejoint la critique organisée depuis longtemps par des intellectuels, dont nombre furent pourtant des militants d’extrême-gauche il y a cinquante ans. Il en est d’autres qui savent aujourd’hui encore rappeler ce qu’il y a eu de positif dans ce mouvement social et politique marquant du 20e siècle en France et dans le monde. Rencontre avec Bernard Comte, un ancien professeur d’histoire de l’université publique à Lyon, et Claude Mégevand, un ancien élève d’un collège catholique haut-savoyard.
Claude Mégevand était élève en classe de 6e au petit séminaire à Thonon-les-Bains. C’est là qu’il a vécu les mois de mai et juin 1968. Si les revendications des enfants de 11-12 ans étaient mineures, les plus grands du collège ont fait grève d’une façon plus déterminée. D’ailleurs, cet établissement religieux, dirigé par le Père René-Alexandre Dupanloup, qui deviendra plus tard évêque, a été fermé. D’ailleurs, certains de leurs professeurs, qui étaient prêtres étaient manifestement du côté de la contestation.
Un mouvement porteur d’avenir
Dans les années qui ont suivi, Claude Mégevand a enregistré des changements dans ce « bahut » qui a connu une forme de démocratisation. Pour lui, qui termine une carrière dans le monde de la banque et de l’assurance, c’est cette volonté d’expression qui lui apparaît rétrospectivement comme la plus marquante de ce printemps 68.
Président de la société d’histoire locale La Salévienne, une des plus importantes sociétés et académies historiques de Savoie, les mois de mai-juin 68 ont consacré une rupture sociale et sociologique avec la tradition. Il revient sur ces évènements qui ont marqué son adolescence il y a cinquante ans..
Du côté de la fac des lettres de Lyon
En mai 68, Bernard Comte enseignait l’histoire à la faculté de lettres à Lyon. Son syndicat, le Sgen-CFDT n’avait pas appelé à la grève à la différence du Snes/Sup.
Pourtant, Bernard suivait de près l’avancée du mouvement de contestation, grâce à une amie de son épouse Madeleine. Il s’agit de Suzette Rata, professeur de lycée, qui était membre du bureau de l’Union départementale CFDT du Rhône, au premier plan des grèves et au contact des étudiants de l’Agel-Unef et des militants politiques du PSU.
Alors, la façon de militer de Bernard Comte a été de faire le lien entre les jeunes enseignants, les assistants et leur doyen, et les plus anciens comme André Latreille. La condition sine qua non posée par les maîtres-assistants tournait autour d’une demande de liberté pour gérer la faculté.
C’est ce qui s’est passé dans la foulée de mai-juin 68 où l’université a entrepris un processus de démocratisation de sa gestion et dans la rénovation de la pédagogie de l’enseignement donné aux étudiants. Bernard Comte revient sur cette période et les années qui ont suivi.
La CFDT du Rhône et en Rhône-Alpes poursuit un travail de collecte mémorielle sur cette période et sur les luttes des années 70. Elle a organisé depuis 2013 quatre colloques dont le dernier s’est tenu le 25 novembre 2016. Chaque colloque qui réunissait une centaine d’acteurs syndicaux et d’universitaires a fait l’objet d’une publication d’actes.
Renseignements : 06 07 94 76 65
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