Par Jean-François Cullafroz, journaliste
Les prisons de Lyon vont bientôt disparaître du paysage lyonnais. Il ne subsistera que quelques pans de mur de ces lieux où la privation de liberté était de rigueur et la peine de mort fut pratiquée. Alors que les bulldozers démolissent et les grues contribuent à construire un nouveau lieu de vie, un livre vient rappeler à juste propos ce que fut l’histoire de la peine de mort entre Rhône et Saône. La Peine de mort à Lyon est un ouvrage de référence qui mérite plus que le détour.
Le journaliste Robert Vial a frappé un nouveau coup en dirigeant la rédaction du livre « La peine de mort à Lyon ». Cet ouvrage a réuni les écrits d’une quinzaine de personnes : prêtre, journalistes; avocats, responsables associatifs… Abolitionnistes convaincus, ils ont tous eu affaire de près avec la peine de mort. ils ont accompagné des détenus, dont certains furent exécutés, ou sont intervenus auprès des autorités pour faire supprimer la peine de mort, dont les candidats à l’élection présidentielle : Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand. On lira avec intérêt le fac similé de leurs réponses : favorable à la peine de mort pour le président Giscard d’Estaing, indécis en ce qui concerne Jacques Chirac, franchement opposé pour le président Mitterrand qui passa d’ailleurs aux actes dès son élection en 1981.
Cette parution s’inscrit dans le droit fil de l’action citoyenne entamée dans les années soixante à Lyon par le Cercle pour la liberté de la culture. C’est aussi la troisième parution publiée sous l’égide de l’Hospitalité d’Abraham; dont le Père Christian Delorme est une des chevilles ouvrières.
Abolir la peine de mort : une cause d’une cruciale actualité
Après l’émir Abdelkader et Martin Luther King, voici donc un parcours dans le monde lyonnais de la peine capitale, où après les supplices sous l’Ancien régime, vint la guillotine. Un de ces adeptes assidus le révolutionnaire Joseph Chalier en fut un des victimes après de nombreux royalistes qu’il avait réprimés. Avec le XIXe siècle, il y eût le cas de l’anarchiste Casério, puis au siècle suivant, les résistants fusillés sur jugement des cours spéciales de Vichy, puis des militants algériens du FLN auxquels le général De Gaulle n’accorda pas la grâce alors qu’en sous-main, il négociait avec les chefs de la résistance algérienne..
Si l’Europe a banni la peine de mort depuis 1983, nombre de pays ne sont pas encore dans ce cas, à l’aune de nombreux états des USA. On comprend donc alors l’intérêt du combat incessant que mène Robert Badinter, dans la foulée de l’abolition qu’il fit voter par l’Assemblée nationale française
Robert Vial, en bon connaisseur de l’histoire de Lyon, présente cet ouvrage de référence qu’il a coordonné. Entretien.
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Place à la vie
Après la mort, c’est la vie qui va renaître sur le site des prisons lyonnaises pour hommes. En 2015, l’Université catholique de Lyon ouvrira un nouveau site d’études. la trace des anciennes cellules sera conservée. Etudiants comme habitants des logements proposés par l’association habitat et humanisme traverseront ici au quotidien un lieu de mémoire.
La peine de mort à Lyon, Mémoire active, 20 €.